Consommation: les Français pensent de plus en plus à épargner
Le baromètre européen de la consommation Ipsos-Sofinco dresse un état des lieux des dernières tendances de consommation dans les principaux pays européens. Les Britanniques se démarquent par leur optimisme, tandis qu''on enregistre une forte dégradation du moral des consommateurs français.
Le "moral économique" des Européens : dégradation en France et en Allemagne
La confiance des consommateurs européens dans la bonne marche économique de leur pays est en baisse. Si dans l'ensemble, 52% des personnes interrogées se déclarent optimistes (-5 points depuis mai), contre 44% de pessimistes (+5 points), le solde de confiance devient négatif chez les femmes (-2, contre +21 chez les hommes ) et au sein des foyers européens plus modestes (-1).Cette baisse de confiance est toutefois loin d'être uniforme au sein de l'espace européen. La Grande-Bretagne se démarque par son optimisme (69% des britanniques se déclarent "optimistes quand ils pensent à la situation économique de leur pays" contre 28% de pessimistes). Inversement, l'Allemagne, qui connaît une forte chute du moral de ses consommateurs, est aujourd'hui le seul pays à enregistrer un solde de confiance macroéconomique négatif (-20, 38% d'optimistes contre 58% d'inquiets). La France occupe une position médiane au sein de l'espace européen, en affichant une légère baisse de confiance (- 4 points depuis mai). Actuellement 52% des consommateurs français sont optimistes à l'égard de l'économie de leur pays, contre 44% de pessimistes. Néanmoins, les catégories ayant un solde de confiance négatif restent nombreuses : les femmes (solde de - 3), les catégories d'âge intermédiaires (- 14), mais aussi, de manière plus surprenante, les catégories les plus aisées : le pourcentage d'optimistes dans cette catégorie chute de 32 points, faisant passer - en quelque mois- le solde de confiance de + 59 à -2. La hiérarchie du "moral économique" des Européens n'est pas tout à fait la même quand on se concentre sur les variables microéconomiques, perception de l'évolution du niveau de vie et du pouvoir d'achat. Si l'on n'observe pas, au niveau européen, d'évolution notable de cet indicateur (61% d'européens -soit autant qu'en mai- se déclarent "optimistes quand ils pensent à l'évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat"), l'examen détaillé des différents pays européens révèle là encore des visions contrastées. Parmi les plus confiants on retrouve les Britanniques, en tête sur cet indicateur avec 67% d'optimistes, contre 29% de pessimistes, des taux similaires à ceux observés il y a 6 mois.
En seconde position, l'Italie compte 66% d'optimistes (+ 11 points en un an) contre 31% de pessimistes ( - 9 points en un an). La France fait figure de "lanterne rouge" européenne, avec 47% d'optimistes quant à "l'évolution de leur propre niveau de vie" (- 3 points depuis mai) contre 49% de pessimistes (+ 3 points). L'hexagone est d'ailleurs aujourd'hui le seul pays européen à afficher un solde de confiance micro-économique négatif (-2). De plus, les Français apparaissent également moins confiants que leurs voisins quant à la perception de l'évolution de leurs marges de manœuvres financières : 37% d'entre eux pensent ainsi qu'elles vont se détériorer dans les mois qui viennent contre 22% d'avis contraires. A part en Allemagne, où l'on enregistre également un solde négatif pour ce dernier indicateur les autres pays sont plus optimistes.
Les grandes tendances de consommation à venir
Au niveau de la consommation, la tendance européenne est à la stabilité. On enregistre peu de variations dans les différents pays européens sur les intentions de consommation. Au contraire, l'enquête confirme plutôt une plus forte propension à l'épargne de précaution.
Aujourd'hui, le tiers des Européens va essayer de mettre de l'argent de côté dans les semaines et les mois à venir. Parallèlement, un sur cinq à l'intention de différer les achats "plaisirs", 12% vont renoncer à une dépense précise ,11% fréquenteront moins les magasins, 10% déclarent vouloir reporter un achat important prévu de longue date, différer la souscription d'un crédit à la consommation ou encore limiter les sorties. La tendance est donc à l'épargne, notamment en France, qui semble globalement plus affectée dans les pratiques de consommation que les autres pays européens. Ainsi, 43% des Français interrogés ont l'intention, "d'essayer de mettre de l'argent de côté" et plus d'un sur quatre pense à "différer des achats".
On peut noter ici que le sentiment de pouvoir mettre de l'argent de côté influence le moral des consommateurs : ceux qui ont le plus de mal à épargner sont aussi ceux qui ont la vision la plus pessimiste de l'avenir économique de leur pays. La perception de l'inflation est un autre indicateur de tendance de consommation : l'Allemagne et la France, sont là aussi en décalage par rapport aux autre pays de l'enquête : 85% des Allemands et 80% des Français interrogés déclarent avoir "le sentiment que les prix des produits qu'ils achètent tous les jours ont augmenté par rapport à l'an dernier". Ces taux, en forte hausse depuis novembre 1999 (+23 points pour l'Allemagne, + 31 points pour la France), contrastent avec les niveaux orientés à la baisse en Grande- Bretagne (-14 points) et en Italie (-7 points) par exemple. La perception de l'évolution des prix diffère de la réalité économique, mais renseigne sur le moral des consommateurs.
Si la majorité des Européens n'a pas l'intention de modifier ses habitudes de dépenses, l'analyse du comportement des individus ayant l'intention de retarder ou de limiter certains achats, sur une liste de 11 secteurs testés, permet de dégager une hiérarchie des secteurs potentiellement les plus touchés. Ce sont les "voyages de vacances" (31% ), les dépenses "d'équipement audio-vidéo" (25%) ou encore "l'habillement, la mode" (25%) qui risque de pâtir en premier lieu d'un tassement de la consommation. Enfin, quelques semaines avant la mise en place de la monnaie unique, les opinions sur les avantages et les inconvénients de l'euro continuent de diverger. Les consommateurs français, les femmes en particulier, s'interrogent plus que leurs voisins sur les perturbations occasionnés par l'arrivée de l'euro, en anticipant les difficultés de la phase d'apprentissage. Les Allemands sont en revanche plus optimistes, une majorité d'entre eux voyant dans le passage à l'euro "plus d'avantages que d'inconvénients". Les Espagnols et les Italiens apparaissent pour leur part plus éloignés de cette problématique, avec des taux de non-réponse élevés (respectivement 36% et 29% de "nsp").
L'intégralité des résultats du baromètre européen des consommateurs Ipsos / Sofinco, détaillés selon une vingtaine de critères socio-démographiques et économiques, constitue une base de données d'opinions disponible moyennant un abonnement annuel spécifique.
Pour tous renseignements, contacter Xavier Guéroux ou Bertrand Chokrane, co-directeurs du pôle Corporate, Ipsos.