Chiens dangereux et méchants maîtres
Une nouvelle psychose est née dans l’opinion publique : la menace des chiens dangereux. Mais, selon une enquête Ipsos pour 30 millions d’amis, les Français semblent davantage incriminer les maîtres que leur chien.
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Jean-François Doridot
Directeur Général Public Affairs
Les Français semblent terrorisés par le comportement de certains chiens. En effet, 79% des personnes interrogées estiment que les "chiens dangereux constituent une menace importante pour la sécurité des Français". Ce sentiment est encore plus répandu chez les plus de 60 ans et fait presque l’unanimité chez les 60-69 ans, dont 88% sont de cet avis. L’analyse des réponses en fonction de la proximité politique des interviewés suggère un rapprochement amusant : les personnes craignant le moins les chiens dangereux se retrouvent parmi les écologistes et les sympathisants du FN, dont seulement 71% jugent la menace importante. Une fidèle et inébranlable amitié envers le règne animal pour les uns, ou peut-être simplement l’habitude de fréquenter le cerbère pour les autres expliqueraient-elles ces plus faibles pourcentages ?
Si l’opinion publique apprécie avec gravité cette "menace", ce sentiment ne s’appuie pas sur une expérience traumatisante. 79% des sondés déclarent ne pas s’être sentis menacés par un chien dangereux au cours des cinq dernières années. Les 60-69 ans, qui semblaient le plus craindre la mauvaise rencontre sont d’ailleurs ceux qui y ont le plus souvent échappé (93%).
Responsables mais pas coupables.
Les Français craignent les "chiens dangereux", mais n’accusent pas de races en particulier. En effet, 59% des personnes interrogées estiment qu’ "il n’existe pas de races naturellement dangereuses, et que seuls certains chiens peuvent l’être individuellement". Cette idée est là encore davantage reprise par les sympathisants du FN (75%) et les écologistes (73%).
Enfin, plutôt que la race du chien, c’est le comportement des maîtres qui semble être incriminé. 79% des sondés sont persuadés que c’est à cause "du manque de maîtrise ou de l’agressivité du maître" que des agressions se produisent, plutôt qu’en raison "de l’agressivité naturelle du chien devenu incontrôlable" (18%). Faudra-t-il remplacer le traditionnel panonceau "chien méchant" par un plus moderne "maître agressif"?
