Cantonales : les leçons d’un scrutin caché

Les élections cantonales nous apprennent que le PS n’est pas devenu un parti dominant, que le PCF stagne et que le FN progresse dans les terroirs.

Il était une fois un scrutin extrêmement discret mais riche d’enseignements. L’histoire se déroule le 15 mars 1998. Ce jour-là, le microcosme politico-médiatique n’a d’yeux que pour les élections régionales. Cette élection en cache pourtant une autre, les cantonales. Une moitié de la France élit ses conseillers généraux. Un vote d’autant moins négligeable que les départements ont, en France, des compétences et des moyens proportionnellement bien supérieurs à ceux des régions.

Ce n’est pas la seule raison de s’intéresser de plus près à ce scrutin injustement ignoré. L’autre motif vient de ce que les cantonales ont offert à l’électeur un choix beaucoup plus riche que les régionales. La stratégie d’union de la " gauche plurielle " a interdit, pour ces dernières, de distinguer le poids respectif du PS et du PCF. Mais, aux bonnes vieilles cantonales, chacun a pu voter pour la sensibilité de gauche de son choix.

Tel est le premier enseignement du premier tour des cantonales : le PS a beau être redevenu le parti le plus populaire de France, Lionel Jospin peut être apprécié par une large majorité de l’opinion, les socialistes ne forment toujours pas un parti dominant. La formation du Premier ministre n’a recueilli dimanche que 23,71% des suffrages exprimés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Ce faisant, le PS ne se situe qu’un point au-dessus de son score des dernières cantonales de 1994 (22,57%), même s’il est logiquement en progrès net par rapport à sa désastreuse référence des cantonales de 1992 (19%).

Les leçons de cantonales sont également plutôt décevantes pour le PCF. Remis en selle par ses positions institutionnelles et par la faconde médiatique de son leader, le parti de Robert Hue n’est pas véritablement en ascension électorale. L’indicateur des cantonales le donne plutôt sur un plateau : 10,05% des voix dimanche, contre 11,39% en 1994 et 9,48% en 1992.

La percée de l’extrême-gauche observée aux régionales ne se retrouve pas aux cantonales pour la bonne raison que le formations trotskistes ont généralement fait l’économie de candidatures à ce dernier scrutin. Le test cantonal confirme cependant l’ascension du Front national dans un type d’élection qui, par la prime qu’il accorde aux notables, lui était traditionnellement défavorable. Le FN réussit la prouesse de rafler 13,70% des suffrages exprimés. Sa progression est très sensible par rapport à 1994 (9,88%) et même 1992 (12,31%). L’extrême-droite prend racine dans les cantons.

La droite dite classique (UDF-RPR-divers droite) poursuit, de son côté, son lent mais sûr processus d’affaiblissement : 40,21% des voix le 15 mars contre 44,64% en 1994 et 42,09% en 1992. Le premier tour des cantonales confirme enfin la perte de vitesse du courant écologiste. Les candidats de cette mouvance ont rassemblé 4,1% des voix au lieu de 10,03% en 1992.

Soulignons enfin que le scrutin cantonal a lui aussi été affecté par une certaine langueur civique. Le taux de participation au premier tour ne s’est élevé qu’à 60,50% des électeurs inscrits (60,40% en 1994 et 70,25% en 1992).

Au vu du premier tour, la gauche semble en mesure de conquérir au moins cinq départements : l’Aisne, l’Allier, les Alpes-de-Haute-Provence, la Creuse et le Puy-de-Dôme. N’oublions pas qu’il est parfois au moins aussi important d’être président de conseil général que président de région.

 

 

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