Baromètre politique Ipsos-Le Point : Marine Le Pen, grande gagnante de la crise politique ?

La vague d'avril du baromètre politique Ipsos-Le Point révèle que Marine Le Pen apparait comme la grande gagnante de la crise politique liée à la réforme des retraites, alors que la cote de l’exécutif continue de baisser et que les leaders de la gauche, à l’exception de Fabien Roussel, ne profitent pas de leur opposition à la réforme.

Auteur(s)
  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur Adjoint du département Politique et Opinion - Public Affairs
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La réforme des retraites et les nombreuses tensions sociales et politiques qui l’accompagnent, notamment depuis le passage du texte via l’article 49-3 de la Constitution, occupe toujours le centre de la vie politique. Dans ce contexte, la cote du président de la République enregistre une nouvelle baisse importante (-4 points) ce mois-ci, après une diminution déjà forte en mars (-6 points), pour se situer à 28% d’opinions favorables, soit le score le plus faible en 4 ans. L’hôte de l’Elysée atteint les niveaux records mesurés pour Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy au moment où ces derniers avaient atteint le niveau le plus bas de leur popularité.

La cote d’opinions défavorables d’Emmanuel Macron enregistre une hausse de 5 points pour se situer à 69%, soit une hausse de 11 points depuis le début de l’année, et de 20 points en deux ans. On observe surtout une hausse des avis très défavorables, qui passent de 35% à 46% en un mois, soit le niveau le plus haut observé depuis la crise des Gilets Jaunes. Cette hausse est particulièrement importante auprès des sympathisants de la France Insoumise et du PCF (67%, +4 points), du PS (45%, +14 points) et du RN (71%, +23 points). Emmanuel Macron conserve néanmoins le soutien des sympathisants de Renaissance (90% ont une opinion favorable de son action, +5 points) et dans une moindre mesure des Républicains (42%, +1 point).

Les baisses les plus fortes de la cote de popularité d’Emmanuel Macron sont mesurées auprès des jeunes (29% des jeunes de moins de 35 ans ont une bonne opinion de l’action du président, soit une baisse de 9 points), des ouvriers (18%, -7 points) et des habitants des communes rurales (19%, -12 points).

Elisabeth Borne n’est pas non plus épargnée, et voit sa cote atteindre son niveau le plus bas depuis son accession au poste de Première ministre pour se situer à 23% (-4 points), soit une baisse de 11 points en deux mois. A l’image d’Emmanuel Macron, sa cote d’opinion défavorables augmente (72%, +5 points) et notamment la part des personnes ayant une opinion très défavorable (47%, + 8 points). Cette forte hausse des opinions très défavorables est particulièrement importante auprès des sympathisants LFI et PCF (68%, +4 points), du PS (52%, +13 points) et du RN (70%, +14 points). 

La cote de popularité de la Première ministre est notamment en baisse auprès des jeunes (22% des moins de 35 ans ont une opinion favorable de son action, soit une baisse de 6 points en un mois) et des ouvriers (13%, -3 points).

A son plus haut niveau depuis son entrée dans le baromètre en 2007, Marine Le Pen apparait comme la gagnante de la crise liée à la réforme des retraites

La chef de file du Rassemblement National semble profiter de la crise politique actuelle, sa cote progressant de 4 points pour se situer à 39% d’opinions favorables, soit le plus haut niveau jamais enregistré pour Marine Le Pen. Elle ne se situe désormais plus qu’à un point de la tête du classement. Sa progression est particulièrement importante auprès des cadres supérieurs (40%, +15 points) et des ouvriers (54%, +9 points) mais aussi auprès des moins de 35 ans (38%, +8 points) et des habitants de l’agglomération parisienne (37%, +8 points).

Derrière Marine Le Pen, le président du RN Jordan Bardella voit aussi sa cote progresser de 4 points pour se situer à 30%, ce qui lui permet d’atteindre la quatrième place du classement. Sur les cinq personnalités ayant le plus d’opinions favorables, deux sont désormais membres du RN.

La baisse de popularité du président de la République et de la Première ministre n’impacte pas de manière significative celles des autres membres du gouvernement

Au centre, Edouard Philippe voit sa cote de popularité baisser. S’il demeure à la première place du classement, le maire du Havre enregistre une baisse de 4 points en un mois, pour se situer à 40% juste devant Marine Le Pen.

La plupart des membres du gouvernement voient leurs cotes rester stables, que ce soient Bruno Le Maire (31%, stable), Gérald Darmanin (27%, +1 point) ou encore Olivier Véran (27%, -1 point). Le rejet de la réforme des retraites semble donc avoir eu des conséquences pour la tête de l’exécutif et peu pour les membres du gouvernement.

Les leaders de la gauche ne profitent pas de leur opposition frontale à la réforme des retraites

En première ligne dans la lutte contre la réforme, la plupart des leaders de gauche voient leurs cotes stagner, et ne semblent pas profiter de cette crise sociale. Seule exception, Fabien Roussel enregistre une hausse de 4 points, pour se situer à 29% et atteint désormais la cinquième place, ce qui en fait le leader le mieux placé à gauche ! 

En revanche, les cotes des autres leaders stagnent. Jean-Luc Mélenchon se situe à 26% (stable), devant François Ruffin (22%, -1 point), Yannick Jadot (22%, stable) et Olivier Faure (17%, +1 point). Les leaders de la NUPES n’apparaissent donc pas aujourd’hui comme les gagnants de cette crise politique et sociale. 


Voir le baromètre de l'action politique Ipsos - Le Point depuis 1996

 


A propos de ce sondage

Enquête menée par Ipsos pour Le Point les 7 et 8 avril 2023 auprès de 1003 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Auteur(s)
  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur Adjoint du département Politique et Opinion - Public Affairs

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