Chirac et Jospin au sommet de leur popularité
Le climat de concorde nationale créé par la crise irakienne permet aux deux têtes de l’exécutif de progresser spectaculairement dans l’opinion.
Jacques Chirac et Lionel Jospin surfent de concert sur une impressionnante vague de popularité. La dernière enquête Ipsos-le Point révèle une spectaculaire remontée de la cote du président de la République et, plus encore, du premier ministre. L’atmosphère d’union nationale, que la crise américano-irakienne a créée, profite visiblement aux deux têtes de l’exécutif.
Le redressement le plus marqué concerne le chef du gouvernement. Jospin n’aura pas été longtemps fragilisé par le mouvement des chômeurs qui a dominé l’agenda politique en janvier 1998. Huit mois après son arrivée à l’hôtel Matignon, la voici qui décroche une popularité record. Avec 60% de jugements " favorables " sur son " action ", Jospin ne gagne pas moins de douze points par rapport à la précédente enquête Ipsos. Soulignons cependant que cette enquête a été réalisée au lendemain et au surlendemain de l’explication télévisée de Jospin sur le chômage, le 26 février, sur France 3.
Ses progrès sont les plus marqués dans l’électorat UDF, écologiste et RPR. C’est bien l’image consensuelle donnée au premier ministre par le climat de crise internationale, et par la cohérence de l’exécutif français à cette occasion, qui est au principe de ce rétablissement dans l’opinion. Désormais, seuls les sympathisants du FN et du RPR portent un jugement négatif sur le premier ministre.
Ce contexte particulier donne à la cote de Jospin un profil atypique pour un chef de gouvernement de gauche. Pour l’heure, il est plus populaire chez les plus de 35 ans que chez ceux qui se situent en-dessous de cette limite d’âge. De même, la proportion de réactions favorables est-elle plus forte chez les revenus les plus élevés que parmi les plus faibles. Notons encore que Jospin est actuellement pratiquement aussi populaire dans la catégorie des artisans, commerçants, chefs d’entreprise que dans celle des ouvriers.
La progression de la cote de Chirac est moins brutale : plus sept points d’opinions " favorables ". Avec 61% de jugements positifs sur son action, le chef de l’Etat obtient cependant son score le plus élevé depuis la création de ce baromètre, en janvier 1996. Moins d’un an après sa désastreuse dissolution, il peut se flatter d’un solde de popularité positif de trente points. Ce faisant, il continue à bénéficier d’une position dans l’opinion sensiblement meilleure que celle de son partenaire de la cohabitation.
Les gains de Chirac concernent d’abord l’électorat UDF, écologiste et FN. Sociologiquement, ils sont les plus marqués dans les catégories de travailleurs indépendants (agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise), parmi les revenus élevés dans les tranches d’âge moyennes. Après François Mitterrand, c’est au tour de Jacques Chirac de profiter des avantages du système de la coexistence institutionnelle. A cette différence importante près que, cette fois-ci, les courbes de popularité des deux protagonistes semblent beaucoup plus liées que lors des cohabitations précédentes.