Bulletin de conjoncture socio-économique à la Réunion
Ipsos, deuxième groupe mondial d'études de comportements et d'opinion par enquête (sondages et analyses psychosociologiques non quantitatives) met à la disposition des décideurs réunionnais le premier numéro de son bulletin trimestriel de conjoncture économique et sociale à la Réunion.
Les indicateurs suivis, en enquête permanente, observent les comportements et les attitudes des réunionnais de plus de 15 ans ainsi que, par vague, des chefs d'entreprises.
La présente note constitue le commentaire du bulletin du 1er trimestre 2003.
Dans la suite du présent document, 1T03 signifie 1er Trimestre 2003. Les données sont présentées arrondies au pourcent le plus proche (confort de lecture). Les totaux peuvent différer de 100 en raison des cumuls d'arrondis.
Ce bulletin sera réactualisé chaque trimestre. Il est accessible par abonnement annuel, sous forme synthétique ou détaillée (voir tableaux en annexes), accompagné des commentaires de l’institut.
Pour tout renseignement, contacter
Cynthia Pachovski - responsable des études DOM - Ipsos
01 56 56 30 38
[email protected]
PLAN GENERAL DE PRESENTATION
I - Principales conclusions pour le premier trimestre 2003
II - Conjoncture économique : l'état de la demande
- Les ménages : comportements, intentions de dépenses et de consommation
- Les entreprises : moral, confiance, intentions d'investissements et d'embauches
III - L'état de la conjoncture sociale
- Etat du moral des individus
- Etat des sujets de préoccupations des individus
- Etat de la confiance des individus
- Etat du potentiel de mobilisation sociale des individus
IV - Etat de l'opinion sur 2 leviers identifiés à la Réunion
- La stimulation de la consommation locale
- La mobilité
Annexe : principaux indicateurs - tableaux de données 1er trimestre 2003
I - PRINCIPALES CONCLUSIONS POUR LE PREMIER TRIMESTRE 2003
- Après une année 2002 de stagnation de la demande des ménages, les perspectives s'améliorent au premier trimestre 2003 (tendance globale récente à confirmer dans le futur, à nuancer sectoriellement).
- Les entreprises gardent des intentions élevées en matière d'investissements, au plus haut depuis avril 2001, en ligne avec le dynamisme de cette variable sur les dernières années en général et le second semestre 2002 en particulier.
- En revanche, les intentions d'embauches sont en recul, au plus bas depuis avril 2001, avec un risque d'infléchissement du dynamisme de création d'emploi privé qui a caractérisé l'économie locale ces dernières années (cf. hypothèses de croissance de la demande des ménages et des revenus). Cependant, l'influence particulière de projets importants localement (embauches Air Austral sur l'ouverture de la desserte métropole, route des Tamarins, par exemple) et les évolutions réglementaires (loi sur 15 ans) peuvent être de nature à faire sensiblement évoluer la situation.
- Les indicateurs de moral des individus sur la situation perçue à date sont en léger recul entre le 4T02 et le 1T03, les principales préoccupations (dans la liste proposée) restent de loin le chômage et la sécurité au sens large, suivis de la pauvreté et de l'exclusion.
- La confiance en l'avenir progresse faiblement et de façon assez peu rationnelle, elle a tendance à disjoindre les éléments individuels des éléments collectifs ; le potentiel de mobilisation sociale montre une sensibilité marquée depuis le début de l'année.
II - CONJONCTURE ECONOMIQUE : L'ETAT DE LA DEMANDE
A. LA DEMANDE PUBLIQUE
NB : pas d'expertise particulière d'Ipsos OI en la matière, nécessité d'un commentaire d'expert pour cet aspect de la demande, en plus de cette présentation
- Des signes contradictoires entre ceux, positifs, liés à la LOOM et la loi sur 15 ans en préparation, combinées à des besoins en investissements (logement, transports par exemple) toujours soutenus d'une part, et ceux, moins favorables, liés à la conjoncture à plus court terme, nationale, européenne et internationale d'autre part.
B. LES MENAGES : COMPORTEMENTS, INTENTIONS DE DEPENSES ET DE CONSOMMATION (MACRO-INDICATEURS 1993-2002, SOURCE IEDOM)
- 1993 - 2001 : cycle de croissance forte (7% / an monnaie courante)
- Facteurs explicatifs : croissance des revenus et du recours au crédit (endettement)
- Caractéristiques de consommation : phase plutôt régulière de rattrapage des niveaux d'équipement et de dynamisme général (stimulé aussi par la croissance de l'offre)
- Attention pour 2001 : environ 600 MF déthésaurisés au passage € (effet bonificateur)
- L'année 2002 : ralentissement net (environ 1%), stagnation conjoncturelle ou structurelle ?
- Facteurs conjoncturels : année atypique en raison du passage à l'€ et effet Dina ; après la déthésaurisation lors du passage à l'Euro, les ménages cherchent probablement à se reconstituer une épargne
- Facteurs structurels : le budget des ménages disponible après charges fixes (croissance des équipements) est sous contrainte, le niveau d'endettement est assez élevé, particulièrement à court terme (équivalent métropole)
- Caractéristiques de consommation : année très hétérogène, en saisonnalité (1er sem vs 2d sem) et en situation par secteur, la stagnation n'affecte pas similairement les différents secteurs de consommation
- Recul de 19% de la fréquentation moyenne / jour des circuits commerciaux alimentaires (avec 4% de baisse pour les GMS et baisse de 17% du lectorat prospectus), baisse du lectorat presse moyen / jour (baisse de 18% en presse quotidienne et 17% presse magazine, à nuancer par titre)
- Le 1er trim 2003 : reprise de la majorité des indicateurs de consommation et des intentions de dépenses
Comportements :
- Stabilisation de la fréquentation GMS par rapport au 4T02 (17%), en baisse de 3 points par rapport au 1T02, baisse naturellement de l'indicateur de dépense en GMS par rapport au 4T02 (103 vs 109, 100 au 3T02), mais reprise légère de la fréquentation des circuits alimentaires au global (+2.4 points), et des commerces des centre-ville (+2 pts vs 4T02)
- Reprise du lectorat prospectus GMS (16% vs 14% 4T02 et 18% 1T02)
- Reprise de 2 pts du lectorat presse moyen/jour (cf. actualité), donc de l'impact publicitaire
- Croissance marquée des équipements vs 4T02 (3% ou plus pour : four micro-ondes, DVD-magnétoscopes, micro-ordinateur, console de jeux vidéo, chauffe-eau solaire et climatisation) et bonne tenue du marché de l'automobile (source SOREFI-VISU)
Intentions de dépenses :
- Stabilisation de l'orientation dépense - épargne ( -41 pts 3T02 vs -24 pts depuis)
- Reprise nette des intentions de dépenses au global des secteurs suivis (indicateur synthétique à -2.3 pts 3T02 vs 0.4 pts 4T02 vs 8.1 pts 1T03)
- Les secteurs en position déclarée plus favorable : alimentation boissons jours de fêtes, vêtements chaussures, santé, vacances, voyages, loisirs, décoration maison jardin
- Les secteurs en position déclarée moins favorable : alcool et tabac, alimentation boissons pour tous les jours, équipements pour la voiture ou la moto, meubles électroménager
- Une structure des intentions de dépenses qui montre des variations sectorielles marquées
- Des éléments de reprise encourageants, mais qui montrent aussi une structure de reprise hétérogène et encore fragile par nature, avec des arbitrages de consommation qui sont liés au pouvoir d'achat disponible après charges fixes
C. LES ENTREPRISES : MORAL, CONFIANCE, INTENTIONS D'INVESTISSEMENTS ET D'EMBAUCHES
Observations (baromètre du moral des chefs d'entreprises de plus de 5 salariés, réalisé depuis 1996 par Ipsos OI pour l'Eco Austral / Antenne Réunion / Servair, 6 000 interviews de dirigeants d'entreprises réalisées en 30 vagues de 200 depuis septembre 1996) :
- Solde de moral sur l'évolution (s'améliore - se dégrade) de la situation de l'entreprise
- Après un recul de 9 points en 2002 (15% de solde positif) par rapport à 2001 (24%), l'indicateur retrouve, fin mars 2003 (21%), une orientation à la hausse de 7 points par rapport à son niveau moyen 2002, assez proche de son niveau de 2001 (plus haut en fev 2000 à + 40%, plus bas en juin 97 et 99 à +5%)
- Solde de moral sur l'évolution (s'améliore - se dégrade) de la situation économique à la Réunion
- Après un recul de 24 points en 2002 (10% de solde négatif) par rapport à 2001 (14% en positif), l'indicateur garde, fin mars 2003 (-10%), une orientation négative, identique à son niveau moyen de 2002 (plus haut en fev 2001 à + 23%, plus bas en juin 97 à -56%)
- Solde de confiance (optimiste - pessimiste pour les prochains mois) sur l'évolution de la situation de l'entreprise
- Après un recul de 10 points en 2002 (33% de solde positif) par rapport à 2001 (43% en positif), l'indicateur continue, fin mars (25% de solde positif), de connaître une orientation à la baisse, 8 points sous son niveau moyen de 2002 (plus haut en fev 2000 à + 54%, plus bas en juin 97 à +11%)
- Solde de confiance (optimiste - pessimiste pour les prochains mois) sur l'évolution de la situation économique à la Réunion
- Après un recul de 14 points en 2002 (9% de solde positif) par rapport à 2001 (23% en positif), l'indicateur passe, fin mars, en solde négatif (-13%), 24 points sous son niveau moyen de 2002 (plus haut en fev 2001 à + 37%, premier passage en négatif en mars 2003 depuis juin 99, plus bas en juin 97 à -27%)
- Bilan sur les intentions d'investissements (indicateur suivi depuis avril 2001)
- Après une relative stabilité en 2002 (21%) par rapport à 2001 (22%), l'indicateur confirme, fin mars, une capacité de résistance (24%), identique à son niveau du second semestre 2002, en progression de 3 pts par rapport à la moyenne 2002, au plus haut depuis avril 2001
- Bilan sur les intentions d'embauches (indicateur suivi depuis avril 2001)
- Après une chute légère de 3 points en 2002 (15%) par rapport à 2001 (18%), l'indicateur connaît, fin mars, une orientation moins favorable (10%), et perd 5 points par rapport à son niveau moyen de 2002, au plus bas depuis avril 2001
Les entreprises améliorent leur opinion sur la situation en cours pour leur entreprise par rapport à 2002 (le premier trimestre 2003 est-il moins difficile qu'on le craignait après le second semestre de l'année dernière ?), mais maintiennent une opinion plus mitigée sur la situation en cours de l'économie locale à fin mars.
En revanche, les perspectives, sans doute largement influencées par la conjoncture extérieure et les mouvements sociaux locaux, montrent une baisse marquée des indicateurs de confiance pour le court/moyen terme, pour la situation de l'entreprise et surtout celle de l'économie de la Réunion.
En conséquences, pour ce qui concerne les stratégies d'investissements et d'embauches, les entreprises interrogées montrent une bonne résistance des intentions d'investissements (au plus haut depuis 2001, volonté d'améliorer la productivité, influence des cadres réglementaires ?), alors que les intentions d'embauches sont en revanche au plus bas sur la même période (crainte d'alourdir les charges fixes dans un contexte moins lisible à moyen terme, et/ou attente de précisions sur le cadre réglementaire ?).
D. CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
- Après une année 2002 de stagnation de la demande des ménages, les perspectives s'améliorent au premier trimestre 2003 (tendance globale récente à confirmer dans le futur, à nuancer sectoriellement)
- Les entreprises gardent des intentions élevées en matière d'investissements, au plus haut depuis avril 2001, en ligne avec le dynamisme de cette variable sur les dernières années en général et le second semestre 2002 en particulier
- En revanche, les intentions d'embauches sont en recul, au plus bas depuis avril 2001, avec un risque d'infléchissement du dynamisme de création d'emploi privé qui a caractérisé l'économie locale ces dernières années (cf. hypothèses de croissance de la demande des ménages et des revenus). Cependant, l'influence particulière de projets importants localement (embauches Air Austral sur l'ouverture de la desserte métropole, route des Tamarins, par exemple) et les évolutions réglementaires (loi sur 15 ans) peuvent être de nature à faire sensiblement évoluer la situation.
III - L'ETAT DE LA CONJONCTURE SOCIALE
A. ETAT DU MORAL DES INDIVIDUS
- Indicateur synthétique
- Un indicateur en recul léger par rapport au 4T02, mais qui reste légèrement supérieur au 3T02
- Indicateurs détaillés
- Solde d'opinion sur l'évolution de la situation économique personnelle depuis un an : à +3, au 1T03, en baisse légère mais régulière depuis le 3T02 (+10). Il est le seul indicateur présentant un solde positif parmi les trois indicateurs suivis
- Solde d'opinion sur le niveau de vie perçu (vivre sans se priver, se priver beaucoup ou ne " pas s'en sortir ") : à -6 au 1T03, il est en léger recul de deux points par rapport au 4T02, mais reste significativement supérieur au milieu de l'année 2002 (-17 au 3T02)
- Solde d'opinion sur la situation générale à la Réunion : à -18 au 1T03, il montre peu de variation significative par rapport à la fin de l'année 2002 (-19 au 3T02 et -21 au 4T02), et ne s'inscrit pas encore dans une tendance clairement marquée
L'opinion sur l'évolution de la situation économique personnelle atteint la zone d'équilibre et pourrait passer en négatif si la tendance d'évolution à la baisse depuis le 3T02 se confirme. Le solde d'opinion sur le niveau de vie perçu, s'il reste légèrement négatif, s'est amélioré depuis cette même période (qui est la période la plus marquée, l'année dernière, par le " coup de frein de la consommation ").
Toutefois, ces deux indicateurs de moral connaissent une légère baisse au 1T03 par rapport au 4T02.
Pour 24% des personnes interrogées, leur situation économique est plutôt plus mauvaise depuis un an (contre 28% qui la trouvent meilleure), 47% déclarent n'avoir pas assez d'argent pour vivre (10%) ou juste ce qu'il faut mais en se privant beaucoup (37%).
En regard, 31% disent habiter un foyer dont le revenu mensuel est de moins de 750 €, et 11% plus de 3 000 €.
Pour ce qui concerne l'opinion sur la situation générale à la Réunion, elle reste globalement mal orientée, sans montrer de tendance régulière d'évolution sur les trois derniers trimestres.
B. ETAT DES SUJETS DE PREOCCUPATIONS DES INDIVIDUS
- Sujets les plus préoccupants pour la Réunion (trois choix dans une liste de 9 en assisté)
- Le chômage, sans surprise, se classe première préoccupation, avec 85 % de part de choix
- L'insécurité, arrive ensuite, avec 79 % de part de choix
- La pauvreté et l'exclusion, 34%
- Les impôts et les taxes, 24%
- Le terrorisme, 20%
- La corruption et les affaires politico-financières, 16%
- Les menaces contre l'environnement, 15%
- La préservation des acquis sociaux, 6%
- L'immigration clandestine, 5%
Cet indicateur est intégré au bulletin de conjoncture depuis le 1T03, pas de commentaire d'évolution donc.
On peut néanmoins constater que, quoique nettement après le chômage et l'insécurité, la pauvreté et l'exclusion sont au premier rang des autres préoccupations retenues par les personnes interrogées, dans la liste, forcément arbitraire, qui leur est présentée.
Par ailleurs, on peut constater que le terrorisme est retenu comme préoccupant par 1 personne sur 5, dans le contexte international que l'on sait.
C. ETAT DE LA CONFIANCE EN L'AVENIR DES INDIVIDUS
- Indicateur synthétique
- Un indicateur en petite progression par rapport au 4T02, et qui redevient légèrement supérieur au 3T02, mais avec, on va le voir, une situation plus contrastée pour les indicateurs qui le constituent
- Indicateurs détaillés
- Solde d'optimisme sur l'évolution de la situation personnelle et professionnelle : à +40 au 1T03, en baisse régulière depuis le 3T02 (+51). Il reste néanmoins à un niveau toujours élevé
- Solde de confiance sur l'évolution de la qualité de vie personnelle et celle du foyer : +32 au 1T03, second et dernier indicateur dont le solde est nettement positif dans la série suivie, il présente la particularité d'évoluer sur une tendance inverse de hausse régulière (+18 au 3T02), avec une hausse marquée et significative de 12 points au 1T03
- Solde de confiance sur l'évolution du pouvoir d'achat personnel : solde négatif à -15 au 1T03, il se dégrade de 3 pts depuis le 4T02 ( -12), et retrouve un niveau proche du 3T02 (-14), sans encore montrer de tendance claire d'évolution
- Solde de confiance sur l'évolution de la situation économique et sociale à la Réunion : à -37 au 1T03, il progresse significativement de 7 pts par rapport à la fin de l'année 2002 (-44 au 4T02) et revient à son niveau du 3T02, il reste globalement assez mal orienté
La confiance est plutôt élevée pour ce qui concerne la situation personnelle et professionnelle d'une part (mais en baisse), et la qualité de vie et celle du foyer d'autre part (en hausse), mais plutôt faible sur l'évolution du pouvoir d'achat personnel et franchement faible pour la situation économique et sociale à la Réunion.
Les individus ont tendance à déconnecter la vision de leur situation personnelle de celle de la situation collective (société de consommation, pyramide des âges et ouverture média ont largement influencé les systèmes de valeurs).
La confiance en l'évolution du niveau de vie personnel et du foyer suit une évolution positive, mais à l'inverse de celle qui concerne l'évolution de la situation personnelle et professionnelle ou l'évolution du pouvoir d'achat.
De même, la confiance sur l'évolution du niveau de vie évolue également à l'inverse des indicateurs de moral sur la situation perçue à date et son évolution depuis un an, ce qui conforte la perplexité sur le caractère fort et durable de son orientation positive.
D. ETAT DU POTENTIEL DE MOBILISATION SOCIALE DES INDIVIDUS
- " Si un grand mouvement de contestation sociale se développait à la Réunion… "
- 23% des personnes interrogées déclarent une intention de soutien et de participation, 30 % une intention de soutien sans participation
- Ceux qui déclarent une intention de participation significativement plus que la moyenne (23%) sont particulièrement : les 30-39 ans (29%), les salariés du public (30%) et les chômeurs (28%), les employés (30%), les individus de niveau BEP/CAP/BEPC (27%)
- Ceux qui déclarent une intention de soutien sans participation significativement plus que la moyenne (30%) sont particulièrement : les femmes (34%), les 20-29 ans (38%), les salariés du privé (37%), les employés (34%), les individus de niveau BAC (37%)
Cet indicateur est pleinement intégré au bulletin de conjoncture depuis le 1T03, pas de commentaire d'évolution donc.
On peut néanmoins constater que, même s'il est toujours plus facile de " faire la boue après la pluie ", on trouve, dès le premier trimestre, les éléments qui seront ensuite confirmés par les mouvements sociaux de ces dernières semaines.
E. CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
- Les indicateurs de moral sur la situation perçue à date sont en léger recul entre le 4T02 et le 1T03, les principales préoccupations (dans la liste proposée) restent de loin le chômage et la sécurité au sens large, suivis de la pauvreté et de l'exclusion
- La confiance en l'avenir progresse faiblement et de façon assez peu rationnelle, elle a tendance à disjoindre les éléments individuels des éléments collectifs ; le potentiel de mobilisation sociale montre une sensibilité marquée depuis le début de l'année
IV - L'ETAT DE L'OPINION SUR 2 LEVIERS INDENTIFIES A LA REUNION
A. LA STIMULATION DE LA CONSOMMATION LOCALE (SUR LES FREQUENTANTS GMS AU MOINS UNE FOIS PAR MOIS)
- Indicateur synthétique
- Un indicateur globalement déficitaire, à -27 au 1T03, moyenne 2001 à -30, moyenne 2002 à -22
- 36% déclarent regarder toujours ou souvent si les produits achetés sont produits à la Réunion, 63% rarement ou jamais
- Détails
- Ceux qui déclarent " regarder toujours ou souvent " significativement plus que la moyenne (36%) sont particulièrement : les 40-59 ans (44%), vivant mariés ou en couple (40%), avec une fonction croissante sur le revenu déclaré
- eux qui déclarent " regarder rarement ou jamais " significativement plus que la moyenne (63%) sont particulièrement : les moins de 30 ans (71%), les célibataires (71%), avec une fonction décroissante sur le revenu déclaré
La stimulation de l'achat local est un levier de dynamisation pour l'industrie (et en cascade pour ses fournisseurs), et on peut ainsi influencer la créations d'emploi, directs et indirects.
Les initiatives mises en œuvre pour stimuler l'achat local ont largement été du domaine de la défense de la compétitivité (octroi de mer notamment).
On a également investi ces cinq dernières années dans les stratégies de stimulation directe et de motivation des acheteurs, mais on le voit ci-dessus, il est sans doute nécessaire d'accroître encore les moyens et de pérenniser les actions.
En effet, le retour optimal des actions sur les taxes (push) sera atteint en agissant également directement et efficacement sur les acheteurs (pull).
Des expériences réussies en la matière existent de par le monde, certaines permettant peut-être d'être copiées localement.
A la Réunion, on constate qu'il est important de convaincre, avec un effort particulier sur les jeunes et les individus issus de foyers modestes.
B. LA MOBILITE (SUR LES NON RETRAITES)
- Indicateur synthétique
- Un indicateur légèrement déficitaire, à -8 au 1T03, contre -7 au 4T02
- S'ils recherchent ou s'ils recherchaient un emploi, et que cet emploi leur soit proposé en métropole, 26 % déclarent l'accepter certainement, 43% certainement pas
- Détails
- Ceux qui déclarent " accepter certainement " significativement plus que la moyenne (26%) sont particulièrement : les 15-19 ans (54%) et les 20-29 ans (32%), les salariés du public (31%) et les scolaires / étudiants (28%), les individus de niveau BAC et + (35%), de niveau de vie perçu aisé (30%)
- Ceux qui déclarent " ne certainement pas accepter " significativement plus que la moyenne (43%) sont particulièrement : les femmes (48%), les plus de 30 ans (55%), les chômeurs (47%), les professions non salariées (58%) et les inactifs (61%), les individus de niveau certificat d'études ou moins (65%), les chefs de familles et maîtresses de maison (55%), de niveau de vie perçu modeste (52%)
L'indicateur positif suffit à lui seul à satisfaire aux approches théoriques sur les équations quantitatives.
Néanmoins, attention au pôle important de résistance, qui risque de travailler en opposition, à saper le pôle positif, d'autant plus que 81% des individus déclarent par ailleurs avoir de la famille en dehors de l'île (retour d'expérience par le " bouche à oreille ").
Par ailleurs, on constate, s'il en était besoin, que l'idée de mobilité est d'autant mieux acceptée que l'individu est jeune, de niveau d'éducation bac ou supérieur, et de condition plutôt aisée, alors qu'en revanche on y résiste plus fortement une fois la famille fondée, où quand la situation sociale à la Réunion est difficile, et qu'on n'a probablement pas envie de vivre une telle situation " dehors ", loin de chez soi.
Ce bilan montre la nécessité, outre le travail de promotion déjà engagé directement, de continuer à convaincre également l'environnement familial et social.
Pour une mobilité réussie, qui fonctionne comme un échange avec le monde, pour un enrichissement mutuel, les mots les plus importants sont probablement les mots " préparation du départ " et " retour "…
VOIR AUSSI :
Le bulletin au format PDF (pour impression)
ANNEXE : principaux indicateurs - tableaux de données 1er trimestre 2003
Fiche technique :
Données présentées et méthodologie
Individus : tracking téléphonique sur échantillon représentatif des 15 ans et +, habitant un foyer équipé de téléphone fixe à la Réunion
(1% en pénétration représente environ 5 450 personnes).
Enquête permanente, 9 000 interviews/an, quotas/jour sur sexe, âge et PCS interviewé, stratification arrondissement et taille commune/jour, commune/semaine.
Chefs d’entreprises : "Baromètre du moral des chefs d'entreprises", réalisé par Ipsos pour Servair SA, l'Eco Austral et Antenne Réunion", 200 entreprises de 6 salariés et plus par vague, en approche aléatoire sur fichier, 95 de 6 à 9 salariés, 105 de 10 salariés et plus
La marge d’erreur sur les données individus en pénétration est de 2,2 % au trimestre et 1% à l’année, à 95% de probabilité.
Celle sur les chefs d’entreprises est de 7,1 % au trimestre et de 3.5 à 4% à l’année (selon le nombre de vagues), à 95% de probabilité.