Allemagne : la coalition rouge-verte conserve une courte majorité

Les dernières enquêtes d'opinion qui annonçaient une élection au coude a coude ne s'étaient pas trompées : il a fallu attendre la fin de soirée d'hier pour connaître les résultats du scrutin législatif le plus serré de l'histoire de la République Fédérale d'Allemagne : la coalition SDP/Verts disposera dans le nouveau Bundestag d'une majorité de 306 sièges de députés sur un total de 603, soit onze de plus que les 295 de l'opposition démocrate-chrétienne CDU-CSU, alliée aux libéraux.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Sur l'ensemble du pays, le SDP de Guerard Schröder devance la CDU/CSU de Stoiber de moins de 10 000 voix, pour obtenir 251 députés, contre 248 à la CDU/CSU.
Les Verts, en progression de deux points par rapport à 1998 (8,6% contre 6,7%) réalisent le meilleur score de leur histoire et sauvent ainsi la coalition "rouge-verte". Les libéraux du FDP, bien qu'en progression, enregistrent un score assez loin de leurs espérances (7,4%, contre 6,2% en 1998).
L'ex-Parti communiste de RDA, le PDS, n'obtient quant à lui que 4% des suffrages, score insuffisant pour conserver un groupe à l'Assemblée. Le PDS n'aura plus que deux représentant au Bundestag dans la prochaine législature.
La participation au scrutin s'est élevée à 79,1%, en baisse de trois points par rapport à 1998 (82,2%).

Résultats des élections allemandes
 
1er tour
2ème tour
2002%
1998%
(%Diff)
Nb de votants
61 388 671
61 388 671
     
Exprimés
48 574 607
48 574 607
79,1
82,2
( -3,1)
dont valides
47 827 992
47 980 304
     
PDS
2 078 055
1 915 797
4,0
5,1
(-1,1)
SPD
20 056 007
18 484 560
38,5
40,9
( -2,4)
Grüne
2 694 027
4 108 314
8,6
6,7
( +1,9)
CDU
15 333 403
14 164 183
29,5
28,4
( +1,1)
CSU
4 308 479
4 311 513
9
6,7
( +2,3)
FDP
2 750 646
3 537 466
7,4
6,2
( +1,2)

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Législatives en Allemagne : la cote de Stoiber tombe à 4 contre 1
(20 septembre 2002)

La dernière semaine de campagne a confirmé la remontée du SPD dans les intentions de vote entamée au cours de l'été. Quatre des cinq principaux instituts mesurent aujourd'hui une avance de deux (Emnid, Forsa) ou trois points (FGW, Infratest) en faveur des socio-démocrates.

Seul Allensbach, institut proche des conservateurs mais ayant été le plus prêt des résultats des urnes en 1998, place encore le CDU/CSU en tête, de ... 0,3 points (37,3 contre 37%). Nous sommes donc en plein dans les marges d'erreurs statistiques inhérentes à toute enquête d'opinion. L'incertitude est d'autant plus de mise que l'écart entre "les alliés" des deux principales formations se resserre également. Les Libéraux du FDP devanceraient aujourd'hui les Verts d'un ou d'un demi point selon Emnid, FGW, Forsa et Infratest, de trois points selon Allensbach. Les projections en sièges des différentes mesures conduit donc à une égalité presque parfaite entre la coalition "rouge-verte" SDP-Grüne et le total des députés CDU/CSU+FDP. Le PDS, ex-Parti communiste de RDA, n'est quant à lui pas assuré d'être représenté au Bundestag. Seul Emnid le crédite de 5% d'intentions de vote, seuil à atteindre pour siéger à l'Assemblée.

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Analyse du 5 septembre :
Législatives en Allemagne : un scrutin qui s'annonce très serré

A quelques jours des élections législatives en Allemagne, les dernières enquêtes publiées par les principaux instituts de sondage ne permettent pas d'anticiper sur le résultat du scrutin. Fort d'une remontée ces dernières semaines, le parti social-démocrate du chancelier sortant Gerhard Schröder talonne à présent dans les intentions de vote le CDU-CSU d'Edmund Stoiber.

Le 22 septembre prochain, les électeurs allemands se rendront aux urnes pour renouveler le Bundestag. Les enquêtes d'opinions publiées cet été laissaient présager d'une élection sans suspense. Le bilan économique et social du chancelier Schröder, jugé "désastreux" par de nombreux analystes, permettait aux démocrates chrétiens de la CDU, et sa branche socio-chrétienne bavaroise CSU, de disposer d'une avance dans les intentions de vote sur le SPD suffisamment confortable pour envisager l'alternance politique à la rentrée.

A quelques jours du scrutin, les choses ne sont plus aussi simples. Les Allemands ont apprécié la présence et les initiatives de Schröder sur le front des inondations dans le Nord et l'est du pays -quand son rival Edmund Stoiber tardait à rentrer de vacances. Ils se sont encore rangés du côté du chancelier sortant lorsque celui-ci se refusait à soutenir les menaces d'intervention américaines en Irak, l'attitude de Stoiber étant plus ambiguë. Fort d'une dynamique de fin de campagne favorable, le SPD est remonté dans les sondages. Aujourd'hui crédité de 34 (Allensbach) à 39% d'intentions de vote (Forsa, Infratest), il talonne à nouveau le CDU-CSU, stable entre 39 (Emnid-FGW-Forsa-Allensbach) et 40% (Infratest). Pour autant, aucun institut ne mesure les sociaux-démocrates en tête. Seul l'institut Forsa, qualifié par la CDU d'instrument de campagne du SPD, donne les deux formations à égalité (39%).

Les analystes politiques pronostiquaient une prise de pouvoir du chancelier sortant suite au premier débat télévisé entre Schröder et Stoiber : celui ci s'est soldé par un match nul, sans influence sur les intentions de vote. Schröder bénéficie bien d'un avantage incontestable en termes de popularité – il recueille de 44 (Forsa) à 54% (Emnid) d'avis favorables, contre 28 (Forsa) à 34% (Emnid) pour Stoiber, mais l'expérience a montré qu'une bonne popularité ne garantit en rien d'une performance électorale. Qui plus est, il est difficile de prévoir si pour ces législatives, les électeurs vont voter d'abord pour les partis ou pour leurs dirigeants.

L'issue d'un scrutin qui s'annonce très serré pourrait dès lors se jouer du côté des "alliés". Mais là encore, l'incertitude est de mise. Les libéraux de FDP perdent un peu de terrain en fin de campagne, mais conservent tout de même de 8 (Emnid, FGW, Forsa, Infratest) à 12% d'intentions de vote, ce qui les place toujours devant le Verts, mesurés à 6 (Emnid) ou 7% (FGW, Forsa, Infratest, Allensbach). L'ex Parti Communiste de RDA, le PDS, n'est quant à lui pas assuré d'obtenir les 5% de suffrages nécessaires pour siéger au Parlement. Il n'atteint ce seuil que dans les intentions de vote publiées par Emnid (5%), les autres instituts le situant en dessous (4,9% pour Allensbach, 4% pour les autres).

Malgré une fin de campagne favorable à la gauche, l'alliance CDU/CSU-FDP domine toujours dans les intentions de vote une coalition rouge-vert SDP-Grüne. Si les choses en restaient là, Stoiber serait élu chancelier, et l'Allemagne basculerait elle aussi du côté conservateur. Sur les quinze pays de l'Union européenne, la Gauche ne serait alors plus majoritaire qu'en Grande-Bretagne et en Grèce, et peut-être en Suède, où les élections du 15 septembre s'annoncent, selon les dernières mesures d'intentions de vote, également très serrées. Il y a seulement trois ans, la gauche était aux commandes de 13 des 15 Etats de l'Union.

Le scrutin du 22 septembre

Deutscher Bundestag : le site du Parlement allemand

Bundestagswahl 2002 : un site très complet consacré aux élections
Et en particulier les derniers sondages d'intentions de vote

Bundestagswahl 2002 : le dossier de Yahoo Deutschland

L'ambassade d'Allemagne à Paris : nouvelles quotidiennes et revue de presse hebdomadaire

Les instituts et la page élection de leurs partenaire média

EMNID / nTV

FGW

Forsa / RTL TV (notamment la page dédiée aux sondages)

Infratest / ARD

Allensbach / Frankfurter Allegemeine Zeitung


Les forces en présence

SPD
http://www.gerhard-schroeder.de
http://www.spd.de

Gehrard Schroeder
CDU/CSU
http://www.stoiber.de/
http://www.cdu.de/

Edmund Stoiber
Die Gruenen
http://www.joschka.de
http://www.gruene.de/

Joschka Fischer
FDP
http://www.liberale.de

Guido Westerwelle
PDS
http://www.gabizimmer.de/
http://www.pds2002.de/

Gabi Zimmer


Tendances des Opinions Publiques en Europe

L'institut IPSOS et l'Agence France Presse réalisent chaque trimestre le programme d'enquêtes des " Tendances des Opinions Publiques en Europe ".
Ce programme d'enquêtes est réalisé simultanément dans les cinq plus grands pays de l'Union européenne: Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni. Pour chaque vague, un questionnaire identique est soumis dans chacun de ces pays à un échantillon représentatif d'un millier de personnes âgées de 18 ans et plus, soit un échantillon global d'environ 5.000 personnes.
L'intégralité des résultats pays par pays, détaillés selon une vingtaine de critères socio-démographiques et économiques, constitue une base de données d'opinions disponible moyennant un abonnement annuel spécifique.

Pour tous renseignements, contacter Edouard Lecerf, directeur général d'Ipsos Opinion

Ipsos en Allemagne:
http://www.ipsos.de

Voir aussi:

Elections législatives en Suède

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Société