Présidentielle 2022 | 60% des Français pensent "qu'il y a trop d'étrangers aujourd'hui en France"

A 3 semaines du premier tour Ipsos-Sopra Steria dévoile une nouvelle enquêtes de sa série sur les grandes thématiques de campagne. Quel est le rapport des électeurs à la question de l'immigration ? Quel est l'impact de la crise ukrainienne sur leurs perceptions ? Font-ils confiance aux candidats déclarés pour y faire face ? Nous avons interrogé les Français pour France Télévisions.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs
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Présidentielle 2022 - Les enquêtes thématiques

 

L'immigration est un sujet d'inquiétude pour les Français

Une majorité de Français se disent inquiets au sujet de l’immigration, non seulement pour eux (57%, dont 24% très inquiets) mais surtout pour le pays (71%, dont 33% très inquiets). Cette inquiétude, si elle est partagée par toutes les catégories d’âge, l’est surtout par les personnes âgées de 60 ans et plus (77% sont inquiets pour le pays).

L’inquiétude suscitée par l’immigration peut porter sur des sujets variés. En effet, quand on interroge les Français sur les enjeux qu’ils associent à l’immigration, on remarque une variété importante de réponses. Le sujet de l’islamisme radical (cité par 43%) est celui qui se démarque le plus, tandis que la plupart des autres sujets sont cités dans des proportions équivalentes, que ce soient l’immigration clandestine (36%), le coût économique de l’immigration (36%), l’insécurité (34%) ou encore l’intégration de personnes d’origine étrangère (33%). Seul l’enjeu des demandeurs d’asile est peu cité (13%).

Le sujet de l’islamisme radical est particulièrement cité par les personnes les plus âgés (56% chez les 60 ans et plus) tandis que les plus jeunes pointent avant tout le coût économique de l’immigration (42% des moins de 35 ans).

Les Français sont néanmoins partagés quant à leur perception de l'immigration

Majoritairement inquiets, les Français ont aussi le sentiment qu’il y a trop d’étrangers aujourd’hui en France (60% pensent que c’est le cas). Néanmoins, cette inquiétude et ce sentiment d’une trop grande présence des étrangers ne signifie pas pour autant que les Français voient en l’immigration la cause principale de tous les problèmes ou presque en France (72% pensent que ce n’est pas le cas).

Sur la plupart des sujets liés à l’immigration, les Français se montrent en réalité plutôt partagés. Une courte majorité (53%) considère que les immigrés ne font pas assez d’effort pour s’intégrer. A l’inverse, une proportion équivalente (53%) voit en l’immigration une source d’enrichissement culturel et considèrent que les enfants d’immigrés, nés en France, sont des Français comme les autres. Les Français reconnaissent même à l’immigration un caractère indispensable dans de nombreux métiers où l’on manque de main d’œuvre (60% estiment que c’est le cas).

L’inquiétude suscitée par l’immigration ne signifie donc pas un rejet complet mais plutôt une perception partagée. Conséquence, lorsqu’on interroge les Français sur la politique à tenir dans les années à venir, un sur deux souhaite la recherche d’un équilibre entre humanité et fermeté, les autres tendant à privilégier plus la fermeté (33%) que l’humanitaire (17%).

Autre sujet important des questions d’immigration, le maintien du regroupement familial divise également les Français, une courte majorité (54%) souhaitant son maintien.

Sur tous ces aspects on observe une différence nette selon la proximité politique. Si les résultats peuvent varier selon les sujets, on remarque que les sympathisants des partis de gauche et de la République en Marche adoptent le plus souvent une position commune, plutôt favorable à l’immigration. A l’inverse les sympathisants de droite se montrent plus hostiles, notamment ceux du RN et de Reconquête.

Par exemple, sur la question de l’apport à la culture française des immigrés, on voit que les sympathisants de gauche ont clairement le sentiment que les immigrés sont une source d’enrichissement culturel (77% des sympathisants de la France Insoumise, 82% de ceux du PS et 75% de ceux d’EELV), un constat partagé par les sympathisants de la République en Marche (70%). A l’inverse, les sympathisants des partis de droite ont le sentiment que les immigrés sont une menace pour la culture française (60% pour les sympathisants des Républicains, 87% pour ceux du RN et 89% pour ceux de Reconquête). Le clivage sur l’immigration semble donc s’opérer entre d’un côté les partis de gauche et la République en Marche et de l’autre les partis de droite.

Sur la question du regroupement familial, on retrouve aussi ce clivage. Les sympathisants de gauche et de la République en Marche se montrent clairement favorables au maintien de ce dispositif (88% pour ceux de LFI, 79% pour ceux du PS, 71% pour ceux d’EELV et 65% pour ceux de LREM) tandis que les sympathisants de droite sont très peu nombreux à souhaiter son maintien (35% pour ceux de LR, 19% pour ceux du RN et 20% pour ceux de Reconquête).

L'accueil des réfugiés ukrainiens fait l'objet d'un quasi-consensus chez les Français

Devenue un des principaux sujets de préoccupation des Français, la guerre en Ukraine a aussi ouvert le débat sur l’accueil par la France de réfugiés ukrainiens. A cette question, les Français répondent clairement de manière favorable : 83% sont pour l’accueil, dont 35% qui y sont tout à fait favorable. Cette position est partagée par les sympathisants des différentes forces politiques à gauche, au centre mais aussi à droite et à l’extrême droite, même si ces derniers sont un peu plus partagés. 66% des sympathisants du RN et 55% des sympathisants de Reconquête y sont cependant favorables.

Des candidats qui ne sont pas perçus comme crédible sur ce sujet, alors que la place de l'immigration dans la campagne fait débat

L’immigration a occupé une place importante dans le débat politique au cours des premières semaines de campagne, mais le conflit en Ukraine a centré le débat sur d’autres sujets. La place actuelle de l’immigration dans la campagne divise les Français. 30% considèrent que les médias et les candidats en parlent trop, 33% qu’ils n’en parlent pas assez et 37% qu’ils en parlent comme il faut. On voit donc que les Français sont très partagés sur cette question.

L’orientation politique a encore une fois un impact important sur cette perception. Les sympathisants de la France Insoumise sont 60% à estimer que les médias et les candidats en parle trop tandis qu’à l’extrême droite, 49% des sympathisants RN et 77% des sympathisants de Reconquête considèrent qu’ils n’en parlent pas assez.

Sur la perception des candidats, on constate en premier lieu qu’aucun candidat ne suscite la confiance d’une majorité de Français. Pour chaque candidat, la part des Français qui ne leur font pas confiance est supérieure à celle de ceux qui leur font confiance.

Néanmoins, comme pour d’autres thématiques, on observe que les candidats qui parlent le plus de ce sujet s’en sortent le mieux. Marine Le Pen est celle qui suscite le plus de confiance (38%) tandis qu’Eric Zemmour arrive en troisième position (29%). On constate aussi qu’Emmanuel Macron, s’il n’est pas le candidat suscitant le plus confiance, arrive en deuxième position, avec 33% des Français qui lui font confiance en matière d’immigration.

Retrouvez notre dossier spécial Présidentielle 2022

Présidentielle 2022 - séparateur

 Fiche technique : enquête Ipsos-Sopra Steria menée pour France Télévisions auprès de 994 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogées en ligne les 11 et 12 mars 2022.

 

Ipsos-Sopra Steria | Présidentielle 2022
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  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs