Présidentielle 2022 | Les candidats peinent à convaincre sur la question de l'environnement
A l'approche du scrutin, Ipsos-Sopra Steria continue sa série d'enquêtes sur les grandes thématiques de campagne. Quel est le rapport des électeurs à la question environnementale ? Font-ils confiance aux candidats déclarés pour y faire face ? Nous avons interrogé les Français pour France Télévisions.

L’environnement, un sujet d’inquiétude pour un grand nombre de Français...
Alors que le sujet de l’environnement n’est pas très présent dans la campagne électorale, il reste un sujet d’inquiétude chez une grande partie des Français. 80% d’entre eux se disent inquiets de la protection de l’environnement et du changement climatique, un quart (25%) étant même très inquiet.
Cette inquiétude est particulièrement forte chez les jeunes : 92% des moins de 35 ans se disent inquiets, dont près d’un sur quatre (39%) qui se déclarent très inquiets. On observe également un clivage droite-gauche sur cette question. Si les sympathisants de l’ensemble des forces politiques sont majoritairement inquiets, c’est particulièrement le cas à gauche (97% des sympathisants EELV sont inquiets, dont 49% très inquiets) alors que ce sentiment est plus faible à droite, et surtout à l’extrême droite (62% des sympathisants de reconquête sont inquiets, dont 15% seulement très inquiet).
...mais qui n’est pas nécessairement la première des priorités
L’arbitrage entre urgence environnementale et situation économique et sociale est un sujet clivant, et ce malgré l’inquiétude partagée sur l’environnement. Une courte majorité de Français (55%) considère qu’il faut prioriser la situation économique et sociale, quitte à mettre la question environnementale au second plan pour le moment.
Encore une fois, les plus jeunes sont les plus convaincus par l’urgence environnementale, 53% estimant qu’il faut prendre des mesures rapides et énergiques face à l’urgence environnementale, alors que seuls 40% des 60 ans et plus pensent la même chose.
Si à droite la nécessité de prioriser la situation économique et sociale fait consensus (78% des sympathisants Reconquête et 71% des sympathisants LR partagent ce point de vue), à gauche cela est sujet à débat. Auprès des sympathisants d’EELV et de la France Insoumise, la priorité est acquise à l’urgence environnementale (respectivement 79% et 61%) tandis qu’auprès des sympathisants PS c’est plutôt la situation économique et sociale qui semble la plus prioritaire (57%).
Une préférence affichée pour les énergies renouvelables
Concernant les différentes sources d’énergie, les Français affichent une préférence pour un recours aux énergies renouvelables dans les années à venir. Le solaire (91% pensent qu’il est souhaitable d’en faire une source d’énergie majeure, dont 50% pour qui ce serait facile à faire), l’hydro-électricité (92%, dont 45%) et la biomasse (87%, dont 44%) semble les solutions les plus privilégiées.
L’éolien convainc aussi une majorité (71%, dont 31% pour qui ce serait facile) mais semble faire l’objet de plus de débats. Quand on interroge précisément les Français sur la possibilité de construire davantage d’éoliennes, ces derniers se montrent très divisés (49% y sont favorables tandis que 51% préféreraient arrêter cette construction). Si les sympathisants des différents partis de gauche sont majoritairement favorables à la construction de davantage d’éoliennes, ceux des Républicains et surtout de Reconquête souhaiteraient plutôt qu’on arrête de construire des éoliennes (respectivement 66% et 83%) tandis que les militants du RN se montrent très divisés (52% sont favorables à l’arrêt de la construction d’éoliennes).
Autre énergie sujette à débat, le nucléaire pourrait être une source d’énergie majeure dans les années à venir pour une majorité de répondants (65%, dont 40 pour qui ce serait facile). Là encore, la question du nucléaire divise les Français. Une majorité (55%) souhaite la relance de l’énergie nucléaire en
France, une position particulièrement populaire auprès des sympathisants de droite et du centre (83% des sympathisants Reconquête, 78% des sympathisants LR et 66% des sympathisants LREM y sont favorables) alors que les sympathisants de gauche opteraient plutôt pour une sortie progressive (80% pour les sympathisants EELV et 63% pour les sympathisants LFI). Il est intéressant de noter que les sympathisants PS et RN sont quant à eux davantage divisés, même si légèrement favorables à la relance du programme nucléaire (respectivement 55% et 52%).
Enfin, les énergies fossiles n’apparaissent pas comme des énergies d’avenir. Si 58% des Français considèrent souhaitable de faire du gaz naturel une source d’énergie majeure, seuls 19% considèrent que ce serait facile. Le constat est encore plus sévère pour le pétrole (37%, dont 11% pour qui ce serait facile).
La perception du pétrole comme d’une énergie pas souhaitable pour l’avenir ne signifie pas qu’à court terme les Français souhaitent la fin de son utilisation, notamment comme carburant. En effet, interrogés sur la possible interdiction de vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035, la majorité d’entre eux se déclarent hostiles à cette possibilité (71%), les voitures électriques paraissant encore trop chères et pas assez efficaces. Une position particulièrement partagée chez les sympathisants de droite (92% pour les sympathisants LR et 78% pour les sympathisants RN et Reconquête) mais qui suscite en revanche plus de débat chez les jeunes (43% sont favorables à cette interdiction).
La défense de l’environnement, une idée ni de droite ni de gauche et sur laquelle les candidats suscitent peu de confiance.
La défense de l’environnement et de la nature est perçue par les trois quarts des Français (75%) comme relevant ni de la gauche ni de la droite. Si un plus grand nombre considèrent que c’est une idée de gauche (19%) plutôt que de droite (6%), on voit bien que les Français estiment qu’elle n’est pas l’apanage d’un camp.
Dans ce contexte, les candidats de gauche ou de droite ne se démarquent pas particulièrement, dans la confiance qu’ils suscitent chez les Français à ce sujet. Pour tous les candidats, la part des Français qui ne leur fait pas confiance est plus importante que celle des Français leur faisant confiance.
Parmi les différents candidats, Yannick Jadot, dont l’écologie est le thème central de l’engagement et de la candidature, suscite le plus de confiance (34%) devant Emmanuel Macron (32%), Jean-Luc Mélenchon (24%) et Valérie Pécresse (24%). Fabien Roussel (18%) et Eric Zemmour (16%) sont quant à eux les candidats suscitant le moins de confiance.
Retrouvez notre dossier spécial Présidentielle 2022

Fiche technique : enquête Ipsos-Sopra Steria menée pour France Télévisions auprès de 990 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogées en ligne les 25 au 26 février 2022.

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