Course à la Maison Blanche : Kerry repasse en tête
L'avantage dont disposait George W. Bush depuis la convention républicaine de New York s'est évaporé. Le dernier sondage Ipsos-Associated Press montre que le rapport de force s'est même inversé suite au premier débat télévisé entre les deux candidats, avec 50% d'intentions de vote pour le ticket Kerry/Edwards, contre 46% vers Bush/Cheney.
Avec 62 millions de téléspectateurs, l'audience du premier débat entre Bush et Kerry a été exceptionnelle. 72% des "likely voters" l'ont suivi intégralement, 10% en partie. John Kerry en est incontestablement sorti vainqueur, tant son image dans l'opinion s'en est trouvée renforcée : 40% des électeurs ont depuis une meilleure opinion de lui. Le bilan est moins bon pour George W. Bush, avec 2/3 de spectateurs qui gardent le même avis qu'avant, et surtout 27% pour qui l'image du Président s'est dégradée.
L'évolution des intentions de vote reflète cette tendance. Dans les quinze derniers jours, le score du ticket Kerry/Edwards a progressé de 5 points, grâce à l'élargissement du socle électoral démocrate. Les Seniors par exemple choisissent maintenant majoritairement Kerry (55% d'intention de vote, +19 points par rapport à l'enquête précédente réalisée fin septembre), de même que les électeurs ne se réclamant d'aucun parti (56%, + 15 points). Parallèlement, le soutien des "bas revenus" s'est renforcé (63%, + 16 points). Dans le même temps, l'avantage de George W. Bush chez les "ruraux" est tombé de 68 à 54%.
Plus globalement, les taux d'approbation de la politique du Président sortant sont également en baisse. A présent la majorité des Américains désapprouve le travail de George W. Bush en tant que Président (53% contre 46% d'avis contraire) ; 56% estiment que le pays est plutôt sur une mauvaise voie. Dans le détail, les avis sur la politique étrangère des Etats-Unis, la guerre contre le terrorisme et la situation en Irak ont également basculé dans le négatif ; 52% des "likely voters" s'accordent aujourd'hui à dire que l'intervention militaire en Irak était une erreur. L'avantage post-convention républicaine de Bush sur les questions économiques ou de politique intérieure a également disparu. Les avis défavorables l'emportent à présent, y compris dans les "battlegrounds states", ces Etats où la bataille s'annonce serrée et dont le résultat pèsera lourd dans le décompte final. On fait par ailleurs davantage confiance à Kerry en matière de création d'emplois (54% contre 40% pour George W. Bush). Mais l'emploi n'est pas la première préoccupation des Américains, pour qui la sécurité du pays reste le sujet numéro un. Et sur ce thème, George W. Bush reste plus crédible que son adversaire (51% contre 45% Kerry). Sa détermination plaide en sa faveur, une qualité que la majorité des Américains ne retrouvent pas chez Kerry.
La course reste donc serrée, et les trois dernières semaines de campagne s'annoncent passionnantes. D'ailleurs plus l'on se rapproche de l'échéance et plus l'intérêt pour l'élection grandi dans le pays. La participation au scrutin pourrait s'en ressentir. On relève en particulier une progression significative du nombre de "likely voters", qui représentent maintenant 61% du corps électoral (contre 54% fin septembre). L'augmentation du nombre de personnes s'intéressant de près à l'élection ne fait pas en revanche baisser les taux de fermeté du choix : seulement 4% des interviewés qui ont déclaré une intention de vote en faveur de Bush, et 7% de ceux qui ont choisi Kerry se réservent la possibilité de changer d'avis d'ici le 2 novembre. A titre de comparaison, en France en 2002, 40% des électeurs "certains d'aller voter" étaient encore hésitants la veille du premier tour.