Bertrand Delanoë : une popularité et une image qui autorisent bien des ambitions
Alors que Bertrand Delanoë vient de se lancer indirectement dans la bataille pour la succession de François Hollande (via la publication, par ses proches, d’un texte « pour un grand congrès socialiste » le 6 mai dernier), 59% des Français déclarent que, entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, c’est le maire de Paris qu’ils préféreraient voir succéder à l’actuel premier secrétaire à la tête du Parti socialiste. Une proportion deux fois moins importante des sondés préfèrerait Ségolène Royal (28%), tandis que 9% des personnes interrogées ne souhaitent voir ni l’un ni l’autre à ce poste. Si les résultats sont plus équilibrés auprès des sympathisants du PS, ceux-ci sont toutefois plus nombreux également à exprimer leur préférence pour Bertrand Delanoë (52% contre 40% pour Ségolène Royal et 5% seulement « ni l’un ni l’autre »). Ces résultats sont assez conformes à ceux enregistrés dans le baromètre mensuel de l’action politique Ipsos / Le Point ces derniers mois. Malgré une baisse de 5 points de sa cote de popularité en mai, Bertrand Delanoë arrive en tête du palmarès des leaders politiques pour le 2ème mois consécutif (avec 65% de jugements favorables sur son action contre 40% seulement pour Ségolène Royal dont l’image s’est dégradée ces derniers mois). Soulignons que Bertrand Delanoë bénéficie d’une image plutôt bonne chez les sympathisants de l’UMP (53% d’opinions positives) alors que Ségolène Royal a, auprès d’eux, une image déplorable (12% seulement de jugements favorables). Mais surtout, Bertrand Delanoë est la personnalité politique préférée des sympathisants socialistes (83% de jugements favorables, +3 points depuis mai) et devance Ségolène Royal sur cette cible (70% soit un écart de 13 points) depuis février dernier.
Dans le détail, Bertrand Delanoë apparaît mieux placé que Ségolène Royal pour succéder à François Hollande – en cas de duel entre ces deux personnalités – pour toutes les catégories de la population, à l’exception des plus bas revenus (43% contre 44% pour Ségolène Royal). Il bénéficie particulièrement du soutien des hommes (61% contre 57% des femmes), des cadres supérieurs (71%), des Franciliens (75% contre 12% seulement pour Ségolène Royal) et des catégories socioprofessionnelles dites supérieures (en termes de niveau d’études et de niveau de revenu). Ségolène Royal, quant à elle, trouve des appuis un peu plus fermes chez les femmes (30% contre 25% des hommes), les moins de 35 ans (33% contre 25% des personnes de 35 ans et plus) et les employés (39%), même si la préférence de ces catégories de population va également à Bertrand Delanoë.
Parallèlement, 57% des personnes interrogés préfèreraient Bertrand Delanoë à Ségolène Royal (28%) comme Président de la République si la gauche l’emportait à l’élection présidentielle en 2012. Les résultats sur cette question sont très proches de ceux enregistrés pour la question précédente. Ils sont là aussi plus équilibrés chez les sympathisants PS même si, là encore, ceux-ci marquent également leur préférence pour l’actuel maire de la capitale (54% contre 40% pour Ségolène Royal et 3% seulement ni pour l’un ni pour l’autre). Les soutiens les plus forts de Bertrand Delanoë sont les mêmes que ceux identifiés précédemment. Notons que Bertrand Delanoë devance aussi légèrement Ségolène Royal auprès des électeurs ayant voté pour elle au 2nd tour de l’élection présidentielle de 2007 (46% contre 44%).
Ce résultat est confirmé par le fait qu’une majorité des Français interrogés estime que Bertrand Delanoë a l’envergure pour être président de la République (58% dont 16% « tout à fait »). Ce score est plutôt bon compte-tenu du fait que pour l’instant, Bertrand Delanoë est maire de Paris et demeure avant tout une figure politique locale. Son score est d’ailleurs légèrement meilleur chez les Franciliens (65%) mais apparaît positif également chez les sondés qui vivent en province (57%). Les trois-quarts des sympathisants socialistes jugent que Bertrand Delanoë a les épaules pour occuper une fonction présidentielle (74% dont 29% « tout à fait »), tout comme 63% des sympathisants de l’UDF-Modem. Bertrand Delanoë bénéficie donc d’une large assise et d’un réel potentiel électoral pour l’avenir, dans l’éventualité d’une candidature à l’élection présidentielle de 2012.
L’image qu’il renvoie est celle d’un homme politique plutôt traditionnel (contrairement à Nicolas Sarkozy et dans une moindre mesure Ségolène Royal pendant la campagne). Il est jugé avant tout compétent (73% des sondés déclarent que cet adjectif correspond plutôt bien à l’image qu’ils ont de Bertrand Delanoë, dont 85% des sympathisants PS et 67% des sympathisants UMP) et charismatique (71% dont 83% des sympathisants PS) alors que 54% seulement des personnes interrogées estiment qu’il « incarne une nouvelle manière de faire de la politique » (mais 67% des sympathisants du PS). 51% des sondés le jugent « calculateur », 41% pensent qu’il « manie la langue de bois », traits d’image associés traditionnellement aux hommes politiques (alors que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal jouaient au contraire la carte de la « transparence » et du « parler vrai » pendant la campagne).
A l’inverse, Bertrand Delanoë n’est finalement pas jugé « trop autoritaire » (37% seulement des sondés estiment que ce trait d’image lui correspond bien), ni « trop solitaire » (35%) alors que ce sont des critiques qu’on lui adresse généralement. Soulignons toutefois que ces traits d’image lui sont davantage associés par les sympathisants du PS (45% le jugent « trop autoritaire » et 40% « trop solitaire »).
Globalement, le maire de Paris bénéficie donc d’une image plutôt positive. 69% des personnes interrogées estiment qu’il est « moderne » (mais 64% seulement des moins de 35 ans), 69% également qu’il « inspire confiance ». 67% le jugent « tolérant » et 64% « sincère » (74% des sympathisants PS et surtout 76% des sympathisants UDF-Modem). 62% des personnes interrogées, et notamment 75% des sympathisants PS, pensent qu’il « peut moderniser le Parti socialiste en profondeur ». Si 57% des sondés estiment qu’il « incarne une vision de la France trop parisienne », il s’agit en fait d’une impression plus prononcée chez les Franciliens (62%), fruit peut-être d’un préjugé. Enfin, un tiers seulement des personnes interrogées le juge « froid et distant » (33%).
Notons pour terminer que les taux de sans-réponses sont plutôt faibles sur ces questions d’image détaillée, notamment lorsque l’on tient compte du fait que Bertrand Delanoë est une figure politique locale, ce qui signifie qu’il bénéficie déjà d’une image assez construite, qu’il lui reste à capitaliser au cours des prochains mois.