Baromètre Covid-19 : les Français déclarent sortir 1h09 par jour

Datacovid livre les résultats de la 1ère vague du “Baromètre COVID-19”. Réalisée par Ipsos auprès de 5000 Français âgés de 18 ans et plus du 7 au 14 avril, cette vaste enquête hebdomadaire a d’abord vocation à recueillir le plus de données possibles sur les niveaux de ressenti des symptômes de l’infection en tenant compte des antécédents médicaux, les taux de diagnostic et de dépistage déclarés, ou encore la capacité à respecter les règles de confinement et les gestes barrières et sur les populations à risques. Chaque semaine, un éclairage ponctuel portera sur une dimension particulière de cette crise qui bouleverse la vie des Français. Le module de cette première vague est consacré au thème de l’acceptation de l’utilisation des données personnelles dans la lutte contre l’épidémie.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
  • Adeline Merceron Responsable d'activité santé - Département Public Affairs
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L’ambition de l’initiative Datacovid, conseillée par un Comité d’experts et soutenue par un Think tank, est de proposer de nouvelles données anonymes et en open data aux scientifiques, aux acteurs publics et à tous les citoyens qui combattent l’épidémie. Il s’agit de leur donner des informations leur permettant de suivre les comportements des Français et leurs impacts sur la dynamique de l’épidémie. Chaque semaine, Le Monde publiera en exclusivité une partie des résultats de cette vaste enquête pour dresser un panorama de la semaine passée sur les ressentis, les perceptions et les comportements des Français face à l’épidémie et ses multiples conséquences. 


L’épidémie de Coronavirus et le système de santé deviennent les premières préoccupations des Français, loin devant le changement climatique, le pouvoir d’achat, le chômage et l’éducation

La hiérarchie des préoccupations des Français est désormais totalement bouleversée par l’épidémie de Coronavirus, qui devient leur principale préoccupation (76%), loin devant le système de santé (42%). Le changement climatique (33%) et le pouvoir d’achat (31%) sont encore plus éloignés au sein de cette hiérarchie de leurs préoccupations, devant le chômage (18%) et l’éducation (14%). Ce ne sont pas encore les conséquences économiques et sociales du confinement qui inquiètent aujourd’hui le plus les Français mais bien l’épidémie elle-même et la capacité du système de santé à y faire face. Il est vrai que cette première enquête a été réalisée juste avant l’annonce par le Président de la République d’un possible déconfinement le 11 mai.

Autre marqueur de leur très forte inquiétude, ils évaluent la gravité de l’épidémie à 8,5/10. Plus d’1 Français sur 3 lui donne une note maximale de 10/10.  Une inquiétude logiquement plus forte chez les personnes âgées de plus de 65 ans (note moyenne de 8,9/10) que chez les moins de 35 ans (note moyenne de 7,9/10).

Plus d’1 Français sur 10 estime avoir été infecté par le Coronavirus mais seulement 1% dit avoir été diagnostiqué par un test de dépistage

Si 13% des Français considèrent avoir été infecté, dans les faits seulement 1% déclare avoir été diagnostiqué par un test de dépistage. Parmi les Français qui estiment avoir été infectés, 3% déclarent avoir eu les symptômes et consulté un médecin, tandis que 5% disent les avoir ressentis mais n’ont pas consulté. Enfin 3% disent ne pas avoir eu les symptômes caractéristiques mais pensent l’avoir contracté.

Près d’1 Français sur 5 déclare avoir été en contact depuis le début de l’épidémie avec une personne diagnostiquée par un test de dépistage

17% des Français déclarent en effet avoir la certitude d’avoir côtoyé un malade dépisté par un test : 5% au sein du foyer et 12% à l’extérieur. Cette certitude est logiquement plus forte au sein des régions Ile-de-France (21%) et Grand-Est (21%). Toute la façade Ouest déclare aussi des niveaux de confrontation moindre avec des malades dépistés : en Bretagne (10%), dans les Pays de la Loire (12%), en Nouvelle-Aquitaine (12%) et en Occitanie (13%).

Les personnes âgées sont celles qui déclarent les niveaux de contact les moins importants (seulement 7% des 65 ans et plus l’ont vécu contre 26% des 25-34 ans). Presqu’1 actif sur 3 travaillant en dehors de son domicile dit avoir été en contact avec des personnes dépistées comme malades du coronavirus (31%). 

Un bon niveau de pratique des gestes barrières mais beaucoup de Français pourraient sans doute mieux faire !

Globalement, les Français déclarent avoir une assez bonne pratique d’un certain nombre de gestes barrières qu’ils disent faire « tout le temps ». C’est le cas pour : ne pas serrer la main, ni embrasser (87%) ou éviter les regroupements (85%). Toutefois, certains gestes sont moins systématiquement pratiqués : c’est le cas du maintien à une distance d’1 mètre (72% le font systématiquement), se laver les mains plusieurs fois par jour à l’eau et au savon (68%), utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter (67%) ou encore tousser, éternuer dans son coude ou un mouchoir (seulement 55%).

Certains gestes sont encore moins systématiques mais pour des raisons aussi liées à leur faible disponibilité comme l’utilisation du gel hydro-alcoolique (20%) et le port de masques (6% tout le temps, 15% souvent).

Les jeunes, notamment les 18-24 ans sont ceux qui les appliquent le moins (par exemple seulement 59% maintiennent une distance d’un mètre avec les personnes hors du foyer contre 84% des 65 ans et plus). Les hommes respectent aussi moins les gestes barrières que les femmes (par exemple seulement 59% utilisent des mouchoirs à usage unique et les jettent contre 73% des femmes)

Les Français déclarent sortir 1h09 par jour : une moyenne qui masque des temps de sortie très différents

D’abord parce que lorsque l’on recalcule cette moyenne sur la seule population des personnes qui déclarent sortir, la durée moyenne des sorties monte à 2 heures et 12 minutes.

Le temps de sortie déclaré varie beaucoup en fonction du statut professionnel des personnes, logiquement plus long chez les personnes travaillant hors domicile (presque 4h00 en moyenne) et plus court chez ceux faisant du télétravail (1h06). Il est aussi plus important en zones rurales (1h23) qu’en centres urbains (1h01).

La région d’habitat est aussi un facteur différenciant : les temps de sortie sont les moins élevés en Ile-de-France (59 mn) et ils sont les plus longs en Normandie (1h16), et surtout en Bretagne (1h39).

Les Français divisés sur l’utilisation d’une application installée sur leur téléphone portable pour fournir des informations permettant de lutter contre l’épidémie

Comme l’a démontré une étude scientifique[1], une application qui informe sans délai les personnes ayant été en contact avec une personne diagnostiquée positive au coronavirus peut permettre de contrôler l'épidémie si elle est adoptée assez largement. La mesure de la proportion de Français qui accepterait d’utiliser une telle application constitue donc un élément clé pour évaluer l’efficacité d’une telle mesure.

56% des Français déclarent qu’ils accepteraient d’utiliser une application mobile qui de façon anonyme fournirait des informations sur leurs déplacements et leurs contacts, pour prévenir, tester et traiter les personnes potentiellement exposées. A l’opposé, 1 personne sur 3 refuserait (33%), tandis que 11% ne savent pas. Les plus favorables à cette mesure sont les 18-24 ans (62%), les cadres supérieurs (66%) et les Franciliens (61%).

Moins de la moitié (47%) des Français approuveraient le fait que leur opérateur puisse installer une telle application sur leur téléphone à la demande du gouvernement. 39% s’y opposent (plus particulièrement les 25-34 ans) et 14% ne savent pas. Le niveau d’approbation est donc beaucoup plus modéré à partir du moment où l’application est automatiquement mise en place. Si c’était le cas, près d’1 Français sur 3 déclare qu’il la désinstallerait (31%), contre 33% qui ne le feraient pas et 36% qui ne savent pas comment ils réagiraient. Les hommes déclarent plus que les femmes qu’ils la désinstalleraient (34% contre 28% pour les femmes), ainsi que les 25-34 ans (37%).

Ces observations, réalisées entre le 7 et le 14 avril pourraient avoir évolué depuis que le sujet a pris de l’importance dans le débat public.

 

Vous souhaitez vous mobiliser et devenir partenaires du Baromètre Covid-19 ?

 

Pour réaliser ces enquêtes qui nous permettent de recueillir ces données avec et pour les chercheurs qui luttent contre le Covid-19, et les offrir ensuite à l’ensemble de la communauté scientifique en open-data, nous avons besoin que des entreprises citoyennes nous rejoignent dans notre combat.

Notre but est de répondre à une situation urgente en continuant à collecter des données stratégiques permettant aux chercheurs de mieux comprendre comment se répand l’épidémie et de plus facilement identifier les mesures les plus efficaces à mettre en place pour la stopper.

Ils nous ont déjà rejoint et sont devenus sponsors du Datacovid : 
 

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Ils soutiennent le projet par la mobilisation de leurs compétences et expertises :
 

Hogan Lovells Early Metrics DreamQuark Agalio


Publié en exclusivité par Le Monde :
 

Le monde
 

 


Fiche technique : enquête Ipsos pour Datacovid menée du 7 au 14 avril 2020 auprès de 5 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
[1] Ferretti et al. (2020) Quantifying SARS-CoV-2 transmission suggests epidemic control with digital contact tracing. Science.
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  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
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