Allemagne : l'écart se resserre entre le SPD et la CDU-CSU

A sept semaines des élections du 27 septembre, la majorité sortante remonte partiellement son retard sur l'opposition social-démocrate. Mais Helmut Kohl et ses alliés sont toujours donnés perdants.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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De traditionnelles vacances au bord du lac autrichien Wolfgangsee et de meilleurs sondages ont dopé le moral d'Helmult Kohl. "J'engage cette bataille décisive avec optimisme", a déclaré le 10 août le chancelier sortant, à sept semaines des élections allemandes du 27 septembre. "Helmut Kohl est un dangereux adversaire de campagne", a estimé en écho Gerhard Schroeder, son adversaire social-démocrate, en mettant en garde ses troupes contre la tentation de croire la bataille d'ores et déjà gagnée.

Les dernières enquêtes d'opinion indiquent toutes un resserrement de l'écart des intentions de vote favorable à l'opposition. L'ultime sondage, réalisé par l'institut Dimap et publié le 8 août par le quotidien "Bild", fait état d'une progression d'un point des intentions de vote en faveur de la coalition CDU-CSU (37%) et d'un recul d'un point du SPD (42%). L'avance du principal parti de l'opposition sur l'alliance des chrétiens-démocrates et des chrétiens-sociaux n'est plus que de cinq points au lieu de neuf au début du mois de juillet. Selon Dimap, les Verts sont stables avec 7% des intentions de vote, les libéraux du FDP progressent d'un point avec 6% tandis que les post-communistes du PDS conservent leurs 4%.

Le SPD domine la CDU-CSU chez tous les instituts de sondages, mais avec une marge qui va de 3% (Emnid) à 6% (Forsa). La dernière enquête Emnid, publiée le 7 août par N-TV, évalue les intentions de vote en faveur du SPD à 41% (-1) contre 38% (+1) à la CDU-CSU. Ce sondage attribue 6% aux Verts ainsi qu'au FDP (stables) et 4% au PDS (-1). En un mois, l'écart en faveur du parti social-démocrate s'est réduit de 5 à 3 points pour Emnid. Le même mouvement est enfin observé par l'institut Forsa. Avec 43% pour le SPD et 37% pour la CDU-CSU dans sa dernière enquête, cet institut voit l'avance de l'opposition chuter de 8 à 5 points en un mois.

Ce resserrement des intentions de vote n'est, en lui-même, guère surprenant. Les campagnes électorales ont fréquement pour effet d'atténuer l'avantage du parti qui avait le vent en poupe au tout début. L'opposition conserve cependant un avantage certain si l'on considère que le SPD peut théoriquement compter sur l'appui des Verts (6 à 7% des intentions de vote), qui semblent devoir être représentés au Bundestag, alors que l'allié de la CDU-CSU, le FDP (crédité de 4 à 5%), semble être moins assuré de franchir le seuil des 5% ouvrant la voie à une représentation parlementaire.

Plusieurs facteurs jouent en faveur du pouvoir sortant. La reprise économique allemande, avec ses effets sur l'emploi, est le principal.

Les faiblesses de la campagne du SPD constitue un second élément d'espoir pour Kohl. Gherard Schroeder, qui a rencontré longuement Bill Clinton le 5 août, mise beaucoup sur son style moderne mais ses propositions constrastent difficilement avec la politique du chancelier sortant. La question des alliances handicape aussi les sociaux-démocrates. Schroeder préfèrerait gouverner avec les écologistes mais il envisage publiquement une "grande alliance" avec les chrétiens-démocrates" que rejette catégoriquement Kohl. En sens inverse, le problème de la succession du chancelier sortant, âgé de 68 ans, fragilise les chrétiens-démocrates. Kohl a dû déclarer, pour couper court à un débat anticipé sur ce thème, qu'il "aimerait" que Wolfgang Schauebel, le populaire président du groupe parlementaire CDU, lui succède le jour venu. Une manière de reconnaître que le peuple allemand aspire à un changement de numéro un.

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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