Allemagne : la crédibilité des Verts mise en cause
Plus de trois Allemands sur quatre estiment que les changements d'orientation des écologistes nuisent à leur crédibilité politique. La déclaration antimilitariste d'un de leurs responsables n'arrange pas les choses.
La campagne électorale allemande reste dominée par la question des alliés hypothétiques du SPD. La majorité CDU-CSU tente déjà d'exploiter la peur des "rouges" en agitant le spectre d'une entente, au niveau fédéral, entre les sociaux-démocrates et les post-communistes du PDS. La dernière affiche de campagne du parti d'Helmut Kohl montre une poignée de mains symbolisant cette alliance-repoussoir.
Mais ce sont aujourd'hui plutôt les Verts qui sont sur la sellette. Les écologistes allemands sont des alliés beaucoup plus probables pour le SPD, mais parfois un peu encombrants. Ils avaient provoqué un beau tollé en incluant dans leur plate-forme préélectorale des mesures radicales comme le triplement du prix de l'essence. Réunis en congrès à Berlin en juin, les Verts ont abandonné ces orientations maximalistes. Mais cet épisode a atteint leur crédibilité politique.
Selon un sondage de l'institut Emnid, réalisé pour N-TV et publié le 19 juin, 78% des Allemands pensent que les Verts sont désormais peu crédibles. L'opinion ne sait plus si elle doit croire ce que disent maintenant les "Grünen" ou ce qu'ils promettaient hier. Leurs intentions de vote demeurent cependant stables dans cette enquête (6%). L'écart entre le SPD (42%) et la CDU (37%) ne bouge pas non plus, de même que le score de l'allié libéral des chrétiens-démocrates, le FDP (6%).
Ces derniers jours, les Verts ont cependant donné de nouvelles armes à la majorité sortante. Jürgen Trittin, un des porte-parole du mouvement, a déclenché un scandale en déclarant, le 10 juin, que la tradition du serment militaire en vigueur en République fédérale rappelait la "tradition prusse", évoquant même "l'ère de la terreur fasciste". Plusieurs députés écologistes ont vigoureusement protesté contre cette déclaration antimilitariste, immédiatement exploitée par les chrétiens-démocrates pour arguer de l'immaturité politique des Verts.