Avec le congrès de LR, « Laurent Wauquiez joue très gros » — Brice Teinturier pour Les Echos
Interview de Brice Teinturier publiée sur lesechos.fr le 18 avril 2025
A deux ans de la présidentielle, le PS et LR, qui ambitionnent de revenir au premier plan de la vie politique française, doivent trancher leur ligne et désigner leur patron à l'issue de leur congrès respectif. Des batailles internes rugueuses, aux règles parfois absconses, mais qui auront de vraies répercussions sur les échéances électorales à venir, sur les alliances à nouer ou dénouer, et sur les destins politiques de certains protagonistes. Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France, apporte son analyse.
Les Echos — Quels sont les enjeux des congrès de LR et du PS ?
Brice Teinturier — Ils sont objectivement très importants pour fixer la ligne idéologique dominante de ces deux formations et parce qu'ils vont fortement peser sur le système d'alliances à venir et/ou la future incarnation à l'élection présidentielle.
Nous sommes à moins d'un an des municipales. A partir de juillet, il est à nouveau possible d'avoir une dissolution de l'Assemblée et de nouvelles élections législatives. Et la présidentielle est à la fois lointaine mais dans tous les esprits. La situation est donc très instable et la nécessité de clarifier certains points utile.
Pour le PS, Olivier Faure s'est certes déjà considérablement éloigné de La France insoumise. Mais ce n'est pas la même chose si cette inflexion est confirmée et légitimée par la victoire de ses opposants ou s'il l'emporte. Les opposants à la direction actuelle ne sont pas non plus unis. Un congrès permet de mesurer qui pèse quoi et détermine des accords internes ou des alliances qui pèsent sur la suite. Par ailleurs, il renforce ou pas le premier secrétaire, qui est souvent, mais pas toujours, le candidat du parti à la présidentielle.
Enfin, un congrès au PS, ça se passe mal ou bien, et il y en a eu de sanglant dans l'histoire de cette formation. C'est donc aussi l'unité de ce parti et l'image qu'il va projeter qui est en jeu.
L.E. - Et pour Les Républicains ?
B.T. — Côté LR, on a une formation politique qui progressivement, comme pour le PS, est passée sous la barre des 10 % puis des 5 % à l'élection présidentielle et qui a obtenu des scores médiocres aux européennes et aux législatives. Sa survie, sa capacité à redevenir ou pas un grand parti de gouvernement reste posée.
L'idée que la droite de gouvernement est de retour est encore prématurée. Elle est certes à nouveau présente au gouvernement et il y a incontestablement un effet Retailleau dans l'opinion. Mais chez les Français, il n'y a pas de progression de la préférence partisane en faveur des LR, qui restent pris dans un étau toujours très fort entre le RN et le bloc central, lequel capture encore une bonne partie des électeurs de droite.
Cette élection interne est donc importante pour faciliter ou pas ce retour de la droite au pouvoir. Au-delà des hommes, elle va aussi projeter une image de cette formation : a-telle quelque chose à dire aux Français de nouveau et d'intéressant ?