Profil des abstentionnistes

Avec 51,5% de votants, on enregistre ce soir la plus forte participation pour des élections européennes depuis 30 ans (52,7% en 1994). Ce record ne doit toutefois pas occulter la petite moitié d'électeurs qui se sont abstenus (48,5%), et dont le profil a un peu changé par rapport aux derniers scrutins. Politiquement d'abord, avec moins d'abstention chez les électeurs d'extrême droite que chez les proches de la majorité présidentielle et sociologiquement ensuite, avec des écarts entre les différentes catégories socio-démographiques qui se sont réduits.

Nous enregistrons cette année le taux d'abstention le plus faible pour des élections européennes depuis 30 ans, mais tout de même près d'un électeur sur deux n'est pas allé voter. Leur profil est typé, avec surtout d'énormes disparités en termes d'âge : plus de 60% d'abstention chez les moins de 35 ans, pour seulement 29% chez les plus de 70 ans. A noter que l'échelle n'est pas aussi régulière que ce que l'on a l'habitude de mesurer scrutin après scrutin, avec les 18-24 ans qui se sont pour une fois un peu moins abstenus (60%) que les 25-34 ans (66%).

Le différentiel de mobilisation est beaucoup moins marqué en ce qui concerne la catégorie socio professionnelle, avec une proportion d'abstentionnistes chez les cadres (52%) devenue presque aussi forte qu'au sein des professions intermédiaires (54%) ou que chez les ouvriers (56%). Par le passé les différences étaient beaucoup plus nettes. On retrouve en revanche le poids de la variable âge sur le taux d'abstention des retraités, à seulement 32%.

Le niveau d'études n'est plus non plus très discriminant sur le taux de participation. On observe ainsi 46% d'abstention chez les non-bacheliers, 48% chez ceux qui se sont arrêtés au baccalauréat, 51% pour les bac+2 et 49% à partir de bac+3, on reste danss une fourchette de 5 points. Les différences ont été plus significatives par rapport au niveau de revenus : 46% d'abstention au sein des foyers bénéficiant de revenus mensuels nets supérieurs à 3 000€, mais 11 points de plus (57%) dans les foyers les moins aisés, à moins de 1 250€ mensuels.

Politiquement, seule 55% des électeurs d'Emmanuel Macron au premier tour de la Présidentielle 2022 ont voté aux Européennes, soit une moindre mobilisation que l'électorat de Marine Le Pen (60%), c'est inhabituel. Le différentiel de mobilisation est toutefois moins net quand on se réfère à la proximité politique des électeurs : en intégrant aux sympathisants Renaissance ceux du Modem et d'Horizons, 60% des proches de la majorité présidentielle ont pris part au scrutin, autant que les sympathisants RN (60%). L'extrême droite était tout de même globalement plus mobilisée, avec 73% de votants chez les sympathisants Reconquête, le meilleur score. A gauche, 61% des proches du Parti socialiste sont allés voter, mais seulement 51% des proches de la France insoumise et 52% des sympathisants Europe Écologie Les Verts.

Pour se justifier, les abstentionnistes évoquent en premier lieu le fait que "ces élections ne changeront rien à leur vie quotidienne" (42% de citations). En retrait, 28% déclarent avoir voulu "manifester leur mécontentement à l'égard des responsables politiques en général", 24% ne sont pas allé voter "parce qu'ils pensent que les députés européens n'ont pas beaucoup de capacité d'action pour améliorer la situation en Europe", 22% "parce qu'ils n'ont pas suffisamment d’informations sur ces élections", 17% "pour manifester leur mécontentement à l'égard de l'Union Européenne" et 6% "parce qu'ils ne votent jamais ou presque jamais".

Rapport complet

 

 

A propos de cette enquête

Enquête Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France24/RFI, Public Sénat/LCP Assemblée Nationale, menée du 6 au 7 juin 2024 auprès de 8 923 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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