70% des moins de 35 ans n'ont pas voté

Le Sondage Veille du Vote réalisé par Ipsos et Sopra Steria pour france•tv et radiofrance révèle le profil des abstentionnistes, détaillé selon une batterie de critères sociodémographiques et politiques. Si l'abstention passe du simple au double entre les seniors et les plus jeunes, elle est en revanche plus homogène selon les catégories professionnelles ou de revenus. La déculpabilisation sur le fait de ne pas aller voter a atteint les CSP+.

Ipsos | Législatives 2022 | Sondage | Intentions de vote

 

Le premier tour des élections législatives 2022 restera marqué par son niveau d'abstention record. Un électeur sur deux n'est pas allé voter, avec un "effet âge" particulièrement marqué. L'abstention a concerné jusqu'à 70% des moins de 35 ans et 56% des 35-59 ans, des taux jamais enregistrés pour ce type de scrutin. Plus contenue chez les seniors, un bon tiers des plus de 60 ans (35%) ne s'est tout de même pas déplacé, ce qui reste très élevé pour cette catégorie.

L'abstention a été en revanche plus homogène lorsqu'on s'intéresse à la catégorie socioprofessionnelle de l'électeur : près des deux tiers des employés / ouvriers ne sont pas allés voter, mais également près de 60% des professions intermédiaires et 53% des cadres. On est globalement à 60% d'abstention sur l'ensemble des actifs, pour 33% chez les retraités. On retrouve cette homogénéité sur l'ensemble du corps électoral en ce qui concerne la segmentation selon le niveau de diplôme, avec au moins 50% d'abstention dans chaque catégorie, ou selon la catégorie d'agglomération, avec encore environ 50% d'abstention des zones rurales aux grandes villes.

Les différences de mobilisation en fonction du niveau de revenu sont un peu plus marquées, avec quatorze points d'écart entre le taux d'abstention des plus modestes (61%) et des plus aisés (47%). Là encore toutefois les différences sont moins nettes qu'il y a quelques années, le reflexe abstentionniste - ou la déculpabilisation - s'étant diffusé par capillarité à l'ensemble de la population. Sur les critères plus qualitatifs relatifs au milieu social auto-déclaré, on mesure 53% d'abstention au sein des classes populaires et moyennes inférieures, mais presque autant au sein des classes moyennes supérieures ou aisées (49%). Idem par rapport à la situation financière, avec une abstention finalement assez proche entre ceux qui "vivent sur leurs économies ou grâce au crédit" (56%), ceux qui "bouclent juste leur budget" (54%), ou ceux qui "arrivent à mettre de l'argent de côté" (50%).

En termes de proximité politique, le différentiel de mobilisation a été important, et favorable à la majorité présidentielle, en lien avec la meilleure participation des plus âgés. Ainsi la moitié des sympathisants de gauche (49%) ou du Rassemblement National (48%) ne se sont pas rendus aux urnes, pour "seulement" 38% des sympathisants LR-UDI et 39% des sympathisants LREM. De même, la moitié de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon (50%) et de Marine Le Pen (52%) au premier tour de la Présidentielle ne s'est pas déplacé, pour 39% de l'électorat premier tour d'Emmanuel Macron. Cette différence pourrait s'avérer décisive dimanche prochain, dans la quête de la majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Législatives 2022 - séparateur

Fiche technique : sondage mené par Ipsos et son partenaire Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France du 8 au 11 juin 2022. 4000 personnes interrogées, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus.

Ipsos | Législatives 2022 | Sopra Steria | Élections

 

Téléchargement