Crise de confiance des consommateurs européens
Le baromètre Ipsos-Sofinco dresse un panorama complet du paysage européen de la consommation. La 18ème vague présente aujourd’hui un décrochage inédit et spectaculaire de la confiance économique des Européens, qui s'effondre tant au niveau macro que micro-économique. Les indicateurs de l'ensemble des pays testés dans cette étude, et en particulier ceux de la France et de l'Italie, sont orientés à la baisse ; la perception de l’euro se fait l’écho des inquiétudes et du mécontentement des consommateurs.
Une vague de pessimisme inédite depuis la mise en place du baromètre
L'indice européen de la consommation, qui synthétise l'ensemble des indicateurs de consommation traditionnels (confiance économique, envie de consommer, capacité à épargner) enregistre une baisse sans précédent au cours de cette vague (indice 103, - 7 points). Cette chute place l'indice à son niveau le plus bas depuis la création du baromètre en décembre 1996.
L'effondrement de cet indice est avant tout généré par une crise de confiance dans la situation macro-économique. En six mois, on observe sur cet indicateur un renversement de tendance complet. En mai 2002, 53% des Européens se déclaraient "optimistes quant à la situation économique de leur pays". Ils ne sont aujourd'hui plus que 41% (- 12 points) à éprouver ce sentiment, tandis que 57% (+ 14 points) se déclarent, à l'inverse, "pessimistes".
La confiance micro-économique subit elle-aussi un retournement de tendance. En mai dernier, 59% des Européens se déclaraient "optimistes quant à l'évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat". Six mois plus tard, un sur deux est toujours de cet avis (50%, - 9 points) mais une proportion presque équivalente (47%, + 10 points) s'inquiète.
Dernier signe d'un moral en berne, l'envie de consommer des Européens marque le pas : 62% (- 5 points) des sondés déclarent avoir "envi de consommer". Cette baisse est d'autant plus notable qu'elle concerne un indicateur relativement stable au fil des vagues, qui atteint aujourd'hui son plus bas niveau. Peut-être que cette baisse d'envie de consommer est générée par un sentiment de pression financière accrue : 55% des interviewés déclarent avoir le sentiment "de mettre de moins en moins facilement de l'argent de côté" (+ 5 points, niveau le plus haut jamais enregistré).
Une dépression qui gagne l'ensemble des Européens
Les dernières vagues du baromètre permettaient de souligner le contraste entre d'une part, les bonnes situations britanniques et françaises, et de l'autre, les difficultés de l'Allemagne et de l'Italie. Cette vague nuance assez fortement ce sentiment d'une Europe "à deux vitesses" : si l'Allemagne continue de s'enfoncer dans le pessimisme et si l'Italie témoigne d'une véritable hausse des prix à la consommation, la France , l'Espagne et la Grande-Bretagne sont aujourd'hui toutes trois touchées, à des degrés divers, par la morosité économique ambiante.
- L'Allemagne et l'Italie : des indicateurs de consommation en chute libre
L'Italie présente le "décrochage" le plus spectaculaire de la vague : en mai dernier, seul le potentiel de consommation présentait une situation vraiment en retrait. Il continue à baisser au cours de cette vague (71, - 13 points) - atteignant le niveau le plus bas jamais atteint par l'Italie sur cet indice. La pression des prix semble désormais se répercuter sur l'ensemble des indicateurs, qu'il s'agisse de l'indice de confiance économique (105, - 18 points), d'envie de consommer (116, - 8 points ) ou d'intentions de consommation (100, - 4 points). La hausse du sentiment de pression financière déteint largement sur la confiance macro-économique : 42 % seulement des Italiens se sentent aujourd'hui "optimistes quand ils pensent à la situation économique de leur pays" (61% en mai dernier).
L'Allemagne reste le pays le plus durement touché par cette vague de pessimisme. La chute de l'ensemble des indices de consommation enregistrée depuis 2000, qui s'étaient accélérée en mai dernier, se poursuit, entraînée par une crise de confiance sans précédent. L'indice de confiance économique (89) perd encore 14 points, pour une perte cumulée de 23 points en un an ; il est à son plus bas niveau depuis la création du baromètre. Même les catégories de population qui jusque là restaient plus optimistes que la moyenne rejoignent désormais l'opinion commune. Ainsi, les 25-34 ans ne sont plus que 15% (- 25 points) à se sentir "optimistes quant ils pensent à la situation économique de leur pays", alors qu'ils étaient encore 40% en mai dernier.
- La France, Le Royaume-Uni et l'Espagne : la fin de l'exception ?
En France, après l'amélioration observée au cours des deux dernières vagues, tous les indicateurs de consommation retombent aujourd'hui à des niveaux relativement similaires à ceux que l'on observait il y a un an.
Néanmoins, deux indicateurs présagent d'une baisse allant au-delà des effets saisonniers :
- pour la première fois depuis novembre 1998, le niveau de pessimisme dans la situation économique du pays (55%, + 18 points) l'emporte sur l'optimisme (43%,-18 points).
- l'indice de potentiel de consommation chute beaucoup plus fortement que les autres indicateurs (107, - 13 points), témoin du sentiment d'une forte pression des prix à la consommation. Ce sentiment se répercute largement sur la volonté d'épargne "puisqu'en cas d'une augmentation de leur revenu", 58% des Français déclarent qu'ils "mettraient cet l'argent de côté" (taux record).
L'Espagne est également gagnée par la morosité, avec des indicateurs orientés à la baisse. Si le solde d'optimisme dans la situation économique du pays reste positif (indice 4, -10 points), il aura tout de même perdu 17 points en 1 an.
La Grande-Bretagne reste nettement en tête des pays européens sur la plupart des indices de consommation et observe des décrochages d'une ampleur moins importante qu'ailleurs. La plupart des indicateurs sont quand même en baisse ; par exemple, 58% des Britanniques se déclarent aujourd'hui "optimistes quant à la situation économique de leur pays" contre 65% en mai dernier.
L'euro : la nouvelle monnaie européenne se fait plus que jamais l'écho des inquiétudes et du mécontentement
Si, deux mois après la mise en circulation de l'euro, on parlait déjà de succès, cette vague met largement en évidence le lien existant entre le climat économique et l'opinion portée sur la monnaie unique.
Une majorité d'Européens (56%, + 9 points) estime aujourd'hui que "l'euro présente plus d'inconvénients que d'avantages pour le consommateur", tandis que 34% (- 5 points) seulement défendent l'idée inverse. Neuf mois après le lancement de l'euro, on retrouve une situation comparable à celle observée il y a un an, à une évolution près : ceux qui, alors, refusaient de se prononcer (ils étaient 21% contre 10 % aujourd'hui), semblent avoir opté pour une opinion négative.
Sommaire de l'étude:
L'INDICE SOFINCO-IPSOS
- L'indice européen de la consommation
- L'indice de confiance économique
- L'indice de l'envie de consommation
- L'indice du potentiel de consommation
- L'indice d'intentions de consommation
RESULTATS DU BAROMETRE
QUESTION COMPLEMENTAIRE
LES CONSOMMATEURS EUROPEENS ET L'EURO