Comprendre le vote des Français
L'abstention
Comme d'habitude, les plus forts taux d'abstention sont relevés
- chez les plus : 27% chez les 18-24 ans, 26% chez les 25-34 ans, 28% chez les 35-44 ans, contre 17% chez les 45-59 ans et 14% chez les "60 ans et plus".
- dans les catégories populaires : 29% chez les ouvriers, 32% chez les "sans diplôme", 34% dans les foyers dont le niveau de revenu mensuel est inférieur à 1200€
On ne note pas vraiment de mobilisation différentielle entre l'électorat de gauche (87% de participation) et de droite (91% chez les sympathisants UMP). Les raisons de s'abstenir le plus souvent citées sont le fait "qu'aucun candidat ne paraisse convaincant" (37%) et "que cela ne changera rien, quel que soit le résultat" (25%). Les abstentionnistes veulent aussi "exprimer leur mécontentement" (24%). 17% étaient simplement "absents le jour du vote".
Mobilisation
Les électeurs se sont d'abord mobilisés car ils considèrent que "l'enjeu de l'élection est très important pour la France" (50% de citations). 38% déclarent voter "à toutes les élections", 36% que "c'est un devoir civique, même si aucun candidat ne leur plaît vraiment". Les motivations "soutien" ("vous avez vraiment envie de soutenir un candidat qui vous plaît vraiment", 20%) ou "rejet" ("vous voulez empêcher qu'un des candidats passe le second tour", 15%, "vous voulez exprimer votre mécontentement à l'égard d'un candidat", 13%) sont moins souvent citées.
Les déterminants du choix
Si un électeur sur cinq a arrêté son choix "ces derniers jours" (12%), voire même "au dernier moment" (7%), la majorité s'est décidée "il y a quelques semaines" (19%) ou le plus souvent "il y a plusieurs mois" (62%).
Dans tous les électorats, "les enjeux nationaux et les problèmes qui se posent en France" sont les plus souvent cités comme les éléments qui ont déterminé le choix (84% de citations), devant "le programme des différents candidats" (58%). A noter aussi que "le bilan de Nicolas Sarkozy et du gouvernement" a beaucoup pesé : il est cité par 57% des électeurs.
Les Français ont aussi d'abord voté en pensant aux enjeux sociaux : "pouvoir d'achat" (46% de citations notamment à gauche), "crise économique et financière" (44%, notamment dans l'électorat de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou), "chômage" (30%), "inégalités sociales" (25%). L'électorat de Marine Le Pen se caractérise par le poids très fort qu'il accorde au thème de l'immigration (62%, pour 24% de citations sur l'ensemble de l'électorat), celui de François Bayrou met particulièrement en avant la question des déficits publics (43% pour 20% dans l'ensemble).
Sociologie et motivations des électorats
François Hollande
L'électorat de François Hollande se caractérise par son homogénéité. Il est en tête dans la plupart des catégories socio-démographiques testées, à l'exception des soutiens traditionnels de la droite, + de 60 ans, retraités, indépendants. Il obtient 30% des voix chez les salariés, 28% chez les personnes à leur compte ; 39% chez les sans diplômes, 31% chez les plus diplômés ("au moins bac +3") ; 30% dans la tranche de revenu la plus basse (revenu du foyer inférieur à 1200€), 31% dans la tranche la plus haute (revenu du foyer supérieur à 3000€) . Deux motivations principales chez ses électeurs : "l'incarnation du changement" (65%) et la stratégie de vote utile pour qu'il obtienne le meilleur score possible au premier tour (80%). François Hollande a convaincu 71% des électeurs de Ségolène Royal et 27% des électeurs de François Bayrou en 2007.
Nicolas Sarkozy
S'il reste en tête au sein des soutiens traditionnels de la droite, on observe tout de même un recul par rapport à 2007 : -8 points chez les retraités (33%), -2 points chez les artisans, commerçants, chefs d'entreprise (42%). Son électorat s'est prononcé d'abord en fonction de la stature du Président sortant (86% de citations). Mais Nicolas Sarkoy ne retrouve que 73% de ses électeurs du premier tour 2007, 13% ont préféré voté cette fois ci pour Marine Le Pen.
Marine Le Pen
Marine Le Pen est troisième chez les 18-24 ans (18%), assez loin derrière François Hollande (29%) et Nicolas Sarkozy (28%). Elle obtient en revanche le meilleur score chez les ouvriers (29%), devant François Hollande (27%). Sa candidature a attiré 13% de l'électorat 1er tour de Nicolas Sarkozy en 2007, et 9% de celui de François Bayrou. Les deux tiers de ses électeurs l'ont d'abord choisie parce "qu'elle répondait à leurs préoccupations" (67%). Elle est ainsi avec Eva Joly la seule candidate pour laquelle cette motivation est citée en premier.
Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon réalise ses meilleurs scores auprès des professions intermédiaires (14%), des salariés du public (14%), des chômeurs (19%) et des non diplômés (14%). Il récupère 15% des électeurs 1er tour de Ségolène Royal en 2007, et 8% des électeurs de François Bayrou. Au total, 23% des sympathisants de gauche ont voté pour lui, moins pour qu'il soit élu que par souhait que "ses idées pèsent dans le débat" (59% de citations).
François Bayrou
François Bayrou ne rassemble que 39% des électeurs qui l'avaient choisi en 2007. Il fait un peu mieux que son score moyen auprès des plus diplômés (12%), des personnes "à leur compte" (13%) et des "cadres et professions libérales" (12%).