Allemagne : le fossé se creuse entre l'Est et l'Ouest
Donné largement perdant par les sondages, Helmut Kohl tente de rétablir sa position dans l'opinion en agitant de spectre d'une "république gauchiste" qui naîtrait de la victoire de l'opposition. Devant la conférence de l'Union chrétienne démocrate (CDU), réunie à Brême, le chancellier sortant a mis en garde contre les dangers d'une alliance entre les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et surtout les post-communistes du PDS. "Les extrêmistes de gauche et de droite n'ont apporté que du malheur dans ce siècle", a proclamé Kohl, le 18 mai, dans un discours de deux heures qui lui a valu une ovation de dix minutes de ses partisans.
La majorité CDU s'efforce d'exploiter la situation créée dans l'état de Saxe-Anhalt au lendemain de l'élection du 26 avril. Après l'échec des négociations avec la CDU, le SPD local a renoncé à une "grande coalition" des deux partis et a annoncé, le 12 mai, qu'il formerait un gouvernement minoritaire avec l'appui tacite du SPD. La droite allemande a vigoureusement dénoncé ce choix et y voyant les prémices d'une remise en selle, au niveau fédéral, des ex-communistes de l'Allemagne de l'Est.
L'efficacité de l'argument anti-communiste est cependant moins assurée depuis la chute du mur de Berlin. La dernier "Politbarometer" de la ZDF, réalisé du 11 au 14 mai auprès de 1209 électeurs, montre une grande stabilité du corps pré-électoral. Avec 43% des intentions de vote, le SPD devance toujours très largement la coalition CDU-CSU créditée de 35%. Les scores de ces deux forces ne bougent pas. Les Verts sont estimés à 8%, les libéraux du FDP à 5% et le PDS à 4%. Selon cette enquête, 71% des Allemands s'attendent à une victoire du SPD et des Verts aux élections du 27 septembre (contre 66% le mois précédent).
Une autre enquête, réalisée par l'institut Emnid auprès de 1000 électeurs, donne, elle aussi, 43% d'intentions de vote au SPD et 35% à la CDU-CSU. Cet institut estime à 5% le score du PDS, seuil qui lui permettrait d'entrer au Bundestag.
Les attaques de la CDU contre le PDS, qui déclare au demeurant avoir rompu avec le marxisme, risquent de creuser le fossé qui sépare les Allemands de l'Est de ceux de l'Ouest. Un sondage réalisé par l'institut Forsa, et publié le 21 mai par l'hebdomadaire "Die Woche", montre que 61% des Allemands de l'Est sont favorables à la participation du PDS à un gouvernement régional alors que 60% des Allemands de l'Ouest la rejettent. Seulement 24% de ces derniers considèrent que le PDS est un parti apte à gouverner.