Crise : pour 70% des Français, le plus gros reste à venir

L’enquête réalisée par Ipsos pour le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et Lire la Société montre que la majorité des Français ne voient pas la sortie de crise annoncée. Ils considèrent par ailleurs que le système économique international est d’abord influencé par les multinationales et les marchés financiers, avant les organisations économiques mondiales, les institutions européennes et les gouvernements.

La gouvernance économique mondiale vue par les Français : une influence prépondérante des multinationales et des marchés financiers, un poids limité pour le secteur associatif

Invités à se prononcer au sujet de l’influence de différents acteurs du système économique à l’échelle internationale, les Français dressent un constat sans appel. 
Ils désignent les grandes entreprises multinationales et les marchés financiers comme les acteurs ayant aujourd’hui la plus grande influence au sein de la gouvernance économique mondiale. Le poids des multinationales et des marchés financiers est en effet perçu comme important par 85% et 83% des répondants. Pour respectivement 41% et 45%, il est même « très important ».
Le rôle des acteurs institutionnels est également perçu comme considérable : la plupart des personnes interrogées estiment en effet que les organisations économiques mondiales (75%), les institutions européennes (72%) et les Gouvernements (68%) ont une influence importante. 
Trois Français sur quatre (74%) jugent qu’il en est de même à propos des actionnaires.
En revanche, les Français se montrent sceptiques quant au poids du tissu associatif : seuls 51% considèrent que les associations de consommateurs ont un rôle important dans le fonctionnement du système économique à l’échelle internationale. Le rôle des Organisations Non-Gouvernementales (ONG) est quant à lui jugé peu important par 56% des Français.

Notons que le crédit accordé aux acteurs financiers et institutionnels croît avec la catégorie socioprofessionnelle des répondants. Le poids des acteurs institutionnels est perçu comme sensiblement plus fort parmi les sympathisants de droite que dans les rangs socialistes. 
A l’opposé, les moins de 25 ans et les plus modestes (traditionnellement plus défiants à l’égard de l’action politique et institutionnelle) sont les plus convaincus de l’influence du milieu associatif dans le fonctionnement du système économique international.

Panorama des puissances économiques dans 20 ans : l’Asie en plein essor tandis que l’Europe et les Etats-Unis stagnent

Pour une majorité de Français, le rapport de forces entre les différentes puissances économiques aura sensiblement évolué dans 20 ans. 
L’essor de l’Asie semble ne faire aucun doute à leurs yeux : 82% des Français s’attendent en effet à ce que sa puissance économique augmente au cours des 20 prochaines années. Ce constat doit cependant être nuancé, le continent asiatique rassemblant des pays aux situations économiques très disparates : ainsi, bien plus que celle de l’Asie dans sa globalité, c’est surtout la Chine qui devrait vraisemblablement voir sa puissance s’accroître de manière considérable. Ce scénario paraît moins probable pour d’autres pays, comme par exemple le Japon qui après 40 ans de croissance ininterrompue, avait vu son essor s’arrêter au cours de la décennie précédente.
Respectivement 48% et 44% des Français pensent que la puissance économique de l’Amérique Latine (le Brésil et l’Argentine notamment) et du Moyen-Orient (avec les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite comme chefs de file) devrait plutôt augmenter dans les 20 prochaines années.

Les Français se montrent en revanche plus partagés quant à l’évolution de la puissance économique de l’Afrique, des Etats-Unis et de l’Europe. 
Ainsi, 44% d’entre eux pensent que la puissance de l’Afrique restera à peu près stable, 27% qu’elle va plutôt augmenter et 24% qu’elle va plutôt diminuer.
De même, 52% des répondants s’attendent à ce que la puissance économique américaine évolue peu, les autres étant partagés entre un accroissement (23%) et un recul (21%) de son influence.

Le cas de l’Europe semble soulever une pointe d’inquiétude : si 49% des Français pensent que sa puissance économique restera inchangée, près d’une personne sur trois (29%) estime qu’elle aura plutôt tendance à s’effriter. Seuls 19% des Français escomptent un renforcement de l’Europe en tant que puissance économique.

Des Français circonspects à l’égard du G20

Le G20 est perçu par 51 des Français comme une organisation permettant aux pays émergents de davantage peser dans les décisions, tandis que 45% sont d’un avis contraire.
Les avis deviennent plus critiques lorsque l’efficacité du G20 et la confiance qu’il inspire sont évoquées. 
En effet, seuls 39% des sondés déclarent avoir confiance dans cette organisation pour veiller à la stabilité du système financier mondial (57% ne lui font pas confiance, dont 27% « pas du tout »). De même, à peine plus d’un Français sur trois (35%) considère que le G20 améliore réellement les choses au niveau de l’économie mondiale, tandis que 61% pensent le contraire.
Notons que les moins de 35 ans et, logiquement, les sympathisants socialistes se montrent les plus critiques à l’encontre du G20. Par exemple, seuls 43% des moins de 35 ans (contre 55% des plus de 35 ans) ont le sentiment que le G20 permet aux pays émergents de davantage peser dans les décisions. De même, seuls 30% des sympathisants socialistes (contre 61% des sympathisants UMP) ont confiance dans le G20 pour veiller à la stabilité du système financier mondial.

Le niveau de la dette publique française est majoritairement perçu comme un problème à régler d’urgence

Une majorité de Français s’accorde sur la nécessité de réduire rapidement la dette publique française : 52% d’entre eux pensent en effet qu’il s’agit d’un problème grave qu’il faut régler d’urgence. 
Pour 43%, la dette est un sujet de préoccupation important, mais qu’on a parfois tendance à exagérer. Seuls 5% des sondés estiment que ce sujet n’est pas vraiment préoccupant.
L’inquiétude est particulièrement forte chez les hommes (54% jugent que ce problème doit être réglé d’urgence), les plus de 35 ans (55%) et les sympathisants UMP (60%). 
Les plus jeunes se montrent pour la plupart préoccupés mais pas inquiets à propos de la dette publique française : 61% des 15-19 ans jugent que ce sujet est important, mais qu’on a parfois tendance à l’exagérer.

Globalement pessimistes quant à la sortie de crise et aux délocalisations industrielles, les Français gardent cependant l’espoir qu’une partie des entreprises délocalisées reviendra s’installer sur le territoire national

A l’heure où les analystes économiques entrevoient les signes d’une – timide – reprise économique, le pessimisme demeure dans l’esprit des Français. 
En effet, 70% d’entre eux pensent que le gros de la crise reste à venir, tandis que 27% jugent au contraire qu’il est derrière nous.
Soulignons que l’inquiétude croît avec l’âge et parmi les plus modestes.

La préoccupation prédomine également, mais dans une moindre mesure, concernant les délocalisations industrielles survenues au cours de ces dernières années : 59% des Français craignent que ce processus ne s’accentue, 38% jugeant quant à eux que cela devrait maintenant se ralentir. Contrairement à la crise, les délocalisations suscitent davantage d’inquiétude parmi les plus jeunes que chez les plus âgés.

Un motif d’espoir transparaît cependant à la lecture des résultats de cette enquête : la majorité de l’échantillon (52%) pense qu’une partie des entreprises délocalisées pourrait revenir s’installer en France à moyen terme, même si la prudence est de mise (seuls 13% déclarent que cela se produira certainement).
L’âge apparaît comme un facteur particulièrement clivant sur cette question, les plus âgés se montrant bien plus optimistes que les plus jeunes : 57% des plus de 35 ans s’attendent à la relocalisation d’une partie des entreprises concernées, contre seulement 40% des moins de 35 ans.
Cette différence s’explique peut-être par le fait que la majeure partie des moins de 35 ans ait débuté sa carrière professionnelle après le début des vagues de délocalisations. Il est possible que ces derniers perçoivent les délocalisations comme une composante à part entière et irréversible du marché du travail tel qu’ils l’ont toujours connu depuis leur entrée dans la vie active.


Fiche technique :

1006 personnes interrogées les 12 et 13 novembre, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Auteur(s)

  • Brice Teinturier, Directeur Général Délégué France, Ipsos
    Brice Teinturier
    Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)

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