Crise économique, vers une mutation profonde et durable de la société

Tel est l’un des principaux enseignements du sondage réalisé par Ipsos pour Lire l'Economie et Le Monde à l'occasion de la 15èmeJournée du livre d'Economie qui se tient jeudi 12 décembre à Paris. Les Français ne croient pas au retour de l'industrie dans le pays et prévoient une progression des secteurs des services, de l’énergie et des nouvelles technologies dans l’économie française.

Un pessimisme marqué

Le pessimisme prévaut dans l’opinion française sur la situation économique de la France. Les difficultés que le pays peine à surmonter (chômage, croissance faible, pouvoir d’achat en berne) alimentent l’idée selon laquelle la France est aujourd’hui en déclin. 74% des Français sont de cet avis, et parmi eux, beaucoup considèrent que cette tendance ne devrait plus s’inverser. Pour près d’un Français sur trois (31%), le déclin de la France est en effet inéluctable. Cette idée est très présente chez les employés (39%), les ouvriers (41%), ainsi que chez les sympathisants du Front national (47%).

 

Une société en mutation

Dans ce contexte, les Français s’interrogent sur la pérennité de secteurs d’activité qui naguère ont été d’importants vecteurs de croissance. C’est particulièrement le cas pour l’agriculture (71% des Français pensent que son rôle dans l’économie française va diminuer) et l’industrie (66%). Face à ces baisses, d’autres secteurs économiques pourraient néanmoins prendre le relais. Pour 47% des personnes interrogées, les services vont jouer un rôle de plus en plus important dans les années qui viennent, 49% sont du même avis pour l’énergie et 67% pour les nouvelles technologies.

On assiste actuellement en France à une transformation radicale du système économique. Il s’agit pour une majorité de Français (64%) non pas d’une crise, mais d’une mutation profonde et durable de la société, contre 36% pour qui c’est une crise importante, mais comme la France en a connu au cours des dernières années.

 

Les leviers de croissance vus par les Français

Les Français se font peu d’illusions sur les marges de progression du taux de croissance en France. Si certains sont peut-être nostalgiques de la période des Trente Glorieuses, une très large majorité (80%) estime que des taux de croissance de 3% à 4% étaient tout à fait exceptionnels en France et qu’il faut aujourd’hui plutôt s’habituer à une croissance faible.

Pour autant, des éléments permettant de favoriser la croissance existent, et dans ce domaine, les Français soulignent le rôle important notamment de l’innovation technologique, de la qualité du système scolaire, du coût de l’énergie. La difficulté tient à la place qu’occupe la France sur ces différents facteurs de croissance. Pour les Français, le pays est mal placé sur un grand nombre d’items proposés dans le questionnaire de l’enquête. En croisant l’importance pour la croissance d’une manière générale et la place de la France dans chaque domaine, on obtient un mapping des principaux freins et atouts de la croissance française vus par les Français. Les domaines les plus importants sur lesquels la France est mal placée sont la fiscalité des ménages, la motivation des salariés, le coût de l’énergie et la qualité du système scolaire. A l’opposé, les atouts de la France sont l’innovation, les infrastructures de transport et son modèle social, témoignant au passage de l’attachement des Français à ce dernier.

 

La valeur de l’Euro en question

Pour les Français, la monnaie unique européenne est un élément qui d’une manière générale contribue à favoriser la croissance économique (66% des Français le pensent). Cependant, l’Euro est jugé moins important que la plupart des autres éléments proposés (en 15ème position parmi 16 items testés). La valeur de l’Euro et son impact sur l’économie française est de plus en plus critiquée : pour 60% des Français « l’Euro fort » est plutôt un inconvénient pour la croissance, contre 40% pour qui c’est plutôt un atout.

 

Qui pour relancer la croissance ?

Dans le contexte actuel marqué par une profonde défiance et un puissant mouvement de repli de l’opinion publique, les Français ne font aujourd’hui confiance à aucun acteur pour relancer la croissance économique, sinon à eux même (54% de citations dans une liste de dix acteurs). Les entreprises sont également citées (par 43% des personnes interrogées). Le personnel politique de droite ou de gauche l’est très peu, tout comme l’Etat ou les collectivités locales, l’EU ou les syndicats patronaux et de salariés.

La crise fait bouger les lignes sur l’intervention de l’Etat dans l’économie. L’opinion, qui attendait traditionnellement beaucoup des pouvoirs publics en matière d’économie parait aujourd’hui beaucoup plus nuancée. 59% des personnes interrogées estiment qu’il faut limiter au maximum le rôle de l’Etat dans l’économie française et donner aux entreprises le plus de liberté possible, contre 41% pour qui il faut renforcer son rôle dans certains secteurs jugés porteurs ou stratégiques. Les opinions sur le degré d’intervention de l’Etat sont très clivées. Les sympathisants de droite sont très opposés à l’interventionnisme (à 82%) tandis que les sympathisants de gauche y sont majoritairement favorables (à 68% contre 32%).

 

Avec quelles mesures ?

Dans la situation actuelle, les Français ont le sentiment qu’on leur demande toujours plus de sacrifices. La pression fiscale a crispé une grande partie de l’opinion. Dans ce contexte, la réduction des dépenses est un exercice particulièrement périlleux. Même si cela devait améliorer la situation économique de la France, les Français s’opposent à une baisse des pensions de retraites (la jugeant ni efficace ni souhaitable à 80%) tout comme à une baisse des dépenses liées à l’éducation et à l’enseignement scolaire (à 62%) ou au déremboursement d’un nombre importants de médicaments (à 54%). Ils sont en revanche favorables à la mise sous conditions de ressources des allocations familiales (efficace et souhaitable pour 68%).

Sur certaines mesures, les opinions sont très clivées politiquement. Par exemple, les sympathisants de gauche jugent ni efficace et ni souhaitable la réduction du montant des allocations chômage (à 44% alors qu’elle l’est pour 54% des sympathisants de droite), la baisse des services publics (à 57% alors qu’elle l’est pour 43% des sympathisants de droite). La baisse des dépenses publiques pourrait bien être le prochain « casse-tête » du Gouvernement.

Lire l’article consacré à cette enquête sur lemonde.fr


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