Crise de popularité pour les responsables de la majorité

Marquée par la crise économique, la vague de rentrée du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point est particulièrement défavorable pour la majorité. A part la cote du chef de l'Etat qui se maintient grâce au succès de son déplacement en Libye, la popularité de presque tous les membres du gouvernement et des principaux responsables de la majorité est en baisse. A l'inverse, les opposants de tous bords retrouvent du soutien.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur de département - Public Affairs
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Après la nouvelle dégradation des indicateurs économiques et l’annonce du plan d’austérité gouvernemental visant à réduire les déficits publics, la dernière livraison du baromètre Ipsos-Le Point présente un climat d'opinion particulièrement critique à l’égard de la majorité. En première ligne lors de l’annonce des mesures anti-déficit, les jugements favorables sur le travail de François Fillon reculent de 3 points par rapport au mois dernier, pour un solde d'opinion à nouveau négatif (44% d’avis favorables mais 48% d’avis critiques).
Surtout, la vague de mécontentement n'épargne presque aucun des membres de la majorité : Alain Juppé (48%, en baisse de 3 points), Frédéric Mitterrand (42%, -2 points), Nathalie Kosciusko-Morizet (32%, -7 points), Valérie Pécresse (31%, -5 points), Xavier Bertrand (30%, -6 points), François Baroin (29%, -5 points), Jean-François Copé (29%, -3 points), Luc Chatel (26%, -3 points), Roselyne Bachelot (26%, -7 points), Brice Hortefeux (20%, -5 points), Claude Guéant (19%, -4 points) sont tous pointés en baisse ! Même Christine Lagarde (51%, -4 points) et Michèle Alliot-Marie (33%, -4 points), pourtant moins présentes aujourd’hui sur la scène politique française, voient leur popularité se dégrader.
L'impact favorable de sa visite en Libye permet en revanche à Nicolas Sarkozy d'échapper à cette tendance, même si sa popularité, stable, est toujours très basse (35% d’opinions favorables contre 62% d'avis contraires). Le chef de l'Etat reste particulièrement impopulaire à gauche (seulement 15% d'avis favorables, -3 points), mais il progresse dans son propre camp, pour atteindre son meilleur score depuis juillet 2010 (84% d'avis favorables auprès des sympathisants UMP, +3 points, dont 17% d’avis très favorables, en hausse de 5 points en un mois). A 31%, Nicolas Sarkozy gagne également 9 points chez les sympathisants du Front National.

Les difficultés de la majorité semblent pour une fois susceptibles d'être capitalisées par les opposants, quelle que soit leur sensibilité politique. A gauche, on enregistre ainsi 54% de bonnes opinions pour François Hollande, qui redevient la personnalité politique préférée des Français. Le candidat à l’investiture socialiste pour la Présidentielle 2012 se hisse aussi en tête du palmarès établi par les sympathisants du PS (80% de jugements favorables, +11 points), ce qui ne lui était encore jamais arrivé. Il devance aujourd'hui d'un point Martine Aubry (79%), elle aussi en progression dans son camp (+4 points) et stable sur l'ensemble de l'échantillon (47% d’opinions positives, 45% d’avis critiques). La médiatisation de la primaire du Parti Socialiste profite également aux autres candidats, et en particulier à Manuel Valls (35%, +4 points) et à Arnaud Montebourg (32%, +6 points), qui réalisent leurs meilleurs scores depuis leur entrée dans ce baromètre en mai 2007. Ils devancent même aujourd'hui Ségolène Royal, dont la popularité auprès des Français (31% de jugements favorables) est inchangée par rapport au mois dernier.
Mais la prime à l'opposition dépasse le cadre de la primaire socialiste, et semble concerner tous les adversaires politiques de la majorité. On enregistre ainsi un nouveau rebond de popularité pour Marine Le Pen, qui retrouve 29% d'avis favorables (+4 points). Vu la tendance globalement baissière du baromètre, la petite progression de Cécile Dufflot (28% d'avis favorables, +1), voire même la stabilité de la cote de Jean-Luc Mélenchon (25%, inchangé) peuvent aussi s'interpréter positivement. Enfin au centre, François Bayrou figure également dans le petit groupe des personnalités en hausse (38%, +2 points). On notera au passage que ce n'est le cas ni de Jean-Louis Borloo (47%, -4), ni d'Hervé Morin (23%, -7), toujours considérés dans l'opinion comme proches du gouvernement. Malgré sa relaxe dans l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin ne profite pas non plus de cette dynamique favorable aux opposants de la majorité présidentielle : l’ancien Premier ministre ne recueille que 32% de jugements favorables, en recul d’un point par rapport au mois dernier.

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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