Consommation responsable : la poussée bio
Pour les Français, le bio, c’est d’abord cher. Mais quand on aime sa santé, sa planète et son assiette, on ne compte pas. Que l’on soit jeune ou pas, célibataire ou en famille, le bio rassure par les durs temps qui courent. Rémy Oudghiri, Directeur du département Tendances et Insights d’Ipsos Marketing, nous fait part de son analyse.
La crise actuelle n’est pas avare en paradoxes. Prenez le bio. Qui aurait parié que son offre résisterait à la tempête actuelle ? Et même, dans certains circuits, que sa part de marché s’envolerait ? Bien sûr, l’offre de produits bios s’est étoffée ces dernières années. Elle déborde désormais largement la sphère alimentaire. Mais ce n’est pas seulement une question d’offre. La demande est là, indéniable, et comme dopée par une crise qui suscite chez beaucoup un retour aux valeurs essentielles. A quoi correspond cet attrait pour le bio ? Quels sont les bénéfices qui lui sont réellement associés chez les consommateurs ? C’est tout l’objet de la dernière enquête réalisée en ligne par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine au mois de mai 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 500 Français.
Des valeurs plébiscitées en temps de crise
Première constatation : le succès actuel des produits bios ne les empêche pas d’être perçus comme particulièrement onéreux. Cela reste, et de loin, la première caractéristique à laquelle les consommateurs pensent quand on évoque le sujet. Pour 85% des personnes interrogées, quelque soit leur âge, les produits bios sont des « produits qui sont chers ». C’est le score le plus élevé de notre enquête ! Ensuite, on s’aperçoit que la notion de bio possède deux traits essentiels aux yeux des consommateurs : le respect de l’environnement d’un côté et le caractère « naturel » (sans produits chimiques, sans additifs…) de l’autre. Ces deux bénéfices recueillent chacun 73% des suffrages. C’est dire à quel point ils sont liés dans l’esprit des consommateurs. Deux autres valeurs se distinguent aussi dans la hiérarchie : les produits bios sont des « produits bons pour la santé » (68%) et ce sont des « produits de qualité » (65%). Toutes ces valeurs sont précisément celles qui ont le vent en poupe depuis quelques années et, singulièrement, depuis le début de la crise. Le succès du bio n’est donc pas surprenant car il correspond très exactement aux aspirations qui s’affirment aujourd’hui. Dans un contexte de méfiance généralisée, le bio rassure. La moitié des Français, soit 48% des personnes interrogées, déclarent que les produits bios « correspondent à leurs convictions ». Consommer bio est d’ailleurs pour 59% d’entre eux un comportement éthique et responsable.
Les marchés potentiels du bio
A noter : dans le domaine alimentaire, la guerre du goût semble être terminée. Pour 63% des Français en effet, les produits alimentaires bios sont des « produits qui ont du goût » et 51% disent en acheter... Nul doute que si la barrière du prix était levée (et l’offre élargie), ce chiffre bondirait… En revanche, dans d’autres secteurs, tout reste à faire. C’est le cas notamment dans l’univers des cosmétiques. Seulement un tiers des personnes interrogées pensent que les produits cosmétiques bios sont « efficaces », une lacune rédhibitoire sur ce marché. La même proportion pense que ce sont des produits qui « sentent bon ». Ces freins restent à lever pour assurer l’envol des marques de cosmétique naturelle. Dans quels secteurs justement le bio a-t-il le plus de potentiel ? Aujourd’hui, hormis l’alimentaire, deux autres secteurs sont plébiscités : l’entretien de la maison (liquide vaisselle, lessive…) et le jardin (engrais, insecticides…) : respectivement 36% et 31% des Français disent acheter des produits bios dans ces catégories. Parmi les intentions d’achat, les peintures murales se détachent (40% envisagent d’en acheter) ainsi que les jouets (38%). A noter le potentiel significatif (36%) pour les produits d’hygiène corporelle (36%) ainsi que pour le textile (36%).
L’un des enseignements les plus frappants de l’enquête réside dans la convergence de vue entre différentes catégories de la population : hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, parents et célibataires partagent aujourd’hui la même vision. Et si c’était ça, le vrai succès du bio ?
Depuis quelques années, une offre de produits bios est apparue dans de nombreux secteurs (alimentation, cosmétiques, textile, etc.).
Vous personnellement, achetez-vous des produits bios dans chacun des secteurs suivants?
(%) |
J'en achète |
Je n'en achète pas mais j'envisage de le faire |
Je n'en achète pas et je n'envisage pas de le faire |
Alimentation (fruits, légumes, féculents, boissons,...) |
51 |
24 |
25 |
Entretien de la maison (produit vaisselle, lessive,...) |
36 |
34 |
30 |
Jardin (engrais, insecticides, ...) |
31 |
35 |
35 |
Hygiène (gel douche, shampoing,...) |
21 |
36 |
43 |
Cosmétiques (crème pour le visage, ...) |
19 |
32 |
50 |
Textile (vêtements, draps,...) |
13 |
36 |
51 |
Peinture murale, d'intérieur |
11 |
40 |
50 |
Jouets |
10 |
38 |
52 |