Les Strasbourgeois défendent leur capitale
Au-delà de leur fort attachement à l’Europe, que l’on pourrait estimer assez logique au vu du rôle joué aujourd’hui par les institutions européennes à Strasbourg, l’enquête IPSOS-SPE montre l’existence d’une réelle identité européenne chez les Strasbourgeois. Ils tiennent fermement à l'avenir européen de leur ville.
L'appartenance européenne, un sentiment identitaire fortement ancré dans la conscience des Strasbourgeois…
Au-delà d'un fort attachement des Strasbourgeois à l'Europe, que l'on pourrait somme toute estimer assez logique au vu du rôle aujourd'hui joué par les institutions européennes au sein de leur ville, l'enquête IPSOS laisse apparaître l'existence d'une réelle identité européenne des personnes interrogées. Ainsi, même s'ils se considèrent comme étant d'abord Français (55%) et dans une moindre mesure Européens (24%) ou Alsaciens (20%), ils estiment toutefois majoritairement que Strasbourg est avant tout une ville européenne (51%), loin devant une ville alsacienne (30%) ou française (18%).
Les Strasbourgeois ressentent aujourd'hui un lien très fort vis-à-vis de l'Union Européenne qui va très certainement au-delà du simple attachement. Il s'agit ici de l'expression de ce qui ressemble à un véritable sentiment identitaire : 87% d'entre eux considèrent qu'elle représente quelque chose d'important pour eux. 44% considèrent même qu'elle est très importante pour eux. Mieux, on note que l'expression de ce sentiment est inter-générationnelle, elle est aussi bien le fait des plus jeunes que des plus âgés (91% des moins de 35 ans et 84% des plus de 35 ans), des habitants les plus récents (96%) comme des plus anciens (84%). A l'opposé, rares sont les habitants qui n'éprouvent pas la force de ce lien (seulement 12%).
Défendre l'Union Européenne, une mission pour la ville de Strasbourg ?
Forts de leur sentiment vis-à-vis de l'Union Européenne, près de 9 Strasbourgeois sur 10 considèrent que leurs concitoyens, Français et Européens, sont aujourd'hui insuffisamment informés sur les enjeux de l'UE (87 %) tandis que seulement 13 % soutiennent l'opinion selon laquelle ils bénéficieraient d'un niveau suffisant d'information. Ceci explique très certainement pour une part que dans leur très grande majorité, les habitants interrogés se montrent aujourd'hui favorables à l'aménagement ou à la réalisation, à Strasbourg, d'un lieu destiné au public et aux touristes, affirmant la vocation européenne de la ville (88%). D'ailleurs, pour la plupart, cette œuvre devrait avoir une vocation didactique et pédagogique. Ainsi, 39% d'entre eux souhaiteraient que le projet prenne la forme d'une maison où les citoyens européens pourraient s'informer et mieux comprendre les enjeux et avantages de l'Union Européenne et le projet pour l'avenir. Juste derrière, 32% préféreraient voir réaliser une maison dédiée à la connaissance et à la compréhension des différentes cultures européennes. Pour la majorité, le lieu devrait donc être orienté sur la pédagogie, l'avenir et la défense de l'Union Européenne, et non pas sur les loisirs (via la réalisation d'un parc d'attraction, citée par 19%) ou sur l'histoire et le passé (via la création d'un musée de l'histoire de la construction européenne, citée par 8% ou la mise en place d'un monument, une stèle, une œuvre commémorant l'Union Européenne, citée par 2%).
Des Strasbourgeois très attachés à la présence des institutions européennes au sein de leur ville
Compte tenu de l'identité européenne de la ville et du sentiment de proximité aujourd'hui ressenti, le très fort attachement des habitants au maintien des institutions européennes sur le sol alsacien est peu surprenant. Il est massif (83%) et concerne là encore l'ensemble de la population, quel que soit l'âge, le sexe ou l'ancienneté de résidence dans la ville. Seulement 16% des habitants interrogés ne se disent pas attachés à cette présence.
Figure emblématique, le Parlement est aujourd'hui perçu comme l'institution la plus représentative de la vocation européenne de Strasbourg (cité en premier par 48% des interviewés), loin devant le Conseil de l'Europe (25%), la Cour Européenne des Droits de l'Homme (24%) et surtout l'Eurocorps (cité en premier par seulement 3%).
Les Strasbourgeois n'expriment pas seulement un très fort attachement à la localisation des institutions européennes sur leur sol.
Ils défendent aussi majoritairement cette présence en estimant qu'il faut conserver une partie des Institutions Européennes à Strasbourg parce que l'Union Européenne s'est bâtie à partir de la réconciliation franco-allemande et que cette ville en est le symbole (83%), tandis que 14% pensent qu'il faut les regrouper à Bruxelles parce que cette ville est facilement accessible et que le fonctionnement des Institutions sera plus efficace. Logiquement, ils défendent beaucoup plus fortement cette idée que l'ensemble des Français auxquels la même question avait été posée en juin dernier et qui se montraient alors beaucoup plus partagés. 46% des interviewés se prononçaient alors pour un maintien des institutions à Strasbourg tandis que 45% légitimaient un regroupement à Bruxelles.
Au-delà de ces arguments historiques, la grande majorité des Strasbourgeois est aussi intimement persuadée que leur ville a les atouts nécessaires pour rester l'une des capitales européennes (78%). Parmi eux, 43% sont même tout à fait d'accord avec cette affirmation. Dès lors, on comprend mieux à quel point un départ des institutions pourrait être mal vécu.
Des Strasbourgeois à l'optimisme mesuré quant à l'avenir européen de leur ville…
Quand on les interroge sur l'avenir de Strasbourg en tant que capitale européenne, deux tiers des Strasbourgeois se déclarent optimistes.
Toutefois, au-delà des résultats d'ensemble, cette question laisse apparaître un optimisme plus mesuré. En effet, 60 % d'entre eux se révèlent plutôt optimistes alors que seulement 6% manifestent un très fort optimisme (très optimiste).
De manière générale, l'optimisme est particulièrement le fait des jeunes âgés de moins de 25 ans ainsi que des ouvriers, des employés et des personnes les plus attachées à l'idée européenne.
Cependant, même si (on l'a vu précédemment) les Strasbourgeois manifestent massivement leur attachement à la vocation européenne de leur ville et considèrent qu'elle doit, à ce titre, conserver une partie des institutions européennes, un tiers d'entre eux éprouve pourtant un certain pessimisme quant à son avenir.
Ce résultat illustre le fait que pour une part non négligeable de la population (et notamment les personnes estimant que Strasbourg n'a pas les atouts nécessaires), l'avenir européen n'est pas aussi assuré qu'on pourrait le penser. Cette crainte exprimée par certains illustre aussi la notoriété de la polémique, vieille de plusieurs années, au sujet du regroupement de toutes les activités de Parlement européen en un seul lieu, c'est-à-dire à Bruxelles.
… et qui souhaitent que le rôle de Strasbourg en tant que capitale européenne se renforce.
Logiquement, trois quarts des Strasbourgeois souhaitent que le rôle européen de la ville, dans les années à venir, se renforce. Si ce souhait est la conséquence logique de leur attachement à la vocation européenne de Strasbourg, il souligne là encore les craintes diffuses qui peuvent s'exprimer au sujet de l'avenir. Renforcer le rôle de Strasbourg apparaît ainsi certainement comme le moyen de conjurer le scénario catastrophe que pourrait signifier un départ des institutions européennes de la ville. A ce titre, ce sont les personnes pessimistes quant à son avenir européen qui soulignent le plus la nécessité de renforcer la place de Strasbourg.
Des points forts qui se déclinent essentiellement autour de la situation géographique et symbolique de Strasbourg.
Si Strasbourg a indéniablement des atouts pour demeurer l'une des capitales européennes, ses points forts renvoient principalement à sa position géographique, au centre de l'Union européenne élargie (47 %), et à la valeur symbolique qu'on lui accorde, en ce qui concerne la réconciliation franco-allemande (44 %), point sur lequel insistent particulièrement les personnes de plus de 60 ans. Ces dimensions de Strasbourg sont en effet les deux principaux points forts de la ville de l'avis des Strasbourgeois. A ces deux aspects de la ville, s'ajoute un troisième argument de poids : la ville dispose d'une forte vocation européenne en hébergeant déjà des institutions et des organisations européennes (41 %).
Les autres atouts proposés, principalement d'ordre culturel, ne sont que beaucoup moins cités. C'est notamment le cas de sa tradition d'ouverture et d'humanisme (19 %), de son histoire et de sa culture rhénanes (18 %). Enfin, le fait que la ville soit à taille humaine, qu'elle appartienne à un pays majeur de l'Union Européenne et qu'elle ne soit pas une capitale d'Etat ne sont que très peu repris par les Strasbourgeois.
Le point faible des transports
Mais ces atouts que Strasbourg peut faire valoir sont contrebalancés par un handicap de poids : pour près de trois Strasbourgeois sur quatre, les carences en matière de transports et de desserte (avions, trains) constituent un point faible. Ce constat est particulièrement marqué auprès des cadres et des professions intermédiaires.
Loin derrière, les autres points faibles avancés concernent surtout des manques dont souffre Strasbourg par rapport à de très grandes villes. Le manque d'infrastructures d'accueil et de loisirs, la force d'attraction plus grande de Bruxelles, sa taille trop modeste ainsi que l'absence de services permanents opérationnels constituent ainsi, quoique dans une moindre mesure, des points faibles.
Un départ du Parlement européen qui nuirait fortement à la ville…
Les Strasbourgeois sont quasiment unanimes (92 %) à considérer que si le Parlement européen quittait totalement Strasbourg et n'y siégeait plus, les conséquences pour la ville serait plutôt mauvaises (50 %) voire très mauvaises (42 %).
Le fait que plus de 4 habitants sur 10 qualifient ces conséquences de très mauvaises illustre à nouveau l'attachement qu'ils ont témoigné tout au long de cette enquête à la vocation européenne de leur ville mais aussi les avantages induits par la présence du Parlement européen.
Ainsi, plus spécifiquement, un départ du Parlement européen et des institutions liées aurait des conséquences défavorables (de l'avis de plus de 80 % des personnes interrogées) et souvent très défavorables, tant en ce qui concerne l'économie et l'emploi que la notoriété, l'image et le rayonnement de la ville et sa dimension culturelle.
Enfin, la vie des Strasbourgeois serait également affectée par un départ des institutions, quoique de façon un peu plus mesurée que pour les aspects précédents : 61 % d'entre eux considèrent en effet que la vie y serait moins agréable (45 % un peu moins agréable et 16 % beaucoup moins agréable), ce sentiment étant par ailleurs plus largement répandu auprès des Strasbourgeois âgés de moins de 35 ans.