Chevènement devient la personnalité politique la plus appréciée des sympathisants de droite

Le fait que Chevènement soit plus populaire auprès de l'électorat de droite que chez les sympathisants de gauche n'est pas une nouveauté : c'est en effet le cas depuis juin 2001. Qu'il devienne la personnalité politique la plus appréciée des sympathisants de la droite parlementaire, devant tous les leaders conservateurs, a en revanche de quoi surprendre. Avec 69% d'avis favorables (+ 10 points en un mois), Chevènement devance à droite Philippe Douste-Blazy et Alain Juppé, deuxièmes ex aequo avec 65% de bonnes opinions chacun. Grâce à cette performance, le fondateur du MDC, qui n'est classé qu'en neuvième position chez les sympathisants de gauche (55% de jugements favorables), s'empare de la deuxième place du palmarès sur l'ensemble des Français, derrière Bernard Kouchner. La poussée de Chevènement en terme de popularité rejoint sa percée dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle de 2002. Crédité de 11% des suffrages exprimés, il est toujours la seule personnalité derrière Chirac et Jospin à franchir le seuil des 10% au premier tour. En tenant compte de son score, le rapport global gauche/droite au premier tour est toujours favorable à la gauche (51,5 % contre 48,5). Il est toutefois de plus en plus hasardeux d'additionner les voix de Chevènement dans un 'total gauche'. 'Son succès actuel vient de ce qu'il est capable de coaguler autour de ses propres thèmes des électeurs venant de la gauche mais aussi de la droite', soulignait Eric Dupin dans Libération (*). De fait, le report de voix est très dispersé : aujourd'hui, 52% des électeurs de Chevènement au premier tour choisiraient Jospin au second, contre 36% qui opteraient pour Chirac, 12% préférant s'abstenir. Au second tour, Chirac, en tête depuis la vague de juin, gagne encore un point, pour être aujourd'hui crédité de 53% des suffrages, contre 47% pour Lionel Jospin. Outre le mauvais report des voix de Chevènement, on constate que Chirac mobilise davantage son électorat que le Premier ministre : 89% des sympathisants de la droite parlementaire se prononceraient pour Chirac au second, contre seulement 75% des proches de la gauche plurielle qui choisiraient Jospin. Un report de voix des candidats de l'extrême droite vers Chirac meilleur que le mois dernier, et une base plus solide d'électeurs l'ayant déjà choisi au premier tour (27% pour Chirac contre 22% pour Jospin) expliquent encore la progression du président de la République.

Les intentions de vote font également apparaître une nouvelle dynamique pour des personnalités qui commencent à émerger parmi les candidats, : Jean-Marie Le Pen (8%), Noël Mamère (7%), voire Robert Hue (6%) forment un troisième groupe, derrière Chirac et Jospin d'une part, Chevènement de l'autre. En revanche, les candidatures de Bayrou, Madelin, ou encore Pasqua peinent à décoller, sous le seuil des 5% d'intentions de vote.

Dominique Strauss-Kahn faisait ce mois-ci sa rentrée dans le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point. Avec 37% de jugements favorables, contre 46 % d'avis défavorables, sa popularité est quasi-identique à celle qu'il connaissait au moment de sa démission du Ministère de l'Economie et des Finances. L'opinion n'a pour l'heure pas encore intégré ni la fin de ses soucis judiciaires ni son retour sur le devant de la scène politique. Si l'entrée de Noël Mamère dans le baromètre est relativement discrète - le candidat Vert bénéficie d'une popularité similaire à celle de Dominique Voynet - 40% de bonnes opinions contre 46% de mauvaises, celle de Marie-Georges Buffet sera plus remarquée. Propulsée directement à la quatrième place du palmarès (52% de jugements favorables contre 24% de défavorables), Buffet occupe même la deuxième position derrière Kouchner en terme de solde d'opinion (+ 28)**. En fait, ces deux personnalités sont celles qui cristallisent le moins d'avis défavorables sur l'ensemble des Français (24% chacune). Par ailleurs, la Ministre de la Jeunesse et des Sports est avec Chevènement la seule personnalité de gauche à être majoritairement populaire chez les sympathisants de droite. On remarque encore que sa cote est relativement liée à sa fonction - Buffet obtenant de forts taux de non-réponse auprès des femmes (32%), alors que les hommes, plus enclins à s'intéresser au sport, ne sont que 16% à ne pas statuer sur son action. Le défi de la ministre communiste consiste maintenant à faire bénéficier de son image très favorable son Parti, voire son candidat à la joute présidentielle. Ce ne sera pas chose aisée, tant Robert Hue se place, en terme de popularité, loin derrière elle, avec un solde d'opinion largement négatif (-17).

(*) 2002, ou jamais deux sans trois
La percée de Jean-Pierre Chevènement dans les sondages présidentiels comble un vide plus qu'elle ne surprend. Mais sera-t-elle durable ?
Eric Dupin - Libération du 12 novembre 2001
(**) Différence entre jugements favorables et défavorables