30 ans de Loto ! Des rêves des joueurs à la réalité des gagnants
Le 19 mai 1976, 73 000 habitants de la région parisienne retiennent leur souffle tandis que pour la première fois, au Théâtre de l'Empire, on procède au tirage du LOTO®. Petit à petit, c'est toute la France qui est gagnée par la manie des chiffres fétiches. Depuis 30 ans, le marché des jeux de tirage et de grattage a explosé mais la France a toujours vibré pour l’envolée des boules numérotées dans leur sphère en plexi. Ceux qui aiment les chiffres, avec plein de zéros derrière représentent ainsi 40% des Français. Pour son anniversaire, la Française des Jeux a souhaité revenir sur ces rêves qui animent les joueurs et a demandé en parallèle aux gagnants de nous sortir leur grand jeu.
Des millionnaires potentiels à chaque coin de rue.
30 ans de succès jamais démenti et avant tout l'histoire d'un jeu populaire au sens premier : car parfois taxé de flambeur, naïf ou gâteux, le joueur LOTO® stéréotypé n'existe pas ! Le joueur LOTO®, c'est votre patron, sa nièce et son petit ami skater, le maître-nageur de Juan les Pins, le professeur de latin du lycée, mamie Huguette et ses amies, la famille nombreuse du cinquième, mais aussi vous et moi.
A quelques nuances près, le profil des joueurs LOTO® rassemble les caractéristiques d'ensemble de la population française à la moyenne : on y compte sensiblement plus actifs et notamment davantage d'employés et d'ouvriers (38% contre 29% pour la population Française ) que dans la population française, mais les cadres représentent 8% des joueurs à l'instar de la population de référence. Le niveau de revenu des joueurs s'avère même sensiblement supérieur. Le joueur du LOTO® échappe donc aux stéréotypes d'un individu qui cherche à chercher à pallier la faiblesse d'un niveau de vie, voire une « descension » sociale, par le recours au jeu.
Si le Loto® demeure indémodable, c'est aussi peut-être parce qu'il ne requiert aucune compétence particulière, ne demande aucune préparation et laisse en même temps une grande liberté dans la façon de jouer : chacun peut ainsi y inventer ses propres rites. Surtout, tout en offrant des perspectives de gains exceptionnels, l'accessibilité des montants active à plein « le moment d'imaginaire (1) » qu'on achète à travers la grille : en d'autres termes le fameux jeu du « Et toi, si tu gagnes, tu fais quoi ? » constitue l'élément moteur pour 87% des joueurs. Ce moment est vécu comme un instant de plaisir car, pour reprendre la phrase de Clémenceau : « le meilleur moment dans l'amour, c'est celui où l'on monte l'escalier ».
Les rêves des joueurs : la sérénité et l'harmonie préférées au luxe ostentatoire.
Au jeu du « Et demain si je gagne… », le premier bénéfice attendu par les joueurs repose bien entendu sur le confort matériel. Néanmoins, les rêves des joueurs s'illustrent moins dans des projections de luxe ostentatoire que dans l'assise d'une certaine sécurité matérielle : on construit moins de châteaux en Espagne que de maisons d'hôtes destinées à raviver la convivialité et ouvrir ses horizons sociaux.
D'ailleurs, au-delà du confort matériel, les attentes des joueurs s'articulent autour de bénéfices immatériels : être plus généreux, améliorer la gestion du quotidien, disposer d'une plus grande liberté. En d'autres termes, les joueurs s'imaginent plus détendus et plus sereins s'ils étaient amenés à gagner : si l'on savait en effet que le temps, c'est de l'argent ; l'enquête révèle que l'argent est surtout perçu comme un moyen de mieux gérer son temps et d'abolir les contraintes qui le consomment et génèrent du stress.
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Ces projections finalement plus aspirationnelles que matérielles s'incarnent dans la figure emblématique d'un Millionnaire aux pieds nus : gagner, c'est en effet la responsabilité d'honorer le coup du sort et en premier lieu, ne pas se trahir soi-même, ses codes sociaux et son environnement d'origine.
Ainsi, les rêves exprimés par les joueurs dépeignent l'image d'un gagnant valeureux, aspirant à rester simple et sachant distinguer l'important du superflu : la figure valorisée du gagnant réside ainsi davantage dans l'image du pêcheur aux pieds nus et aux mains pleines de sa liberté que dans celle d'un flambeur qui consume son gain en même temps que son identité. C'est naturellement dans le premier stéréotype que les joueurs projettent leur désir de changement de vie.
Ainsi, les joueurs estiment que leur vie changerait suite au gain (82%) mais seuls 10% pensent qu'il aurait un effet sur leur personnalité. Illustration de cette fidélité à soi-même, les joueurs se font confiance pour garder les pieds sur terre (49% « le gain améliorerait votre conscience de la valeur des choses » contre 23% « dégraderait ») et pensent devenir plus généreux qu'auparavant avec leur entourage (91% « améliorerait » contre 2% « dégraderait »).
De même, les joueurs estiment pouvoir résister aux sirènes de l'oisiveté : ils ne sont que 30% à déclarer qu'ils arrêteraient de travailler suite au gain. Le travail est ainsi perçu comme une valeur morale essentielle, un intégrateur social dont la cessation causerait une rupture avec le réel, un phare permettant de se repérer, de garder les pieds sur terre suite au gain mais aussi de se prémunir des revers de fortune.
Inversement à cette aspiration valeureuse, les joueurs expriment leurs craintes au changement à travers l'image qu'ils ont des gagnants de manière générale, autrement dit « les autres ». Le mythe du flambeur, trahissant ses valeurs, perdant ses repères, son identité, sa famille et ses amis, est alors largement relayé. Les joueurs imaginent alors qu'au changement matériel (93%), les gagnants associent surtout une trahison de leur personnalité (65%). Les deux tiers d'entre eux estiment que le gain fait perdre aux gagnants la conscience de la valeur des choses (31% « améliore » contre 61% « dégrade »).
Symptomatique de cette déconnection du réel : 43% des joueurs estiment que les gagnants arrêtent de travailler suite au gain.
Une dissociation se crée donc entre la projection de soi en tant que gagnant et l'image des gagnants en général. Mais alors, où la réalité des gagnants se situe-t-elle : est-elle plus proche de la description du gagnant valeureux ou du stéréotype du flambeur ?
La vie des gagnants : les rêves des joueurs exaucés !
Si « changer de vie mais ne pas se trahir » était un mot d'ordre pour les joueurs, il s'agit bel et bien d'une réalité pour les gagnants. La vie des gagnants est très éloignée de celle du flambeur et ces derniers confirment la stabilité morale souhaitée par les joueurs. Plus encore, la vie des gagnants n'est pas tant bouleversée que peuvent le croire les joueurs.
Questions :
Les gagnants vus par les joueurs : Selon vous, globalement la vie des gagnants du gros lot du LOTO® / la personnalité des gagnants changent-t-elles radicalement, beaucoup, peu ou pas du tout … Base : joueurs: 801 inter.
La projection des joueurs en tant que gagnants : Et SI VOUS GAGNIEZ LE GROS LOT, globalement votre vie / votre personnalité changeraient-t-elles radicalement, beaucoup, peu ou pas du tout … Base : joueurs: 801 inter.
La réalité des gagnants : Depuis le gain, estimez-vous globalement que votre vie / votre personnalité a radicalement, beaucoup, peu ou pas du tout changé ? Base: gagnants : 100 inter
Base: gagnants : 100 inter./joueurs: 801 inter. | Changement de vie et de personnalité | Changement de vie mais pas de personnalité | Ni changement de vie, ni de personnalité | Autres |
Les gagnants vus par les joueurs | 61% | 28% | 2% | 9% |
La projection des joueurs en tant que gagnants | 9% | 72% | 18% | 1% |
La réalité des gagnants | 3% | 59% | 37% | 1% |
Ainsi, 42% des gagnants en poste lors du gain ont continué à travailler comme avant alors que seuls 12% des joueurs l'envisagent en cas de gain.
Si les bénéfices réels du gain ne sont pas directement visibles, c'est parce qu'ils sont de nature plus immatérielle : le LOTO® offre avant tout à ses gagnants quiétude et sérénité.
Premières illustrations de ces bienfaits, les gagnants disent bénéficier d'une liberté raisonnée (partir en week-end sur un coup de tête), pouvoir recevoir plus souvent leurs proches et ne pas avoir à se soucier de leurs contraintes financières, tout en évacuant le mythe du millionnaire se prélassant dans un hamac en ne citant que peu leur détachement pour les réveils matinaux.
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Plus encore, cette nouvelle quiétude se trouve matérialisée par une plus grande sérénité quant aux contingences quotidiennes. Grâce au gain, les gagnants sont moins stressés que les joueurs quasiment à tous les niveaux : la gestion des tâches ménagères (8% des gagnants stressés, -11 points par rapport aux joueurs), leur niveau de vie, leurs contraintes financières (12% des gagnants stressés, -32 points), le temps consacré aux proches, leur situation professionnelle (22%, -12 points) et l'avenir des proches (42%,-8 points). Seule la santé reste une source d'anxiété pour les gagnants, structurellement légèrement plus âgés que les joueurs.
Surtout, le gain apparaît comme un formidable catalyseur de projection dans l'avenir : les gagnants se projettent dans l'avenir beaucoup plus facilement que les joueurs. Ils sont ainsi plus de deux fois plus nombreux à se projeter à 1, 5 et 10 ans. Seuls 15% des gagnants trouvent difficile de se projeter quel que soit l'horizon temporel, contre 49% des joueurs !
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(1) Formule du sociologue Paul Yonnet
Fiche technique :
Phase quantitative :
- Un échantillon de 1000 Français âgés de 16 ans et plus, représentatifs de la population nationale et un sur échantillon de 400 joueurs ont été interrogés par téléphone.
L'échantillon de 1400 personnes ainsi constitué a été redressé statistiquement afin d'y pondérer la surreprésentation des joueurs et de garantir sa représentativité à l'échelle nationale.
- 100 gagnants de plus d'un million d'euros, représentatifs de la base des gagnants de la Française des Jeux, ont été interrogés par téléphone.
Dates :
- Grand public et joueurs : Du 04 au 14 janvier 2006
- Gagnants : Du 05 au 11 janvier 2006
Phase qualitative :
2 groupes de joueurs (Paris et Dijon), 10 entretiens individuels de joueurs et 10 entretiens individuels de gagnants.