Autorité parentale : du dialogue avant tout
Au vu des résultats de l'enquête réalisée par Ipsos, il semble bien que le terme "d'autorité", qui plus est "parentale", ne corresponde plus vraiment à la réalité. L'heure est désormais au dialogue, à l'explication, au conseil, voire à la négociation. L'autorité ne suffit plus pour imposer la décision parentale. En effet, aujourd'hui 58% des parents interrogés affirment dire à leur enfant ce qu'il doit faire, mais seulement "après en avoir discuté avec lui". Mieux, pour plus du tiers des parents, la décision ne leur appartient pas et leur autorité se réduit à un simple rôle de conseil: Aujourd'hui, seulement 5% des parents interrogés affirment dire à leur enfant ce qu'ils doit faire, sans discuter.
Si les parents ne semblent pas avoir renoncé à leur autorité -loin s'en faut- ils ont en fait pris acte des aspirations des adolescents en donnant une part beaucoup plus importante à la discussion et au débat. Tous les sujets afférant à la vie de l'enfant sont ainsi "discutés". Ainsi en est-il des résultats scolaires (96%), du temps consacré au devoir (90%) ou à regarder la télévision (82%). C'est aussi le cas de l'organisation des vacances (82%), des films qu'il regarde (80%), de ses sorties avec ses amis (77%), des menus de ses repas (77%), de sa participation aux tâches ménagères (77%), de l'heure à laquelle il va se coucher (74%) ou encore de la manière dont il s'habille (71%), du choix de ses amis (66%) et de son argent de poche (66%). Il n'y a pas un seul domaine de la vie de l'enfant qui ne fasse pas aujourd'hui l'objet d'un dialogue.
La discussion ne supprime pas pour autant le conflit, notamment sur les sujets les plus sensibles que sont le temps passé devant la télévision (58%), les résultats scolaires (58%), le temps consacré aux devoirs (57%) et la participation aux tâches ménagères (52%). De même, et bien que moins fréquentes, les relations conflictuelles sont aussi présentes sur des sujets tels que l'heure du coucher (48%), le menu des repas (45%) ou encore les films regardés (44%). Les désaccords surviennent plus rarement pour des questions d'habillement (30%), de choix des amis (28%), de sorties (25%), d'organisation de vacances (23%) ou encore d'argent de poche (21%).
Les parents qui discutent le plus sont aussi ceux qui déclarent le plus rencontrer des conflits avec leurs enfants dans ces mêmes domaines, signe que la gestion des conflits s'effectue de manière plus négociée qu'autoritaire.
Au final, les parents estiment ne pas être sévères avec leurs enfants (61% contre 39% qui sont d'un avis contraire). Pour autant, ils n'ont pas le sentiment "d'avoir du mal à se faire obéir" (80%, dont 47% qui considèrent qu'ils n'ont pas du tout de problème). Peut-être est-ce en partie grâce à la solidarité du couple lors de la prise de décision : 51% des pères et mères interrogés ont le sentiment que lorsqu'ils exercent leur autorité, leur conjoint les soutient, même s'ils ne sont pas forcément d'accord, contre 31% qui affirment qu'il n'intervient pas et qu'il reste neutre. Seulement 5% ont le sentiment qu'il ou elle prend généralement la défense de l'enfant. Ces derniers sont aussi ceux qui disent connaître le plus de problèmes d'autorité.Face à des situations conflictuelles, les parents se disent aujourd'hui prêts à demander de l'aide à l'extérieur du cercle familial. En cas de conflit d'autorité, on fait moins appel aux proches (grands-parents, 46% ou ami, 47%) qu'aux professionnels (médecin de famille, 61%, psychologue, professeur ou éducateur 56%).Ils se montrent en revanche beaucoup plus dubitatifs vis-à-vis des structures d'aides et de médiation (28%).