Baromètre de l'action politique : Arlette Laguiller dans le top 5
Selon la dernière vague du baromètre politique Ipsos-Le Point, Arlette Laguiller fait aujourd'hui partie des cinq personnalités politiques les plus appréciées des Français. Elle devance notamment l'ensemble des leaders de droite. Jacques Chirac et Lionel Jospin voient leurs popularités se redresser après les baisses de ces derniers mois. Enfin, François Bayrou peine à ancrer l'idée de sa candidature présidentielle dans l'opinion.
Pour la première fois depuis son entrée dans le baromètre politique Ipsos-Le Point, Arlette Laguiller figure parmi les cinq personnalités politiques les plus appréciées des Français. Près d'une personne sur deux porte aujourd'hui un jugement favorable sur la dirigeante d'extrême gauche (49%, +6), contre 35% d'avis défavorables (-5), soit un solde de popularité largement positif (15). Visiblement, ses prises de position contre les vagues de licenciements de Marks et Spencer ou Danone, qui ont choqué les Français, trouvent une résonance certaine dans l'opinion. Malgré la radicalité de ses discours, son action est nettement mieux perçue que celle de la plupart des autres personnalités politiques. Robert Hue par comparaison n'enregistre que 36% de jugements favorables, contre 43% de défavorables, soit un solde assez largement négatif (-7). On ne peut toutefois pas dire que la forte popularité de Laguiller n'est due qu'à sa personnalité. Son image est en effet nettement moins consensuelle que celle des autres leaders de gauche. Soutenue par près des deux-tiers du "peuple de gauche" (catégories socioprofessionnelles inférieures, revenus modestes ou plus généralement "sympathisants de gauche"), Laguiller recueille toujours une majorité d'avis défavorables auprès des autres catégories de population. Sa forte popularité, après la bonne tenue des listes d'extrême gauche aux municipales, confirme en tous cas que l'extrême gauche bénéficie aujourd'hui d'un contexte d'opinion plutôt favorable. Son score à la présidentielle de 2002 sera à surveiller : l'hypothèse que la candidate de Lutte Ouvrière devance le ou la candidat(e) communiste n'est aujourd'hui plus à exclure.
Avec 54% d'opinions favorables, le Premier ministre regagne quatre points de popularité, ce qui ne comble que partiellement la lourde chute enregistrée en avril consécutivement à une conjoncture économique et sociale difficile (licenciements chez Danone et Marks et Spencer, inondations dans la Somme, etc.) Lionel Jospin est toujours le plus fortement soutenu par les "classes moyennes" (catégories socioprofessionnelles et tranches de revenus intermédiaires), mais bénéficie également d'une majorité d'opinions favorables aux extrêmes de l'échelle sociale. Sa popularité progresse d'ailleurs ce mois-ci le plus fortement dans les milieux populaires, qui avaient, il est vrai, été particulièrement sévères le mois dernier.
Grâce à une progression de cinq points des jugements favorables, Jacques Chirac tient toujours le Premier ministre à distance. Avec 58% de bonnes opinions (contre 30% de mauvaises), le Président de la République efface les baisses enregistrées ces deux derniers mois, et retrouve sa traditionnellement forte popularité.
Parmi les autres personnalités testées, on notera encore la détérioration d'image de François Bayrou. L'annonce de sa candidature à la présidentielle de 2002 et le début de déclinaison de son projet d'une " France humaine " n'ont pas eu d'impact positif sur sa popularité. Au contraire, le dirigeant de l'UDF perd quatre points de jugements favorables auprès de l'ensemble des Français, pour un solde devenant même négatif (-4, 32% de jugements favorables, contre 36% de défavorables). Plus ennuyeux pour lui, son image se dégrade auprès de son socle électoral, sympathisants de droite (48% d'opinions favorables, -5 points) et même proches de l'UDF (66% de jugements favorables, -6 points).
On remarquera enfin la nouvelle chute de Charles Pasqua, qui n'en fini pas de battre ses records d'impopularité.
Mis en cause dans plusieurs "affaires" (vente d'armes en Angola, financement du RPF, …), l'ancien ministre de l'intérieur perd encore ce mois cinq points de jugements favorables, pour n'être plus soutenu que par un quart des Français. Avec un solde de popularité de -30 (56% de jugements défavorables), le leader du RPF enregistre aujourd'hui son plus mauvais score depuis le lancement de notre baromètre, en août 1996. Le fait de toujours devancer son ex-partenaire Philippe de Villiers (solde de -34) ne sera certainement pour lui qu'une maigre consolation…