Les Français se plaignent de la pression fiscale

L'idée que les impôts augmentent sans cesse et sont plus élevés en France qu'ailleurs est largement répandue. L'enquête Ipsos-le Point révèle aussi qu'une majorité de sondés privilégient la baisse de la pression fiscale sur le maintien de la qualité des services de l'Etat.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Le vent de la révolte fiscale souffle apparemment fort en France. En cette fin d'été où le calendrier médiatique a été marqué par le thème d'une prochaine baisse des impôts, les poids des prélèvements obligatoires est particulièrement ressenti par l'opinion. L'enquête Ipsos-le Point indique que les trois-quarts des personnes interrogées estiment que le "niveau des impôts et taxes en France aujourd'hui" est "plus élevé" que chez "nos principaux voisins européens". Statistiquement inexacte, cette opinion est largement majoritaire à la fois chez ceux qui s'acquittent de l'impôt sur le revenu et chez ceux qui en sont dispensés.

L'idée, véhiculée par certains médias même si elle ne touche réellement qu'une minorité de la population française, que le charge fiscale s'est alourdie par rapport à ce qu'elle était "l'année dernière" recueille, dans un même mouvement, un assentiment largement majoritaire. La détresse fiscale ambiante est telle qu'une majorité relative de sondés se situe dans la perspective fataliste d'une augmentation persistante des prélèvements "en l'an 2000".

La "réforme fiscale" a longtemps été un des slogans favoris de la gauche française. Deux ans après son retour au pouvoir, son bilan en ce domaine est pourtant sévèrement jugé. Non seulement le gouvernement Jospin n'a pas bouleversé dans le sens de l'équité le système fiscal, mais une majorité relative (47% contre 31%) de sondés pensent que "le système d'impôts en France est devenu moins juste et moins bien réparti entre les Français".

Le puissant mouvement d'opinion anti-fiscaliste semble d'abord lié à une piètre considération pour l'utilisation, par l'Etat, de l'argent public. Plus des deux tiers de Français (en augmentation de cinq points par rapport à 1994) estiment que le fruit des impôts est "mal employé". Mais cette évolution renvoie aussi, et peut-être surtout, à une nouvelle perception des rapports entre les individus et la société. Une majorité absolue (51%) adhère à l'opinion selon laquelle "il faut baisser les impôts à tout prix même si cela doit remettre en cause le niveau et la qualité des prestations et services de l'Etat". Cette opinion authentiquement "libérale" est même majoritaire chez les ménages les moins favorisés qui ne payent pas l'impôt sur le revenu. Seuls les professions intermédiaires et les employés privilégient – de peu – le maintien des "services de l'Etat" en contrepartie d'une stabilité fiscale. L'option "défiscaliste" est, à l'inverse, majoritaire chez les agriculteurs (68%), les professions indépendantes (59%), mais aussi les ouvriers (61%). La popularité d'une "baisse des impôts à tout prix" est aussi répandue chez les revenus modestes que parmi les privilégiés… Le thème d'une réduction des prélèvements étatiques – dont il est souhait qu'il concerne prioritairement l'IRPP, la TVA ou la taxe sur l'essence – a un impact qui dépasse certains clivages traditionnels.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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