Comprendre le vote des Français
Le sondage réalisé par Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France, le Monde et le Point permet de dresser la radiographie des électorats du second tour, de mettre à jour la logique des reports entre premier et second tour et de mieux comprendre les déterminants du vote des Français.
Les reports de voix : plus de 30% des électeurs de F. Bayrou et de M. Le Pen ont voté blanc, ou n'ont pas voté, au second tour.
Les reports de voix qui ont assuré la victoire du candidat socialiste sont très proches de ceux qui ont été mesurés tout au long de l'entre deux tours. L'électorat de Jean-Luc Mélenchon s'est particulièrement bien reporté sur François Hollande, à 80%. Le candidat socialiste capte 27% de l'électorat F. Bayrou du premier tour (contre 40% à Nicolas Sarkozy, et 33% de votes blancs et d'abstention). Enfin, si l'électorat lepéniste s'est majoritairement reporté sur l'ancien président de la République (50% contre 13% à Hollande et 37% de votes blancs et d'abstention), cela s'est fait dans des proportions insuffisantes pour lui permettre de renverser le rapport de force politique issu du premier tour.
L'électorat de François Hollande.
François Hollande est largement majoritaire au sein de la France active et âgée de moins de 60 ans. Il réalise ses meilleurs scores auprès des 18-24 ans, (57%), des 25-34 ans, (62%), des salariés (52% dans le privé, 65% dans le public), des chômeurs (62%) et des bas revenus (59%). Les électeurs de François Hollande l'ont choisi parce qu'il incarnait le changement (65%) et par "antisarkozysme" : 55% ont d'abord voté pour faire barrage à Nicolas Sarkozy alors que 45% l'ont fait avant tout parce qu'ils souhaitaient qu'il soit président. Dans le détail, l'électorat du premier tour de F. Hollande manifeste un vote d'adhésion (57% souhaitaient qu'il soit président) alors que les électeurs venus de J.L. Mélenchon (71%) et de F. Bayrou (75%) ont d'abord voulu faire barrage à Nicolas Sarkozy.
L'électorat de Nicolas Sarkozy
Par rapport à 2007, l'électorat de Nicolas Sarkozy lors de ce second tour se réduit au noyau traditionnel de l'électorat de droite. L'ancien président n'est ainsi majoritaire qu'auprès des plus de 60 ans (59%), des retraités (57%), des indépendants (61%), et des hauts revenus (56%). La stature (81% de citations) est le premier argument évoqué par les électeurs de Nicolas Sarkozy pour justifier leur vote.
Le moment du choix
Un quart des Français dit s'être décidé "ces derniers jours", après le second tour (25%) ou au tout dernier moment (2%), sans différence vraiment significative entre les électorats de François Hollande (25% se sont déterminés dans les derniers jours) et de Nicolas Sarkozy (29%).
L'opinion demeure pessimiste
Les difficultés commencent... L'élection de François Hollande ne modifie pas structurellement le climat de pessimisme qui prévaut dans l'opinion : 46% des Français pensent que la situation de la France va se dégrader dans les années qui viennent, 26% estimant à l'inverse qu'elle va s'améliorer et 28% qu'elle ne va pas changer. Les électeurs du candidat socialiste sont toutefois plus optimistes, 56% anticipant une amélioration de la situation du pays. Ceux de Nicolas Sarkozy, eux, sont logiquement massivement pessimistes (86%).
Le prochain premier ministre : Martine Aubry soutenue par l'électorat de gauche
Manuel Valls et Martine Aubry arrivent à égalité en tête des citations (26%) comme premier ministre souhaité de François Hollande, avec toutefois des structures de soutien très différenciées. Les sympathisants Front de Gauche (45%) et PS (39%) soutiennent majoritairement la maire de Lille alors que Manuel Valls obtient d'abord les faveurs des sympathisants Modem (38%) et UMP (37%).
Les prochaines législatives : les sympathisants UMP ne veulent pas d'un Front républicain contre le FN.
Les souhaits des Français sont équilibrés pour les prochaines législatives : 51% disent souhaiter une victoire de la droite et 49% un succès de la gauche.
En cas de triangulaire gauche, UMP et FN, 59% des Français se disent opposés à un accord de désistement mutuel entre le candidat de droite et celui du FN pour faire barrage à la gauche (41% d'avis contraire). L'électorat de droite y est en revanche majoritairement favorable puisque 70% des sympathisants UMP et 68% de ceux du FN se prononcent en faveur d'un tel accord de désistement.
Et en cas de duel gauche/FN au second tour, 50% des électeurs de l'UMP souhaitent que le candidat de droite éliminé au premier tour ne donne pas de consignes de vote pour le second tour, 34% préférant qu'il appelle à voter pour le candidat FN et 16% seulement qu'il appelle à voter pour le candidat de gauche. Le « Front républicain » n'est donc clairement pas une attente majoritaire au sein de l'électorat de droite. Il divise également l'électorat socialiste : en cas de duel droite/FN, 48% des sympathisants socialistes souhaitent que le candidat de gauche appelle à voter pour le candidat de droite, 48% préférant qu'il appelle à voter blanc.