Danemark : remontée du "non" au traité d'Amsterdam
Un dernier sondage montre qu'une proportion importante d'électeurs Danois n'a toujours pas décidé de son vote au référendum du 28 mai sur la ratification du traité d'Amsterdam. Et que le "non" progresse au détriment du "oui".
A la veille du scrutin, l'issue du référendum danois du 28 mai sur la ratification du traité d'Amsterdam devient incertaine. Le dernier sondage, réalisé les 24 et 25 mai et publié par le quotidien "Politiken", montre que le "oui" devrait l'emporter mais que le mouvement de la dernière phase de la campagne est favorable au "non". D'après cette enquête, 45% (contre 47% il y a deux semaines) des Danois ont l'intention d'approuver le traité européen et 35% (contre 31%) de s'opposer à sa ratification. Le suspense est alimenté par le pourcentage important (20%) d'électeurs qui n'ont pas encore fait leur choix quelques jours seulement avant le scrutin.
Le premier ministre social-démocrate, M. Rasmussen, n'a pas ménagé sa peine pour convaincre ses compatriotes, jusqu'au dernier moment, d'approuver le traité d'Amsterdam. Il est allé jusqu'à distribuer des roses aux passantes des rues commerçantes de Copenhague. Les femmes sont, en effet, particulièrement sceptiques sur les bienfaits de la construction européenne. Lors des référendums de 1992 et 1993 sur le traité de Maastricht, une majorité d'entre elles votèrent "non", dans des proportions beaucoup plus importantes que les hommes. Les Danoises voient fréquemment l'Union européenne comme une lointaine bureaucratie menaçante pour les acquis sociaux.
Seuls le Parti socialiste populaire d'extrême-gauche ainsi que le Parti du peuple danois d'extrême-droite font campagne en faveur du "non". Mais le camp du "oui" se rappelle de la mauvaise surprise de 1992. La victoire imprévue des opposants au traité de Maastricht, cette année-là, avait déstabilisé l'Union européenne. Au cours des trois derniers référendums européens qui se sont déroulés au Danemark, le "non" s'est renforcé dans la dernière ligne droite de la campagne. Et les sondages danois sont loin d'être infaillibles: aux dernières élections législatives de mars, ils laissaient prévoir une victoire de l'opposition de droite alors que la gauche l'emporta de justesse.
Un nouvau "non" du Danemark, envisagé comme possible par certains politologues, signerait sans doute l'éloignement de ce petit pays de cinq millions d'habitants de l'Union européenne. Le traité d'Amsterdam doit être adopté par l'ensemble des pays membres pour entrer en vigueur, mais l'hypothèse de sa renégociation semble hautement improbable.