Comprendre le vote des Français
Si le niveau d'abstention reste le fait marquant du 1er tour des Régionales, un tiers des Français sont tout de même allés voter. L'enquête réalisée par Ipsos / Sopra Steria pour France TV et radiofrance analyse en détail les déterminants de leur vote : climat local et national, perception des enjeux du scrutin, motivations du vote. Elle s'intéresse aussi au "front républicain", toujours d'actualité pour la majorité des électeurs, et aux stratégies d'alliances pour le second tour.
C'est en s'inquiétant du niveau de délinquance dans leur région que de nombreux Français sont allés voter ce dimanche. Citée par 40% des électeurs au niveau national, et plus encore en Ile-de-France et en PACA, "la délinquance" est de loin la première préoccupation des Français pour leur région. Elle fait partie des trois sujets qui inquiètent le plus l'électorat des listes du Rassemblement National (69% de citations, au même niveau que l'immigration), les électeurs des listes LR (51%) et des listes LREM (41%). A gauche en revanche, on est davantage préoccupé par les questions d'environnement (39% de citations), les inégalités sociales (37%) et le chômage (29%).
Plus globalement, on constate que les enjeux locaux ont pris le pas sur les enjeux nationaux dans les déterminants du vote pour les deux tiers des électeurs (63%, 37% d'avis contraires). Un électeur sur trois (33%) a tout de même souhaité exprimer par son vote "son opposition à Emmanuel Macron et au gouvernement", notamment les proches de la France Insoumise, pour 16% qui ont au contraire voulu manifester "leur soutien", les électeurs des listes LREM. Mais pour la majorité (51%), le "ni l'un ni l'autre" l'emporte.
Le bilan mitigé par rapport à la gestion de l'épidémie de Covid-19 par le gouvernement - 54% des Français satisfaits pour 46% d'avis contraires - n'aura donc pas vraiment influencé le scrutin. A l'inverse, ce sont bien "les enjeux régionaux et les problèmes qui se posent dans sa région" (61% de citations) ainsi que "le programme des différentes listes" (51%) qui ont déterminé le choix de vote. "Le bilan du président du Conseil régional et son équipe" (44%) et "le parti politique qui soutient les listes" (41%) ont un peu moins compté. Sur cette question encore les électeurs des listes RN se démarquent par une importance plus forte accordée aux enjeux nationaux : "la situation politique et économique au niveau national" jugée déterminante pour 57% d'entre eux mais seulement 36% sur l'ensemble des électeurs ou "les enjeux de la prochaine présidentielle" (53% / 35%).
La persistance du front républicain
Questionnée dans les médias, l'idée d'un front républicain pour faire barrage au RN est toujours soutenue par la majorité des Français, quelle que soit leur proximité partisane (sauf RN évidemment). Plus de 60% de l'électorat FI et LR, près des trois quarts de l'électorat PS et EELV et 80% des électeurs LREM seraient ainsi favorables "au retrait des listes de gauche, de droite ou LREM au profit de la liste la mieux placée au 1er tour, pour battre le Rassemblement National quand il est en situation de l'emporter". Dans des proportions équivalentes, les Français sont aussi favorables aux fusions "techniques", "la liste la mieux placée face au Rassemblement National intégrant les autres listes qualifiées pour le 2nd tour (chaque formation politique aurait un nombre d’élus minimum garanti mais garderait sa liberté de vote par la suite au Conseil Régional)".
D'autres alliances ont encore été testées. Une fusion des listes LREM et LR au second tour pour empêcher la victoire de la gauche serait ainsi approuvée par 75% des électeurs LREM, et 64% des électeurs LR. Comparativement, les avis sont plus nuancés sur l'idée d'une fusion gauche / LREM pour faire barrage à la droite : une courte majorité d'électeurs PS (57%), EELV (54%) et LREM (52%) y seraient tout de même favorables.
