Elections allemandes : le SPD largement en tête
L'ensemble des sondages donnent à l'opposition social-démocrate une très nette avance sur la majorité sortante du chancelier Kohl. Mais celui-ci ne s'avoue pas vaincu d'avance.
A cinq mois des élections générales du 27 septembre, tous les sondages font état d'une forte avance de l'opposition social-démocrate sur le parti du chancelier Helmut Kohl, au pouvoir depuis seize ans. La dernière enquête réalisée par l'institut de recherche Dimap (1113 personnes interrogées), publiée le 11 avril par le quotidien "Bild Zeitung", établit à 45% le score d'intentions de vote du SPD (parti social-démocrate). Celui-ci dominerait de dix points la coalition CDU-CSU gouvernante, créditée de seulement 35% des intentions de vote. Ce sondage crédite les Verts de 6% et les libéraux du FDP de 5%.
L'institut de sondages Emnid attribue, pour sa part, dans sa dernière enquête, 41% des intentions de vote au SPD, 35% à l'alliance CDU-CSU, 7% aux Verts et 6% au FDP. Les dirigeants sociaux-démocrates s'efforcent de ne pas se laisser griser par ces prometteuses enquêtes d'opinion. Franz Muentefering, le directeur de campagne du SPD, a récemment souligné que son parti ne relâcherait pas ses efforts pour remporter un scrutin qui n'est pas encore acquis. Il a d'ailleurs déclaré ne pas croire que son parti pourrait remporter, à l'automne, la majorité absolue des sièges au Bundestag.
De son côté, le chancelier Kohl ne s'avoue nullement vaincu d'avance. Il tente de reprendre l'offensive ou mettant l'accent sur l'inexpérience de son adversaire, Gerhard Schroeder, qui contraste avec la stature internationale qu'il s'est lui-même forgée. La majorité sortante n'en est pas moins handicapée par ses désaccords internes sur le programme qu'il convient de présenter aux électeurs.
Il est toutefois vraisemblable que la dynamique de la campagne conduira, comme c'est fréquemment le cas, à une diminution de l'écart entre les deux principales forces antagonistes. Le tout est de savoir si la CDU-CSU sera en mesure de renverser en sa faveur le rapport des forces.
Le votes des Allemands de l'Est jouera, à cet égard, un rôle important. Sur le plan électoral aussi, la réunification n'est pas totale. Le comportement des habitants de l'ancienne RDA se différencie toujours très sensiblement de celui des Allemands de l'Ouest. Dans l'ancienne "République Démocratique", la gauche semble promise à d'excellents résultats, selon un sondage effectué fin mars par l'institut de recherche de Leipzig auprès de 1000 électeurs de ce territoire et publié le 11 avril dans le quotidien "Leipziger Volkszeitung". Le SPD y est crédité de 49% des intentions de vote tandis que le parti post-communiste PDS, qui proclame sa rupture avec son passé marxiste, obtient 15% des intentions de vote. La CDU ne rassemblerait, à l'Est, que 24% des suffrages potentiels. Il est vrai que l'ex-RDA est particulièrement frappée par le chômage qui touche plus de 20% de la population active.
L'institut Dimap a enfin demandé aux Allemands quelle majorité gouvernementale aurait leur préférence en cas de victoire du SPD. L'hypothèse d'une "grande coalition" regroupant le SPD et la CDU-CSU recueille 35% des réponses, tandis que 31% préfèreraient une alliance SPD-Verts et seulement 22% un accord SPD-FDP. Les chances d'une "grande coalition" semblent pourtant très faibles. Les sociaux-démocrates ont affirmé qu'ils chercheraient d'abord à s'entendre avec les Verts, malgré la récente radicalisation de leur programme. Quant au chancelier Kohl, il a récemment exclu l'hypothèse d'une telle coalition.