Biocarburants : un succès garanti si le prix reste compétitif
La deuxième vague d'une enquête Ipsos/Collective du bioéthanol montre que la préoccupation environnementale reste omniprésente dans l'opinion et que les Français encouragent presque unanimement le développement des biocarburants. Il y voient de nombreux avantages et sont prêts à en utiliser dans leurs véhicules, à condition d'en trouver facilement dans les stations services, et surtout qu'il ne coûte pas plus cher que le carburant traditionnel.
En quelques années, les Français sont passés de la sensibilité à la préoccupation environnementale. Avec la crise économique, la préoccupation écologique a été rejointe par les craintes économiques. En 2010, lors de la dernière vague de l’Observatoire, les résultats avaient montré que les Français se montraient particulièrement favorables au développement des biocarburants pour lutter contre les atteintes à l’environnement. Dans un contexte économique morose, le bioéthanol était déjà perçu comme un atout économique dans le secteur de l’énergie. Ils attachaient aussi beaucoup d’importance aux possibilités de développement économique potentiel de ce secteur.
Entre 2010 et 2011, on a vu les préoccupations relatives au pouvoir d’achat s’accroître fortement et plus spécifiquement celles relatives à la maîtrise des dépenses énergétiques. La volonté de mieux maîtriser les coûts de l’énergie est devenue extrêmement prégnante au sein de l’opinion. Le développement de ce phénomène explique pour beaucoup que l’intérêt des consommateurs pour le bioéthanol connaisse une nouvelle augmentation en 2011. D’ailleurs, l’intérêt économique de cette source d’énergie semble même l’emporter sur ses qualités écologiques même si elles restent un élément très important pour eux. Par ailleurs, cet attrait pour le bioéthanol est concomitant à une incapacité massive d’identification de ce carburant. Les consommateurs déclarent ne le voir que très peu en stations et se montrent en demande d’information sur le sujet.
Surtout, ces mouvements observés au sein de l’opinion illustrent relativement bien le nouveau rapport que les Français entretiennent avec les produits présentés comme plus respectueux de l’environnement. La crise économique a eu pour conséquence de modifier leurs attentes. Ils souhaitent toujours consommer des produits plus écologiques mais qui leur apportent aussi des bénéfices directs et mesurables. Si l’intérêt pour le bioéthanol s’est renforcé, c’est aussi parce qu’il répond en partie à ces nouvelles préoccupations.
Désormais, près de 9 Français sur 10 se disent prêts à utiliser un carburant à base de bioéthanol pour lutter pour la préservation de l’environnement mais l’argument prix est désormais très fort
87% des Français déclarent que pour lutter contre le réchauffement climatique, ils seraient prêts à utiliser des carburants contenant du bioéthanol dans leur véhicule (contre 78% en 2010). Preuve que la sensibilité environnementale des Français reste non seulement très élevée et les pousse à toujours à modifier leurs comportements mais aussi qu’elle continue de progresser. Cet indicateur gagne 9 points entre 2010 et 2011. Mieux, près de 6 personnes sur 10 affirment qu’elles seraient même « tout à fait » prêtes à le faire (58% contre 50% en 2010. Les Français considèrent même que le bioéthanol doit constituer une priorité en matière d’environnement pour les années à venir en France (74% contre 68% en 2010).
Toutefois, l’argument prix est en train de devenir l’un des principaux leviers les plus à même de les convaincre d’utiliser plus souvent du SP 95-E10 contenant jusqu’à 10% de bioéthanol. Lorsqu’on leur demande ce qui serait le plus à même des les convaincre d’utiliser plus fréquemment ce carburant, ils citent le prix (28%), devant le fait qu’il soit plus écologique (17%).
C’est là l’une des nombreuses illustrations de la très forte sensibilité des Français à la maîtrise des coûts de l’énergie. Ces deux arguments arrivent loin devant la compatibilité du véhicule (12%) ou encore la mise à disposition de ce carburant dans toutes les stations (2%) qui sont pourtant des préalables à l’utilisation même de ce type de carburant.
Le fait que ce carburant soit appelé à être le carburant européen de référence est un argument qui a un impact très faible au sein de l’opinion (seulement 2%). Au final, la proportion de conducteurs opposés à l’utilisation de SP95-E10 contenant jusqu’à 10% de bioéthanol est très minoritaire (31%).
Des avantages écologiques et économiques qui dans le contexte actuel suscitent un très fort souhait de voir la filière se développer de façon importante : plus de 7 Français sur 10 estiment que l’usage du bioéthanol n’augmente pas suffisamment
Les attraits écologiques et économiques du bioéthanol sont venus renforcer le souhait de voir la filière prendre plus d’importance. Les Français y voient de moins en moins d’obstacles. En effet, ils considèrent très majoritairement qu’il y a suffisamment de terres cultivables en France pour produire à la fois des aliments de consommation et du bioéthanol (64%).
Bien au contraire, la très grande majorité des personnes interrogées considère que le développement de la filière aurait de très forts avantages et notamment sociaux. Ainsi, près de 7 Français sur 10 affirment que le développement de la filière permet de créer des emplois en France (68% (+3 points par rapport à 2010). L’activité est aussi considérée comme étant à même de réduire la dépendance énergétique de la France vis-à-vis de pétrole (74%, +4 points).
Une attente forte : aider le développement du bioéthanol en le taxant moins
La filière bénéficie aujourd’hui d’une image telle que la très grande majorité d’entre eux considère qu’il faut moins de taxes que sur l’essence pour pousser les gens à en consommer et à moins nuire à l’environnement (70%).
Entre 2010 et 2011, la proportion d’individus soutenant le système d’aide s’est même accrue (+8 points). A l’opposé, la part des individus estimant « qu’il ne faut pas moins de taxes que sur l’essence car c’est couteux et que les gens ne l’utiliseront pas plus » diminue très fortement (24%, -10 points depuis 2010).