Chirac largement en tête des intentions de vote …

... mais ce sont bien les électeurs qui traduiront ou non dimanche ces intentions en actes. En particulier, il n’est pas acquis que l’intensité du rejet à l’égard de Le Pen gomme massivement le réflexe d’opposition à Chirac. Pierre Giacometti commente la dernière intention de vote Ipsos-Le Figaro-Europe 1 d'avant le second tour.

Notre sondage montre-t-il une concordance avec l’expression de "la rue" ?

Le résultat le plus marquant de ce sondage est l’exceptionnel niveau d’intérêt pour l’élection, qui contraste avec le désintérêt tout aussi exceptionnel mesuré avant le premier tour. Les manifestations massives du 1er mai constituent également un indice de la nouvelle mobilisation des Français. Il semble bien que la détermination des abstentionnistes du premier tour à voter dimanche soit très forte. Chez les jeunes en particulier, le 21 avril semble être le vecteur d'une prise de conscience citoyenne. Il faudra s’interroger sur le caractère durable de cette nouvelle expression civique, notamment à l’approche des législatives. Pour le moment, la décision de voter reste bel et bien la première clé du 5 mai.

On peut donc parier sur une forte participation ?

Le décalage entre l’intérêt d’avant premier tour et celui d’aujourd’hui plaide dans ce sens. L’idée selon laquelle l’absence de la gauche fabriquerait un réflexe abstentionniste ne tient pas. Rien à voir avec l’exemple de 1969, quand l’abstention avait progressé de 10 points pour cause d’absence de la gauche. Aujourd’hui, personne ne reprend le bon vieux slogan "bonnet blanc, blanc bonnet" ! Il y a bien un choix crucial Chirac/Le Pen, et cela pourrait contribuer à faire progresser la participation le 5 mai. A chaque fois, depuis 1974, on vote plus au second tour qu’au premier. En 1981, avec près de 5 points de participation de plus, c’est la dramatisation du choix de société "Mitterrand-Giscard" qui joue à plein. La dramatisation de 2002 est celle qui met en cause la stabilité de notre système politique.

Subsiste pourtant une inconnue de taille : celle de la tentation du vote blanc/nul des votants du premier tour, et notamment à gauche. Certains électeurs pourraient estimer que les jeux sont faits et que Chirac n’a pas besoin d’une victoire massive. En 1981, le suspense avait dopé la participation. Aujourd’hui, le potentiel de vote blanc/nul est d'autant plus important que l'on suppose un déséquilibre du rapport de force favorable au Président sortant. Il n’est pas acquis que l’intensité du rejet à l’égard de Le Pen gomme massivement le réflexe d’opposition à Chirac. Il y a en revanche, chez une majorité de jeunes qui vont voter dimanche, une vraie peur de la victoire de Le Pen, qui explique leur motivation "hors norme" et probablement un vote Chirac massif.

Le Pen dispose-t-il réellement de réserves lui permettant d’envisager une progression ?

On n'observe pas de dynamique en sa faveur entre nos deux enquêtes,comme ce fût le cas avant premier tour. Deux conditions sont nécessaires pour que Le Pen fasse un bon score. Il faut d’abord que certains électeurs de gauche choississent le vote blanc/nul au lieu de voter Chirac. Si cette propension est forte, Le Pen va mécaniquement voir son niveau en pourcentage progresser par rapport au premier tour. Ensuite, la progression réelle en voix est quant à elle soumise à trois conditions : une fidélité maximale de son l’électorat du 1er tour, une réserve significative en sa faveur parmi les abstentionnistes et l’émémergence à droite d’un vote de rejet à l’égard du "Front Républicain". Pour l’instant, aucune dynamique n’indique une telle tendance.

Le risque pour Chirac de voir Le Pen  vainqueur psychologique du 5 mai,alors même qu’il serait battu, est-il à exclure ?

Un score nettement supérieur à 30% serait en décalage avec l’état actuel du rapport de force. On le voit, les tentations abstentionniste et "blanc-nul" ne sont pas à exclure, notamment à gauche. A droite, la pression du climat peut engager certains électeurs à renoncer à exprimer dans ces sondages leur volonté de voter "contre le sytème". Il ne faut négliger le risque d’un vote caché. Enfin, l’impression de décalage entre le paysage médiatique et le "pays réel" pourrait jouer à la marge en faveur de Le Pen. Depuis le 21 avril, nous mesurons pourtant un état d’esprit massivement favorable à Jacques Chirac. Mais ce sont bien les électeurs qui doivent traduire leurs intentions en acte. Rien ne remplacera le vote, ni les manifestations, ni les sondages, et c’est bien ainsi !

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