Affaire Lewinsky : les Américains pardonnent à Clinton
Les Américains ont favorablement accueilli la confession publique de Bill Clinton, au soir du 17 août 1998, sur sa liaison avec Monica Lewinsky. Selon deux enquêtes réalisées après les explications du président des Etats-Unis, la grande majorité des Américains souhaitent désormais qu'un terme soit mis à cette affaire.
La cote de popularité de Clinton n'a pas souffert de ses aveux. D'après le sondage CNN-USA Today-Gallup, réalisée le 18 août auprès de 884 personnes, le pourcentage des personnes interrogées qui approuvent son action comme président est désormais de 66% contre 65% la semaine dernière. Les aventures extra-conjugales de Clinton n'empêchent pas une majorité (55% contre 42%) de garder une "bonne opinion" de lui comme "personne". Ses aveux ne lui ont coûté que cinq points à cette question.
Le sentiment très dominant (70% contre 26%) est que le président américain ne doit pas être destitué à la suite de son témoignage devant le grand jury. Si 61% des sondés suspectent Clinton de ne pas avoir tout dit lundi soir sur ses relations avec l'ancienne stagiaire de la Maison Blanche, une majorité d'entre eux (52% contre 42%) estime qu'il demeure "suffisamment honnête et digne de confiance pour être président". Cette enquête montre enfin que les Américains sont sensibles au courage et à la dignité d'Hillary Clinton : la cote de popularité de l'épouse "trompée" a bondi de 60% à 64% en l'espace d'une semaine.
L'enquête ABC News, réalisée le 17 août auprès de 587 personnes, aboutit à des conclusions aussi favorables au président américain. 68% des personnes interrogées juste après l'intervention télévisée de Clinton jugent que celui-ci ne doit pas démissionner (plus 11 points par rapport à la veille). Et 69% des Américains estiment que l'enquête du procureur Starr doit désormais se terminer (plus 10 points). Ces opinions prennent d'autant plus de relief que la majorité de personnes interrogées (52%) pensent que Clinton a effectivement tenté d'obstruer le cours de l'enquête sur ses relations avec Monica Lewinsky.
La mansuétude des Américains à l'égard de Clinton ne signifie pas qu'ils se soient convertis au laxisme en matière de mœurs. Selon une enquête réalisée en 1994 par le National Opinion Research Center, 80% des personnes adultes nées entre 1933 et 1974 considèrent que l'adultère est "always wrong". D'autres enquêtes plus récentes ont confirmé cette tendance. Clinton n'est certes pas, aux yeux des Américains, moralement innocent. Mais ils veulent pas qu'il deviennent pour autant une victime politique.