Baisse de popularité des leaders politiques favorables à la guerre en Irak
Bush, Blair, Howard, Aznar… Les popularités des chefs de gouvernement favorables à une intervention militaire en Irak sont orientées à la baisse. Pour autant, cela n'entraîne pas forcément de défiance proportionnelle à l'égard des gouvernements.
Selon la dernière vague de l'enquête Ipsos/Cook Political Report (1) réalisée fin janvier, George W. Bush recueille encore 54% de bonnes opinions (contre 41% d'avis défavorable) : en un an, la chute est de plus de 20 points. Les baromètres qui remontent plus loin relèvent des baisses plus spectaculaires encore. Alors que Bush avait battu tous les records de popularité jamais enregistrés par Gallup pour un président des Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre (90% d'approbation), sa cote n'a cessé de s'effriter depuis (58% d'approbation contre 37% d'avis contraire en février). Par rapport à l'automne 2001, il a perdu entre 30 et 35 points de bonnes opinions dans tous les baromètres de satisfaction réalisés aux Etats-Unis. Cette dégringolade ne renvoie toutefois pas forcément à la gestion de la crise irakienne (un peu plus d'un Américain sur deux approuve la manière dont Bush gère ce dossier, contre environ 40% d'avis contraire, proportions relativement stables). Elle marque aussi la fin progressive d'une union nationale née sur les cendres des twin towers : l'émotion et l'urgence ne laissant plus de place à la critique, dès le 11 septembre, l'ensemble de la population s'était immédiatement rangée derrière un Bush déterminé (2). Depuis l'automne 2002, les questions économiques et sociales sont revenues au premier rang des préoccupations des Américains, devant les problématiques de guerre ou de terrorisme, d'où la résurgence des clivages sur des thèmes politiquement moins consensuels.
La chute de popularité est plus soudaine pour les autres leaders politiques favorables à la guerre. En février, la cote de Tony Blair est tombé à -20 points en terme de solde (3), ce qui n'était pas arrivé depuis deux ans et demi. Le niveau d'approbation concernant le travail du Premier ministre Australien John Howard est passé en février 2003 à 48% (contre 60% en novembre et 56% en janvier, baromètre NewsPoll/The Australian). En Grande-Bretagne comme en Australie, les baisses de popularité des Premiers ministres n'ont toutefois pas entraîné de jugements significativement plus sévères à l'égard des gouvernements. Si le Labour de Tony Blair baisse de 5 points dans les intentions de vote, il devance toujours assez largement le Parti Conservateur, il est vrai également favorable à la position américaine sur l'Irak. En Australie, les prises de position du gouvernement, et particulièrement l'envoi de troupes aux côtés des soldats américains et britanniques déjà stationnés dans le Golfe persique, n'ont pas changé le rapport de force politique dans le pays. Si la position du gouvernement, favorable à une intervention militaire quel que soit l'avis de l'ONU, a nuit à l'image du Premier ministre, cela n'a profité ni au Labour australien, opposé à toute intervention sans accord de l'ONU, ni aux formations plus à gauche, opposées à la guerre dans tous les cas, selon les dernières enquêtes d'opinion (3).
La situation pourrait s'avérer plus délicate pour le gouvernement espagnol, la catastrophe consécutive au naufrage du pétrolier Prestige ajoutant à la gronde d'une opinion massivement défavorable à la guerre en Irak. Les bonnes opinions concernant l'action d'Aznar à la tête du gouvernement sont passées de 50 à 35% au cours des trois derniers mois. Dans le même temps, le Parti Socialiste (PSOE) est passé devant le Parti Populaire (PP) dans les dernières intentions de vote (4).
A titre de comparaison, l'action du président de la République française recueille dans la dernière vague du baromètre Ipsos-Le Point (5) 62% d'opinions favorables, en hausse de 4 points par rapport à janvier. La côte de Jacques Chirac a surtout progressé chez les sympathisants de gauche, qui redeviennent pour la première fois depuis septembre 2001 majoritairement favorables à son action (46%, contre 37% en janvier 2003, +7 points).
(1) Baromètre Ipsos-Cook Political Report
(2) Cf.; l'analyse des mouvements d'opinions consécutifs aux attentats, publiée sur Ipsos.fr : 11/09/01 - 11/09/02 : l'onde de choc s'amortit
(3) Différence entre bonnes (35%) et mauvaises opinions (55%), baromètre ICM / The Guardian.
(3) 42% des électeurs australiens soutiennent le gouvernement, 36% le Labour, proportions stables par rapport aux dernières vagues - enquête Newspoll réalisée du 14 au 16 février
(4) Enquêtes Pulsometro et SigmaDos/El Mundo
(5) Le président de la République, soutenu dans sa politique internationale - baromètre Ipsos-Le Point, vague de février