Baromètre de l’action politique : de l’état de grâce à la polarisation de l’opinion ?
A l’image du second tour des élections législatives, la nouvelle édition du Baromètre politique Ipsos Le Point, réalisée les 22 et 23 juin, vient nuancer le fort soutien accordé par l’opinion à l’ensemble des personnalités de droite lors de la vague post élection présidentielle. Signe d’une certaine polarisation de l’opinion, le très fort soutien des sympathisants UMP au couple exécutif est de plus en plus contrebalancé par la méfiance croissante des personnes se déclarant proches de la gauche.
Couple exécutif : soutien massif des sympathisants UMP, hostilité grandissante des sympathisants de gauche
Tout en restant élevée, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy s’érode quelque peu par rapport à la vague réalisée au lendemain de l’élection présidentielle. Six Français sur dix (61%) portent aujourd’hui un jugement favorable à l’égard de l’action du président de la République, contre 64% le mois dernier. A l’inverse, 31% des personnes interrogées se déclarent critiques à l’égard de son action, soit une hausse de 7 points en un mois. Ainsi, l’indice d’image de Nicolas Sarkozy (c'est-à-dire le solde entre les jugements positifs et les jugements négatifs) passe de +40 points en mai dernier à +30 points aujourd’hui. Cette évolution – à laquelle le très controversé projet de TVA sociale n’est sans doute pas étranger - traduit la fin de l’état de grâce dont bénéficiait le nouveau président de la République. Car si son image reste dans l’ensemble largement positive, c’est grâce à l’adhésion massive et sans précédent de son propre camp : 98% des sympathisants UMP lui apportent leur soutien, 43% ont même une opinion « très favorable » sur son action.A l’inverse, les personnes se déclarant proches de la gauche se montrent de plus en plus sévères à son égard : 65% d’entre elles portent un jugement critique sur Nicolas Sarkozy (+12 points), contre 26% (-6 points) qui sont de l’avis contraire. Ainsi, un mois seulement après l’investiture du nouveau président de la République, ses soldes d’image à droite et à gauche sont radicalement opposés : +97 points à droite, -39 points à gauche, soit un écart de 136 points. A titre de comparaison, Jacques Chirac enregistrait au cours de son deuxième mandat des scores nettement moins clivés : +58 points en moyenne sur les cinq années auprès des sympathisants UMP, -34 chez les sympathisants de gauche, soit un différentiel de 92 points. La très forte implication du nouveau président de République dans la définition de la politique gouvernementale explique sans doute pour beaucoup ces résultats.
Au regard de ces éléments, la cote de popularité du Premier ministre suit assez logiquement la même trajectoire que celle du président de la République. Avec 54% d’avis favorables contre 33% de jugements critiques, le solde d’image de François Fillon reste largement positif mais se dégrade, en passant de +36 points en mai dernier à +21 poins aujourd’hui. Tout comme Nicolas Sarkozy, il peut toujours compter sur le soutien massif des sympathisants UMP (88% d’opinions favorables, inchangé) mais suscite également de fortes réticences chez les sympathisants de gauche : deux tiers d’entre eux (67%, +18 points en un mois) jugent défavorablement son action, contre 21% qui en ont un avis favorable. Son solde d’image à gauche se situe ainsi à –46 points, soit au même niveau que Dominique de Villepin juste avant les dernières élections législatives ».
Contre coup de la « vague bleu » enregistrée en mai dernier, la tendance est également à la baisse pour la plupart des autres personnalités de droite testées. Ainsi, la popularité de Jean-Louis Borloo diminue (63% d’avis favorables, -4 points), de même que celles de Michèle Alliot-Marie (57%, -8 points), Alain Juppé (40%, -6 points), Xavier Bertrand (32%, -7 points), Brice Hortefeux (29%, -5 points) ou encore Hervé Morin (20%, -8 points).
Seules Roselyne Bachelot (49%, +2 points) et Rachida Dati (64%, +3 points) sont épargnées par cette tendance. La Ministre de la Justice, qui a bénéficié d’une forte médiatisation au cours des dernières semaines, atteint désormais la deuxième place du palmarès, juste derrière Bernard Kouchner (70%, inchangé).
Ségolène Royale en perte de vitesse, percée remarquée de Bertrand Delanoë…
La plupart des personnalités de gauche font au contraire l’objet d’un regain de popularité. Malgré les nombreuses controverses au sein du Parti socialiste, des leaders tels que Jack Lang (55% d’opinions positives, +5 points) ou Laurent Fabius (32%, +5 points) voient leur cote de popularité progresser. Mais c’est l’actuel maire de Paris - fort du succès de la gauche dans la capitale lors des élections législatives - qui réalise la percée la plus remarquée. En hausse de 6 points par rapport à mai dernier, Bertrand Delanoë cumule une progression de 12 points en deux mois et accède ainsi à la quatrième place du palmarès des personnalités politiques préférées des Français avec 60% de jugements positifs contre seulement 26% d’avis critiques. Si l’image du maire de Paris s’améliore auprès de l’ensemble des catégories de population y compris en province, cette tendance est particulièrement marquée chez les personnes se déclarant proches du MoDem (75% de bonnes opinions, soit une hausse de 29 points en deux mois).Dans un contexte marqué par la transition vers une nouvelle direction du Parti socialiste, cette évolution est d’autant plus significative que Dominique Strauss-Kahn (50%, -1 point), et, surtout, Ségolène Royal, ne profitent pas de cette dynamique favorable à la gauche. En effet, la popularité de l’ancienne candidate présidentielle du PS se dégrade (45%, -4 points, contre 52% d’avis défavorables), son indice d’image devenant négatif (-7) pour la première fois depuis son entrée dans le baromètre politique Ipsos Le Point, en avril 2004. Ces dernières déclarations sur le manque de crédibilité de certaines mesures du programme du PS semblent pourtant avoir eu un impact limité auprès des sympathisants socialistes, ces derniers la situant toujours en tête de leurs préférences (80% de jugements favorables sur son action, -4 points), juste devant Bertrand Delanoë (76%, stable).
… et des personnalités situées à la gauche du PS
Soulignons enfin la forte progression enregistrée par Olivier Besancenot et Marie-George Buffet. En hausse de 7 points en un mois et de 17 points depuis le début de l’année, le leader de la LCR atteint désormais 52% d’opinions positives et bat largement son record de popularité depuis son entrée dans ce baromètre en mai 2002. Même tendance pour Marie-George Buffet qui, avec 45% d’opinions favorables et une progression de 5 points par rapport à mai et de 14 points par rapport à janvier 2007, enregistre son meilleur score depuis mai 2002. Plus significatif, les leaders des partis situés à la gauche du Parti socialiste progressent de façon plus spectaculaire auprès des personnes se déclarant proches du PS : +20 points depuis janvier pour la secrétaire nationale du PCF (pour atteindre 65% d’opinions favorables), +20 points également pour Olivier Besancenot (67%), désormais la 5ème personnalité préférée des sympathisants socialistes…Fiche technique :
Les sondages:
Popularité de l'exécutif
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