Bug de l’an 2000 : le monde informatisé est optimiste
La grande majorité des habitants des pays riches ne craint guère les effets du bug de l’an 2000. La prévention de ce problème informatique a mobilisé la quasi-totalité des entreprises et coûté beaucoup d’argent.
Les habitants du monde informatisé ne semblent pas beaucoup craindre le fameux bug de l'an 2000. Sa prévention aurait, au total, coûté 250 milliards de dollars selon la société américaine de consultants en technologie de pointe IDC. Ces énormes dépenses rendent les Américains confiants. Selon une enquête Associated Press réalisée du 15 au 19 décembre auprès de 1010 personnes, 5% seulement des personnes interrogées s’attendaient à " d’importants problèmes " informatiques liés au passage à l’an 2000. Le pourcentage d’inquiets était de 11% en juillet.
Seulement 16% des sondés prévoient que ces ennuis dureront " plus de deux semaines ". La proportion d’optimistes estimant que le bug fera des siennes pas plus de quelques jours a augmenté de 22% à 36%. Les problèmes les plus souvent évoqués concernent la fourniture d’énergie (un tiers des réponses), les banques et services financiers, les transports, le téléphone et la distribution alimentaire.
Au demeurant, le bug Y2K a déjà frappé aux Etats-Unis. Selon une enquête de la National Federation of Independent Business, il a touché une petite entreprise sur vingt avant même la date fatidique. Pour le groupe Gartner, société américaine de recherche en technologie de pointe, 30% des problèmes se seront manifestés avant l’an 2000.
La crainte du bug a pu inciter certains Américains à rester chez eux pour les fêtes du Nouvel An. Les trois quarts d’entre eux ne bougeront pas à cette occasion, selon une enquête réalisée auprès de 1500 personnes en août dernier par la Travel Industry Association of America (TIA). Le souci d’éviter la foule est cependant aussi pour beaucoup dans ce cocooning new year. Les futurs voyageurs ne sont d’ailleurs ni vraiment plus ni réellement moins inquiets que ceux qui ne quitteront pas leur domicile. On remarque toutefois que les Américains ayant l’intention d’utiliser leur voiture sont beaucoup moins insouciants du bug que ceux qui envisagent de monter dans un avion : 24% des roulants n’ont " jamais pensé aux effets du bug de l’an 2000 sur les transports " contre 33% des volants.
Dans les autres pays, d’importantes mesures préventives sont théoriquement de nature à calmer l’opinion. En Grande-Bretagne, 93% des entreprises de plus de 250 employés auraient pris leurs précautions. En Allemagne, selon un sondage de l’Institut de recherche économique, seulement 1,8% des entreprises n’avaient pas traité la question. Au Japon, où les autorités ont multiplié les mises en garde, le quotidien Yomiuri n’a trouvé que 40% de sondés concernés par le problème et ayant pris des dispositions particulières. En Russie même, classé pays à risque par les spécialistes, l’optimisme est de rigueur. Une enquête d’opinion indique que les deux tiers des 667 personnes interrogées par Esko Moskvy pensent que le bug ne les affectera pas. Parmi les rares fausses notes pessimistes, citons pour finir l’avertissement de l’économiste en chef de la Deutsche Bank. Edward Yardeni estime à 70% des risques d’une récession mondiale provoquée par le bug...