Bertrand Delanoë devient la personnalité politique préférée des Français
L'élan de sympathie dont bénéficie Bertrand Delanoë suite à son agression le propulse en tête du palmarès des leaders politiques, dans la dernière vague du baromètre Ipsos-Le Point. Du côté de l'exécutif, Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin gagnent respectivement deux et trois points de bonnes opinions ; leurs popularités apparaissent aujourd'hui très proches, le Premier ministre ayant comblé un déficit initial de notoriété.
Conséquence directe de l'agression dont il a été victime, la hausse de 12 points de bonnes opinions mesurée aujourd'hui pour Bertrand Delanoë - les jugements favorables sur son action sont passés de 51 à 63% - relève d'une mécanique de soutien et de solidarité de l'opinion.
Un phénomène similaire avait déjà été enregistré dans notre baromètre à l'automne 1998, suite au grave accident d'anesthésie, occasionnant un arrêt cardiaque d'une heure et un comma de huit jours, dont avait été victime Jean-Pierre Chevènement. La vague de septembre 98 du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point matérialisait alors la poussée de sympathie de l'opinion pour son ministre de l'Intérieur, les jugements favorables progressant de 44 à 59% (+15 points) ; cette popularité ne fléchit que huit mois plus tard, au moment des élections européennes. Un an après l'accident, une enquête réalisée par Ipsos pour le magazine télévisé "Un an de plus" montrait que Chevènement apparaissait encore "plus sympathique" et "plus tolérant" qu'auparavant, pour plus de 40% des personnes interrogées.
Plus encore que pour Jean-Pierre Chevènement, le niveau de popularité atteint par le Maire de Paris devrait perdurer au-delà de sa convalescence.
En effet, Delanoë doit d'abord ce bond à un gain, forcément durable, de notoriété (les "sans opinion" passent en un mois de 24 à 8%), et moins en tout cas à la diminution des avis défavorables, qui ne baissent que de 3 points, de 24 à 21%.
Ensuite, les bonnes opinions relevées en Ile de France, chez les personnes censées mieux connaître son action, sont de 14 points supérieures à son score national (77% contre 63%).
Enfin, la popularité du maire de Paris, mesurée pendant son hospitalisation, progresse tout en restant clivée, à savoir sans devoir trop à la clémence qu'on imagine conjoncturelle et passagère, des proches de l'opposition. Delanoë obtient aujourd'hui son meilleur score chez les proches du Parti Socialiste (80% de jugements favorables), ce qui lui permet d'être non seulement la personnalité politique préférée des Français en général, mais aussi des sympathisants de Gauche en particulier (78% de bonnes opinions sur l'ensemble des proches de l'extrême gauche, du PC et du PS). En comparaison, la hausse de 11 points mesurée auprès des sympathisants de Droite (59% d'avis favorable) apparaît plus fragile.
Quoi qu'il en soit, son avance sur les autres ténors du Parti Socialiste chez les sympathisants de Gauche, en terme de jugements favorables, est aujourd'hui impressionnante : 12 points sur Martine Aubry (66% de bonnes opinions, -1), 19 points sur François Hollande (59%, -2), 22 points sur Laurent Fabius (56%, -1). Seuls Jack Lang (76% de bonnes opinions) et Bernard Kouchner (73%) restent dans les même strates de popularité que le Maire de Paris.
Comparativement à la progression enregistrée pour Delanoë, les autres variations apparaissent moins signifiantes. Les bonnes opinions envers Jacques Chirac progressent de deux points (54%, contre 38% d'avis contraire), pour des jugements toujours sévères à Gauche (62% de jugements défavorables) et franchement enthousiastes à Droite (86% de jugements favorables chez les proches de l'UMP et de l'UDF).
Au fur et à mesure que le Premier ministre gagne en notoriété (la proportion des personnes préférant ne pas se prononcer quant à son action est passée de 38% en mai dernier à 8% aujourd'hui), la structure de sa popularité converge vers celle du Président de la République. Les niveaux de jugements favorables (56%, +3) et défavorables (36%, +2) mesurés pour Jean-Pierre Raffarin sont à présent comparables à ceux relevés pour Jacques Chirac. Cette convergence vaut dans l'ensemble, mais aussi dans le détail, puisque l'on n'observe pas de différence significative entre les popularités des deux têtes de l'exécutif en fonction du sexe, de l'âge, du niveau de revenu, de la catégorie socioprofessionnelle, ou de la proximité partisane des interviewés.
Nicolas Sarkozy est actuellement le plus populaire des membres du gouvernement ; le ministre de l'Intérieur gagne encore ce mois-ci deux points de bonnes opinions (56%). Sarkozy reste surtout la personnalité préférée des sympathisants de droite, pour qui il fait presque l'unanimité (85% de jugements favorables ,+1).
Les autres ministres souffrent toujours d'un important déficit de visibilité, qui peine à se résorber : 56% des Français (-4 points par rapport à la vague de septembre) ne se prononcent pas quant à l'action de Francis Mer au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie ; 53% (-9) de non-réponses quant à l'action de Mattei à la santé ; 57% (inchangé) de non-réponses pour l'action du ministre délégué à la ville Jean Louis Borloo ; 39% de Français qui ne se prononcent pas quant à l'action de Roselyne Bachelot.
Parallèlement, un peu plus de quatre personnes sur dix (43%, -2) préfèrent ne pas porter de jugement sur l'action de François Fillon au ministère du travail. Si son projet de réforme de la loi sur les 35 heures semble toujours apprécié par les sympathisants de droite (46% apprécient son action, en baisse d'un point, contre 14% (+1) d'avis contraire), on semble en revanche de plus en plus sceptique à gauche (45% de mauvaises opinions, +7 points depuis la dernière vague, contre 20% de jugements favorables, -3).
A noter enfin l'entrée dans notre baromètre de Luc Ferry, qui enregistre lui aussi un important taux de non-réponses (51%) ; les bonnes opinions (34%) prennent ensuite le pas sur les avis défavorables (15%).