Chirac de plus en plus président de cohabitation
La cote de popularité Ipsos-le Point du chef de l'Etat progresse grâce à l'évolution de l'électorat de gauche tandis que son action est contestée par une fraction de la droite.
Jacques Chirac est de plus en plus un président de cohabitation et de moins en moins le chef incontesté de la droite. La dernière vague du baromètre Ipsos-le Point montre un léger regain de popularité du chef de l'Etat. En un mois, le président de la République gagne deux points de jugements positifs sur son action. Mais on remarque que cette faveur accrue vient de l'électorat de gauche. Le président cohabitant progresse de sept points chez les sympathisants communistes et de deux points chez les socialistes alors qu'il recule de quatre points au RPR et de cinq points à l'UDF.
Depuis la dissolution, Chirac est régulièrement réapprécié par les électeurs de gauche. En avril 1997, seulement 6% des sympathisants du PCF le notaient positivement. Ils sont 40% aujourd'hui : un record dans le "peuple communiste" pour un président de droite. Même évolution chez les proches du PS : 16% de "pro-chiraquiens" en avril 1997 et 46% aujourd'hui. Les sympathisants du principal parti majoritaire son désormais presque aussi nombreux à avoir une bonne qu'une mauvaise opinion de l'adversaire de Lionel Jospin à l'élection présidentielle.
Symétriquement, une fraction du "peuple de droite" ne semble pas satisfaite du président qu'elle a élu. Un cinquième des sympathisants de l'UDF et même du RPR se disent défavorables à Chirac. Le soutien au président a particulièrement faibli, ces deux derniers mois, parmi les sympathisants de la confédération libéralo-centriste en péril.
Ce nouveau profil consensuel de Chirac trouve sa traduction sur le plan sociologique avec un regain de popularité présidentielle chez les employés (plus sept points en un mois) ainsi que dans la tranche des revenus les plus faibles (plus sept points).
Du côté de Lionel Jospin, c'est la stabilité qui prévaut. La cote du premier ministre enregistre un point d'approbation supplémentaire. Après onze mois passés à l'hôtel Matignon, sa popularité reste très largement positive. Peu de ses prédécesseurs pouvaient en dire autant. On note que le chef du gouvernement progresse fortement chez les sympathisants UDF (plus douze points) alors qu'il recule (sept points) parmi ceux du RPR. La différence d'attitude des deux formations de l'opposition au Parlement lors du vote sur l'approbation de l'euro se retrouve au niveau de leurs électorats respectifs.
Le palmarès des leaders politiques se caractérise cette fois-ci par un mouvement de réhabilitation des anciens. En progression de neuf points, Edouard Balladur décroche le titre de dirigeant de la droite le plus populaire. Les "balladuriens" modèle 1998 sont moins caricaturaux que ceux de 1995: la cote de l'ancien premier ministre s'est renforcée chez les jeunes, les employés et les sympathisants de gauche.
Charles Pasqua, une vieille valeur de la droite, gagne trois points. A gauche, Michel Rocard, malgré son éviction de la campagne régionale, progresse spectaculairement de dix points. Même l'ancien réprouvé par l'opinion et l'électorat qu'est Alain Juppé bondit de sept points. Philippe Séguin, qui fait du surplace , est désormais menacé d'être rattrapé par Alain Madelin et François Bayrou. Le président du RPR ne profite en tous cas pas de la réserve d'une partie de l'électorat de droite à l'égard du président de la République.