Affaire Lewinsky : les médias et la justice en accusation
Une majorité d’Américains reprochent aux médias d’avoir grossi l’affaire Lewinsky et suspectent les intentions du procureur Starr.L’affaire Clinton-Lewinsky a mis en évidence un impressionnant décalage entre les médias et l’opinion publique. Alors que journaux et télévisions cédaient à la dramatisation, les Américains se montraient beaucoup plus sereins. Certes, ils pensent que le président a vraisemblablement menti au sujet de ses relations avec l’ancienne stagiaire de la Maison Blanche, mais ils se refusent à le sanctionner politiquement.
Les médias sont d’ailleurs aujourd’hui en position d’accusés. Pour 56% des Américains, selon un sondage du Washington Post (1), les médias n’ont pas traité Clinton " équitablement " dans cette affaire. Ils sont 74% à considérer que les moyens d’information ont accordé une " trop grande attention " à cette histoire.Une enquête CNN-USA Today-Gallup (2) va dans le même sens. 72% des Américains pensent que la " couverture médiatique " de cette affaire a été " too much ".
Pis encore, seulement 37% estiment que les médias ont agi avec " responsabilité " contre 55% d’opinions inverses. La course frénétique au scoop, à laquelle ont participé la majorité des médias américains, y compris sur Internet, est sévèrement jugée : 77% pensent que les moyens d’informations ont privilégié le fait d’être " le premier à publier une nouvelle information " tandis que seulement 19% estiment qu’ils se sont d’abord attachés à " être certain que l’information est vérifiée avant de la publier ".
Le fonctionnement de la justice est également sur la sellette. D’après la dernière enquête CNN-USA Today-Gallup (3), l’enquête du procureur indépendant Starr est jugée " inéquitable " par 55% des Américains. Ce magistrat n’est favorablement apprécié que par 25% des personnes interrogées contre 42% d’opinions négatives. Et 58% souhaiteraient même que Starr arrête son enquête... Le sondage du Washington Post indique que, pour 59% des personnes interrogées, " Starr est surtout intéressé par l’affaiblissement politique du président ". La confiance des Américains dans les médias et la justice de leur pays n’est apparemment plus ce qu’elle était.
- 1390 personnes interrogées du 28 au 31 janvier.
- 672 personnes interrogées le 28 janvier.
- 1013 personnes interrogées les 30 janvier et 1er février.