Bush / Kerry : too close to call

La course à la maison blanche s'annonce serrée. Aujourd'hui, avec un bruit médiatique relativement hostile au président sortant, presque toutes les enquêtes d'intentions de vote réalisées aux Etats-Unis donnent un léger avantage à John Kerry ; trop faible toutefois pour être significatif.

Selon le dernier sondage Ipsos-Associated Press réalisé aux Etats-Unis du 3 au 5 août, John Kerry serait repassé devant George W. Bush dans les intentions de vote pour la présidentielle de novembre prochain. L'écart est toutefois trop faible (48 contre 45%) pour être significatif. A trois mois du scrutin, tous les sondages donnent les deux hommes au coude à coude, avec quand même à chaque fois un léger avantage au candidat démocrate, de 3 à 7 points selon les instituts. L'écart est souvent moindre lorsqu'on propose également le ticket Nader/ Camejo au choix des interviewés.

Crédité d'1 à 5% d'intentions de vote, la candidature de Ralph Nader mord surtout sur l'électorat démocrate. Il y a quatre ans, soutenu par les Verts (Green Party), M. Nader avait obtenu un peu plus de 2,8 millions de voix (2,7% des suffrages) dans les 43 Etats (+ Washington) où il se présentait. On a supposé à l'époque que s'il n'avait pas été candidat, une grande partie de ses électeurs auraient probablement choisi M. Gore, ce qui aurait fait basculer le scrutin dans le camp démocrate (1). Le contexte est toutefois différent cette année. Les écologistes ont pris leurs distances, et le candidat "indépendant" pourrait avoir du mal à réunir les signatures nécessaires à sa candidature dans chaque Etat. En Californie par exemple, il n'a pu présenter à la date limite du 6 août qu'un peu plus de la moitié des 153000 signatures nécessaires.

Comme Nader ne semble plus en mesure de jouer un rôle d'arbitre - même Public citizen, le mouvement qu'il a créé, s'est désolidarisé - la partie se complique pour le camp républicain. George W. Bush doit faire face à une opposition de plus en plus présente dans les médias. Après sa palme d'or au festival de Cannes, Fahrenheit 9/11, le documentaire-réquisitoire de Michael Moore, a pointé en tête du box office américain, et reste dans le top 10. Comme si ce film avait levé un tabou, les initiatives anti-Bush se bousculent : prises de position d'artistes et d'intellectuels contre lui et la guerre en Irak, vives critiques du "Patriot Act", concerts "vote for change" programmés pour octobre avec notamment Bruce Springsteen, même la presse fait son mea culpa par rapport à une couverture "pas aussi rigoureuse qu'elle aurait du l'être" de l'avant guerre en Irak (2).

Il n'empêche. Si sa popularité baisse, George W. Bush est toujours dans la course. Cette popularité est d'ailleurs si fluctuante qu'un nouveau rebond n'est pas à exclure. Parti sans le traditionnel "état de grâce" à 60% d'avis favorable, au lendemain d'une victoire controversée, il tombe à 51% le 10 septembre 2001, soit à peu près le niveau qu'il retrouve aujourd'hui. Entre temps, avec 90% de bonnes opinions après le 11 septembre, il battait le record d'Harry Truman à la fin de la seconde guerre mondiale, puis enregistrait une nouvelle hausse (70%) au moment de l'entrée en guerre en Irak (3). D'ici novembre, de nombreux évènements pourraient ruiner la campagne de décrédibilisation engagée contre lui, dont en premier lieu une réapparition de Ben Laden.



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C'est de toute façon sur le terrain de la sécurité que George Bush garde l'avantage sur son rival démocrate. Selon la dernière enquête publiée par le magazine Time et réalisée début août (4), 49% des électeurs font davantage confiance à Bush pour "conduire la guerre contre le terrorisme (contre 41% pour Kerry). Bush reste aussi plus crédible que son adversaire pour assumer "un rôle de leader dans les moments difficiles". L'opinion est en revanche beaucoup plus équilibrée sur la question irakienne, et franchement favorable à Kerry lorsqu'on aborde le domaine économique et surtout social. Or depuis quelques mois, l'économie est repassée en tête des préoccupations, devant la situation en Irak ou le terrorisme. Ces enquêtes ne mesurent toutefois pas l'impact du renforcement à "très élevé" du niveau d'alerte des services de sécurité à Washington et à New York, décidé le 1er août par la Maison Blanche ; ni de la décision de l'administration Bush de proclamer septembre "mois de l'alerte terroriste aux États-Unis", "afin que les Américains prennent conscience des menaces d'attentats qui pèsent sur leur pays"...

(1) : cf. par exemple les 600 voix d'écart en Floride qui ont permis à Bush de remporter le soutien décisif des 25 délégués de cet Etat, où Nader avait obtenu près de 100 000 voix.

(2) Cf. The Times and Irak, éditorial du New York Times qui revient sur la couverture des décisions qui ont conduit l'Amérique à entrer en guerre.


(3) selon la série Gallup, qui remonte à 1932

(4) 976 électeurs américains interrogés du 3 au 5 août

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