Des actionnaires europhiles mais attentistes

Une enquête Ipsos réalisée auprès des actionnaires allemands, anglais et français pour W&Cie montre que les porteurs d’actifs sont très largement favorables à l’euro mais tentés par un certain attentisme. Cette étude met également en lumière l’importance que les actionnaires accordent à l’information qui leur est fournie.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les actionnaires européens ont beau être, à une très large majorité, favorables à la monnaie unique, ils n’en sont pas moins plutôt méfiants à l’égard de ses conséquences financières immédiates. Au stade actuel, l’attentisme domine. C’est le résultat le plus surprenant de l’enquête Ipsos réalisée pour W&Cie dans trois pays européens. Par rapport à il y a six mois, une majorité absolue " d’euro-actionnaires " (51%) ont plutôt moins envie d’acheter des actions de société cotées de la zone euro. Les actionnaires allemands apparaissent comme les plus affectés (55% ont plutôt moins envie contre 24% déclarant avoir plutôt plus envie), suivis des Britanniques (52% contre 21%). C’est auprès des actionnaires français que l’envie d’achat d’actions de sociétés cotées de la zone euro est la moins diminuée (44% ont plutôt moins envie d’en acheter contre 37% ayant plus envie). Les actionnaires réalisant un grand nombre de transactions sont les seuls à avoir une envie plus importante qu’il y a six mois d’acheter des actions (51% ont plutôt plus envie contre 30% moins envie). La perception de l’euro influence fortement l’envie d’acheter des actions de sociétés cotées. En effet, 74% des actionnaires ayant une vision négative de l’euro ont plutôt moins envie d’en acheter, alors qu’ils ne sont plus que 43% parmi les actionnaires ayant une vision positive de l’euro.

Les actionnaires français sont les plus nombreux à porter un jugement positif à l’égard de la monnaie unique européenne : 74% d’entre eux pensent que c’est une bonne chose. Les actionnaires allemands ont aussi une image largement positive (70% de citations positives). A l’inverse, les actionnaires britanniques sont nettement plus partagés : seulement 39% pensent que la monnaie unique européenne constitue une bonne chose contre 32% déclarant que c’est une mauvaise chose. Ces résultats confirment des enseignements d’autres enquêtes qui montrent qu’en France et surtout en Allemagne, les actionnaires se révèlent nettement plus " europhiles " que les non-actionnaires. En revanche, en Grande Bretagne, l’image de l’euro ne permet pas de distinguer ces deux populations (et reste moins bonne que dans les deux autres pays). On retrouve au sein des différentes catégories d’actionnaires les catégories de soutien à l’euro traditionnelles : les plus jeunes (72% des 18-24 ans pensent que c’est une bonne chose) et les revenus supérieurs (58%). Parallèlement, plus les euro-actionnaires réalisent des transactions plus leur vision de l’euro est positive : 57% déclarent que la monnaie unique européenne est une bonne chose auprès de ceux réalisant moins de 3 transactions par an, 64% chez ceux qui se situent entre 3 et 10 transactions et enfin 77% pour les plus de 10 transactions.

Les Européens détenteurs de valeurs mobilières considèrent que la performance financière de l’entreprise (36% de citations) est le critère le plus important pour acheter des actions. Vient ensuite la qualité des produits et services de l’entreprise (20%), suivie de la clarté de la stratégie de l’entreprise (12%) et de la qualité de l’information financière de l’entreprise (9%). La qualité de ses dirigeants (7%) et son éthique (4%) recueillent des niveaux de citations plus faibles.Si cette hiérarchie reste identique auprès des différentes catégories sociodémographiques d’actionnaires européens interrogés, elle varie cependant en fonction des différents pays étudiés et du type d’actionnaire. La performance financière (51%) domine nettement les autres critères en Grande Bretagne. Les actionnaires français restent proches de la hiérarchie européenne. En revanche, les Allemands identifient la qualité des produits et services de l’entreprise (29%) comme le critère le plus important, suivie de la performance financière (21%) et de la clarté de sa stratégie (20%).

Analysée dans le détail, la qualité de l’information financière sur les entreprises constitue un élément important pour la prise de décision d’achat d’action pour plus de huit interviewés sur dix dans l’ensemble des pays étudiés. L’analyse des personnes déclarant qu’elle constitue un élément très important pour la prise de décision d’achat d’action place les actionnaires britanniques (61%) en tête, suivis des actionnaires allemands (57%) et dans une moindre mesure des français (39%). C’est auprès des actionnaires ayant un portefeuille de 50 000 à 200 000 Francs (63% de très important) et des actionnaires réalisants le plus grand nombre de transactions (73%) que la qualité d’information est la plus prégnante.

Le fait de disposer d’un résumé du rapport annuel dans sa propre langue pour les entreprises dont ils sont actionnaires constitue un élément important pour plus des trois quarts des " euro-actionnaires " interviewés (78%). Ici aussi, l’analyse des personnes déclarant que c’est un élément très important place les Britanniques (56%) en tête, Viennent ensuite les Français (47%) pour qui cet élément apparaît plus important que la qualité de l’information financière analysée précédemment et dans une moindre mesure les Allemands (36%). Les actionnaires les plus attentifs à l’égard des rapports dans leur propre langue sont les titulaires de portefeuilles de plus de 200 000 Francs (53%).

Enfin, la présence de plus en plus significative de fonds d’investissement et de fonds de pension dans le capital des entreprises est perçue comme une bonne chose par plus des trois quarts des " euro-actionnaires " interviewés (76%). C’est en Allemagne que ce jugement est le plus favorable (88% des Allemands estiment que c’est une bonne chose), suivis des actionnaires anglais (72%) et français (64%).

Quelles sont les entreprises qui informent le mieux leurs actionnaires ? Daimler Benz (25% de citation au plan européen) arrive en tête de ce palamarès suivie de France Télécom (15%). Viennent ensuite Volkswagen à égalité avec Siemens et British Telecom (9%) puis de SAP, à égalité avec Deutsche Bank et BASF (6%). Les autres sociétés cités recueillent des scores inférieurs à 5% au total. Cependant cette moyenne européenne masque un classement radicalement les différences d’un pays à l’autre. Parmi toutes les sociétés citées, aucune ne figure dans le " Top ten " de deux pays différents. Ainsi en Allemagne : Daimler Benz recueille un niveau record de citation (53%) suivie de Volkswagen à égalité avec Siemens (19%), SAP (14%), BASF à égalité avec Deutsche Bank (12%) puis Bayer (10%), BMW et Deutsche Telekom (8%), Hoechst (6%) et Lufthansa (5%).

En France, France Télécom arrive nettement en tête avec 52% de citations (largement dû à la campagne de communication de la deuxième vague d’ouverture du capital), devançant la BNP (11%), Air Liquide (10%), Elf Aquitaine (9%), Nestlé (8%), Vivendi et la Société Générale (7%). Viennent ensuite Bouygues (6%) et Michelin à égalité avec Alcatel, Paribas et Eurotunnel (5%). En Grande Bretagne, British Telecom (31%) devance largement Abbey National (15%), Marks & Spencer à égalité avec British Gas (10%), British Petroleum et Halifax (9%), Shell et la Lloyds (8%), ICI (7%), La Barclays Bank (6%), Nation Wide et Virgin (5%).

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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