Baromètre Covid-19 : près de 9 Français sur 10 inquiets d'une reprise de l'épidémie après le déconfinement
Le baromètre COVID-19 livre les résultats de sa 4ème vague hebdomadaire. Réalisée par Ipsos pour l’association Datacovid auprès de 5 000 Français âgés de 18 ans et plus du 28 avril au 4 mai, cette vaste enquête a pour ambition de proposer des données anonymes et en open data aux scientifiques, aux acteurs publics et à tous les citoyens qui combattent l’épidémie. Il s’agit de leur délivrer des informations leur permettant de suivre les comportements des Français et leurs impacts sur la dynamique de l’épidémie.
8% des Français sont désormais quasiment certains d’avoir eu le coronavirus : un chiffre stable mais dont l’évolution va devoir être suivie avec attention
1% des Français dit avoir été testé positif, seulement 3% déclarent avoir eu les symptômes et consulté un médecin et 4% disent les avoir ressentis mais n’ont pas consulté (chiffre stable), soit un total de 8% d’individus qui estiment qu’il y a des risques très sérieux qu’ils aient eu le coronavirus.
Ce taux de contamination déclaré est resté extrêmement stable au cours des 4 dernières vagues du baromètre, son évolution devra être suivie très attentivement au cours des prochaines semaines.
Des motifs d’inquiétude : dans certaines régions l’application des gestes de distanciation sociale recule.
Les comportements de distanciation sociale, gestes essentiels pour faire barrière au Covid-19 semblent de plus en plus compliqués à suivre. Ils continuent de s’éroder : c’est le cas de « rester chez soi » (52% le font tout le temps, -2 points) ou encore « éviter les regroupements » (82%, -1 point). Le nombre moyen de contacts à moins d’1m avec des personnes hors du foyer sur 24h augmente encore (6,4 contre 4,2 durant la semaine du 7 au 14 avril). Presqu’un Français sur six déclare d’ailleurs avoir des doutes sur les consignes de distanciation sociale (14%). Plus grave, un interviewé sur cinq avoue qu’il ne fera plus tout le temps tous les gestes barrières si l’épidémie ne reprend pas dans les jours qui suivent le confinement (21%). Cette 4ème vague montre que dans certains territoires, leur application devient de plus en plus problématique actuellement.
En Région Ile-de-France, la proportion d’habitants maintenant tout le temps une distance d’au moins 1 mètre a diminué (64% contre 70% lors de la 1ère vague, -6 points). De même, les Franciliens avouent de moins en moins éviter les regroupements (79%, -4 points depuis la 1ère vague du baromètre). Le nombre de contacts avec des personnes hors du foyer à moins d’un mètre progresse chez les individus qui sortent (en moyenne presque 8 personnes sur 24h contre 5 lors de la 1ère vague). Le même phénomène s’observe dans un certain nombre de régions, plus particulièrement dans celles qui sont au-dessus de la Loire. Dans la Région Grand-Est (82% évitent les regroupements, -5 points depuis la 1ère vague, 65% maintiennent une distance d’1 mètre avec les personnes hors foyer, -3 points depuis la 1ère vague – et déclarent être en contact avec 6,6 personnes en moyenne par 24 h contre 3,3 lors de la 1ère vague) mais aussi dans les Hauts-de-France (83% évitent les regroupements, -3 points depuis la 1ère vague – 68% maintiennent une distance d’1 mètre avec les personnes hors foyer, -6 points depuis la 1ère vague – en contact avec 7,4 personnes en moyenne par 24 h contre 4,1 lors de la 1ère vague) ou encore dans les Pays-de-la Loire (79% évitent les regroupements, -3 points depuis la 1ère vague – 64% maintiennent une distance d’1 mètre avec les personnes hors foyer, -8 points depuis la 1ère vague – en contact avec 8,6 personnes en moyenne par 24 h contre 4 lors de la 1ère vague).
Le port du masque progresse mais moins d’un Français sur deux le met régulièrement et beaucoup ne savent pas comment le porter
40% des Français déclarent porter tout le temps ou souvent un masque (une progression de 5 points depuis la semaine dernière). On est toutefois encore loin d’un port systématique par une grande partie de la population. L’utilisation systématique du masque est plus élevée en Ile-de-France (22% contre 17% au global), elle est plus faible en Normandie (13%) et en Bretagne (10%).
Autre point sensible, un Français sur trois déclare avoir des doutes les consignes de port du masque (33%). Au-delà de la consigne, il est donc impératif de ré-expliquer comment ce dernier doit être porté.
Le déconfinement fait peur et pour la très grande majorité, l’épidémie va repartir très fortement après sa mise en place
Près de neuf Français sur dix estiment probable, voire certain que l’épidémie reparte fortement à cause du déconfinement (87%). La grande majorité considère aussi comme quasiment acquis qu’il y aura une nouvelle épidémie à l’automne (85%). A l’opposé, seulement un personne sur cinq pense que l’épidémie va définitivement s’éteindre avec l’arrivée de l’été (20%).
D’ailleurs, la peur à l’égard de l’épidémie repart à la hausse. Elle reste la première préoccupation des Français (74%, +4 pts depuis la semaine dernière), loin devant toutes les autres : le système de santé (37%), le pouvoir d’achat (34%) ou le réchauffement climatique (30%). Mais ce sont les craintes liées au chômage qui progressent encore une fois le plus cette semaine (26%, + 4points).
L’épidémie fait émerger des préoccupations sociales fortes chez beaucoup de Français : de la crainte pour son emploi au sentiment d’exclusion
Près d’un actif sur trois déclare que ses craintes de se retrouver au chômage ont augmenté (32%). Si pour beaucoup, le temps de travail a diminué (44%), il s’accompagne aussi d’une baisse de revenus (41%). Plus grave, la perte de rémunération est plus fréquemment ressentie par les catégories socioprofessionnelles les plus fragiles (46% contre 37% pour les CSP+).
Chez les inactifs, l’épidémie a très fortement augmenté la crainte de ne pas trouver d’emploi (68% dont 47% avouent même qu’elle a beaucoup augmenté). Chez les étudiants, elle suscite une peur majoritaire de ne pas réussir ses études (cette préoccupation a augmenté chez 58% d’entre eux). Le sentiment d’être bien intégré à la société a d’ores et déjà régressé chez 27% des inactifs (dont 33% des chômeurs, 39% des étudiants). Près d’un inactif sur quatre a déjà ressenti une diminution de ses revenus (24%).
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Publié en exclusivité par Le Monde :