Affaire Lewinsky : le rapport Starr n’ébranle pas les Américains
Les sulfureuses révélations du rapport du procureur Kenneth Starr n’ont pas retourné l’opinion américaine. Tous les sondages montrent qu’elle ne souhaite toujours pas la destitution de Bill Clinton.
La publication du rapport Starr n’a pas bouleversé l’opinion américaine. Tous les sondages réalisés depuis cet événement font état d’une volonté très largement majoritaire que le président des Etats-Unis demeure à son poste malgré ses frasques sexuelles. Les Américains semblent très nettement distinguer le dirigeant politique – qu’ils persistent à approuver massivement – de l’homme privé – à propos duquel ils ne se font guère d’illusion.
Selon une enquête ABC News réalisée le dimanche 13 septembre auprès de 510 personnes, le taux d’approbation de l’action de Clinton comme président demeure très élevé : 59% contre 37% de désapprobation. Les derniers développements de l’affaire Lewinsky n’ont nullement affecté la popularité " professionnelle " du leader américain. Sa cote d’approbation est même de 63% dans l’enquête CNN-USA Today-Gallup réalisée les 11 et 12 septembre auprès de 902 adultes. Là encore, les révélations croustillantes du rapport Starr n’ont pas fait baisser la cote de la Maison Blanche. Une troisième enquête, celle de NBC News/ Wall Street Journal (783 personnes interrogées dans la nuit de vendredi et samedi) établit à 67% le nombre de ceux qui approuvent politiquement le président.
Sexe, mensonges et internet : quoi qu’il en soit, les Américains ne trouvent pas qu’il y a là matière à destitution (" impeachment ") de leur premier dirigeant. D’après l’enquête ABC News, 57% souhaitent qu’il demeure à son poste au lieu de démissionner et 52% des personnes interrogées pensent que Clinton ne devrait pas être destitué par le Congrès même s’il a menti sous serment. Pour Gallup, seulement 30% des Américains seraient favorables à la destitution du président contre 64% qui y seraient opposés.
Cette claire volonté ne signifie pas que l’opinion blanchisse totalement Clinton. Gallup nous apprend que 59% des sondés pensent que le Congrès devrait " censurer " le président volage. Ils sont d’ailleurs 58% à avoir une opinion " négative " de Clinton " comme personne ". Mais les Américains semblent avoir été choqués par le goût du détail dont a fait preuve le procureur Kenneth Starr. Selon l’enquête ABC News, pour 55% des personnes interrogées, celui-ci a eu tort d’inclure dans son célèbre rapport les " détails des rencontres sexuelles " du président avec l’ancienne stagiaire de la Maison Blanche.
Au total, les Américains apparaissent fort mécontents de l’attitude de l’ensemble des protagonistes de cette curieuse affaire qui se limite, pour la majorité d’entre eux, à une vulgaire histoire de sexe. Selon Gallup, ils désapprouvent l’attitude de Clinton (70%), mais aussi celle de Starr (60%) et… des médias (68%). La crise que vit actuellement Washington constitue un formidable révélateur de la distance qui sépare l’Américain moyen de la classe politico-médiatique.