Cantonales 2011 : les déterminants du vote
Le sondage Ipsos/Logica Business Consulting, réalisé pour France Télévisions auprès d'un échantillon représentatif de la population inscrite sur les listes électorales et résidant dans les cantons renouvelables, précise les causes d'une abstention massive, les motivations des électeurs et les déterminants du vote. L'enquête fait aussi un point sur l'image et la situation des départements dans l'opinion. L'analyse en trois points de Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.
Vidéo : Voir l'analyse vidéo de Brice Teinturier
1. Au-delà des éléments locaux, la dimension nationale du scrutin est forte et ne doit pas tromper.
Avec les élections municipales, les élections cantonales sont les élections les plus locales du cycle électoral. Cette dimension locale aurait même dû être renforcée en 2011, puisque ces cantonales ne sont pas couplées à une autre élection plus susceptible de porter un enjeu national et d’en dévier le sens local, comme cela avait été le cas lors des régionales et des cantonales de 2004. Enfin, la campagne de 2011 a été très atone, n’a guére intéressé les électeurs et n’a pas été véritablement nationalisée comme lors des dernières élections régionales de 2010.
Or, notre enquête montre que malgré tous ces éléments, le poids du national a beaucoup joué. Certes, 66% des électeurs nous disent que les enjeux locaux et les problèmes qui se posent dans leur canton jouent un rôle déterminant dans leur vote, et c’est la première motivation avancée. Mais parallèlement :
- 45% déclarent qu’ils tiennent compte avant tout de la situation politique au niveau national, ce qui, pour ce scurtin, est considérable et au-delà de ce que l’on constate habituellement ;
- 47% qu’ils comptent exprimer leur opposition à Nicolas Sarkozy et au Gouvernement (12% leur soutien et 41% « ni l’un ni l’autre », réponse pourtant suggérée) ;
- 38% qu’ils souhaitent que ces élections cantonales constituent au niveau national une victoire pour la gauche (19% pour la droite, 43% « ni l’un ni l’autre ») ;
- Enfin, deux formations obtiennent un souhait majoritaire de se voir renforcées à l’occasion de ces élections : les écologistes (63%) et le parti socialiste (50%). Viennent ensuite le FN (38%) et le FDG (33%), puis l’UMP (28%) et le Modem (28%). Le souhait que l’UMP sorte affaibli de cette consultation est donc massif (72%). Il y a d'ailleurs plus d’électeurs qui souhaitent que le FN sorte renforcé du scrutin, que d'électeurs qui souhaitent que ce soit le cas pour l’UMP (38% contre 28% pour l’UMP).
2. La montée en puissance du thème du pouvoir d’achat est spectaculaire.
Dans un contexte marqué par la forte augmentation du coût de l’énergie (gaz, essence) et la perception d’une augmentation des prix de certains biens (alimentation, logement), « l’évolution des prix et du pouvoir d’achat » (46%) d’une part, « les impôts et les taxes » (39%) d’autre part sont les thèmes nationaux qui ont le plus compté, avant le chômage et l’insécurité, lesquels n’arrivent qu’en 3ème et 4ème position (respectivement 30% et 27%).
Le constat est le même au niveau local, avec « l’évolution des impôts locaux » comme premier enjeu du vote (42%), suivi du « maintien des services publics de proximité » (34%) et de « la situation locale de l’emploi » (30%), qui n’arrive là aussi qu’en 3ème position. A noter qu’au niveau local, l’environnement et le cadre de vie constituent le 4ème moteur (28% de citations).
De fait, que les départements soient gérés par la gauche ou la droite, les habitants ont le même sentiment que la situation financière se dégrade (59%) et que les impôts locaux sont « plutôt mal gérés »(54%, contre 46% bien gérés). L’Etat est majoritairement perçu comme le responsable de la dégradation financière des départements, puisque 58% estiment qu’il transfère des compétences sans transférer les financements.
Par ailleurs, la réforme des collectivités inquiète : 61% estiment qu’elle va « plutôt dans le mauvais sens », ce qui explique aussi la crainte d’une diminution des services publics de proximité.
3. Les motivations des électeurs du Front national sont très spécifiques.
Le vote FN est très partisan. Par exemple, 71% de ses électeurs tiennent avant tout compte de la situation politique au niveau national, contre 45% en moyenne. Leurs deux premières motivations sont massivement l’insécurité et l’immigration, loin devant tous les autres items proposés. Enfin, l’étiquette du candidat est chez eux un repère et un moteur beaucoup plus important que pour les autres électeurs.
Fiche technique :
Sondage Ipsos / Logica Business Consulting effectué pour France Télévisions
Échantillon : 7563 personnes constituant un échantillon représentatif de la population inscrite sur les listes électorales résidant dans les cantons renouvelables.
Méthode : Échantillon interrogé on-line via l’Access Panel d’Ipsos (sauf en Corse, par téléphone). 300 personnes ont été interrogées par région (600 en Ile-de-France, PACA et Rhône Alpes). Les résultats pour la France tiennent compte du poids démographique de chaque région. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de l’interviewé, département.
Dates du terrain : Du 14 au 18 mars 2011