Chirac, Hollande : la chute

Réplique du scrutin du 29 mai, le dernier baromètre IPSOS - Le Point révèle le mécontentement des Français à l’égard des réponses politiques de l’après référendum. Baisse de 20 points d’opinions favorables pour le président de la République, de 10 pour le premier secrétaire du PS : l’opinion sanctionne les deux chefs du oui.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Jamais le décrochage entre les Français et le chef de l'Etat n'avait été aussi fort, renvoyant Jacques Chirac à une impopularité proche de celle de son ancien premier ministre. Seuls 27% des Français (-20 points) ont désormais un jugement favorable sur son action alors que 69% (+18 points) portent un jugement défavorable. En indice, le président de la République perd donc 38 points en un mois : vertigineux record de baisse, inégalé sous la Vème République. Les opinions positives à l'égard du chef de l'Etat s'effondrent de 21 points auprès de l'électorat socialiste, de 34 points auprès des personnes sans préférence partisane mais aussi de 18 points au sein même de l'électorat UMP.

Dans ce contexte de contestation de l'exécutif, le nouveau Premier ministre entame son mandat avec un capital de popularité assez maigre : 33% des Français le jugent favorablement, 32% défavorablement, 35% n'expriment pas encore d'opinion. Même au sein de la droite, le soutien est fragile : seuls 51% des sympathisants UMP portent un jugement positif sur le Premier ministre. "Plombé" par un président qui n'a jamais connu une telle situation de défiance en dix ans de pouvoir, l'arrivé de Dominique de Villepin à Matignon se fait sans le traditionnel "état de grâce". Dans le triumvirat exécutif, seul Nicolas Sarkozy, grâce à une popularité solide et ancienne, tire son épingle du jeu : sa cote progresse de 2 points à 57%, et de 5 points auprès de l'électorat de droite, pour atteindre le sommet de 90%.

A gauche, la popularité de François Hollande baisse de 10 points, de 45% à 35%, se retrouvant ainsi à un niveau identique à celle de… Laurent Fabius. Surtout, la fracture s'accroît entre le premier secrétaire du PS et l'électorat de gauche. Auprès des sympathisants de gauche, la popularité de François Hollande recule de 11 points, le situant désormais, et pour la première fois, derrière Olivier Besancenot, qui, lui, récolte les fruits de sa victoire. Le leader de la LCR progresse de 7 points auprès des Français (38%) et de 8 au sein de l'électorat de gauche (54%). En terme de popularité, Besancenot profite ainsi beaucoup plus de la victoire du non que Buffet (36%, +2), peut-être parce qu'il bénéficie d'une image plus neuve et plus dynamique que celle du PC, en ces temps d'attente de renouvellement du personnel politique.

Mois trois points pour Jack Lang, -5 pour Ségolène Royal, -5 pour Jospin, -6 pour Dominique Strauss Kahn : à l'exception de Bertrand Delanoë (70%, +2), tous les partisans du oui voient leur popularité s'effriter auprès des sympathisants de gauche. On relèvera aussi que la popularité de DSK ne résiste auprès de l'ensemble des Français que grâce au soutien plus marqué (+5) des sympathisants de droite.

Une batterie de questions sur l'avenir du Parti Socialiste révèle par ailleurs que ce mouvement devra composer avec une progression de la radicalité au sein leur électorat. 41% des sympathisants socialistes souhaitent aujourd'hui que le PS " se situe franchement à gauche ", soit une progression de 9 points par rapport à avril 2004 ; 39% souhaitent qu'il se situe au "centre gauche" (-9 points) et 17% "au centre" (sans changement).

Enfin, si Laurent Fabius reste globalement impopulaire, l'enquête montre que le référendum a peut-être modifié la donne. Si l'électorat socialiste continue de lui préférer Lionel Jospin comme candidat à la prochaine présidentielle (30% de citations contre 15%), sa popularité progresse tout de même de 4 points auprès de l'ensemble des Français et de 8 points à gauche.


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
Palmarès des partis politiques

Question supplémentaire :

L'avenir du Parti Socialiste après le référendum

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société