Des Français très européens

L'enquête réalisée par Ipsos pour LCI et Le Point montre que les Français restent très attachés à la construction européenne. Majoritairement favorables à l'élargissement à 25 pays, à l'élection d'un Président de l'Union par tous les Européens, ils sont plus d'un sur deux à vouloir que le rythme s'accélère.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les divergences sur la guerre en Irak n'ont pas entamé la confiance des Français dans l'avenir de l'Europe. Comme en 2001, la moitié des Français souhaite que "le rythme de la construction européenne s'accélère", 29% qu'il "reste le même qu'aujourd'hui". A la marge, un peu moins d'une personne sur dix militent en faveur d'un ralentissement. Les jeunes, les hauts revenus et les personnes dont le niveau d’instruction est élevé sont les plus enthousiastes.

"La création d'une justice européenne" est la proposition la plus souvent retenue comme nouveauté qui s'avérerait décisive dans l'avènement d'une nouvelle Europe (40% de citations). "La mise en place "d'un régime d'impôts commun à tous les pays" est cité par 28% de l'échantillon. Les autres mesures proposées obtiennent des scores comparables, retenues comme des avancées potentielles décisives par environ une personne sur cinq à chaque fois: "une diplomatie européenne commune", "la création d'une police européenne", "la constitution d'un gouvernement européen issus des élections européennes", "l'élection d'un président européen au suffrage universel", "la création d'une armée européenne". A noter que l'item le moins souvent cité comme avancée potentielle décisive est "l'avènement d'une constitution", pourtant débattu actuellement.

Concernant les modalités de la prise de décision au sein des instances européennes, les Français restent très partagés : 48 % privilégient un système où "les décisions seraient prises à la majorité des Etats membres, même si cela signifie dans certains cas que la France peut se trouver en minorité". A l’inverse, ils sont 46% à préférer que les décisions soient prises "à l’unanimité des Etats membres, même si cela risque de bloquer ou retarder certaines décisions". Une majorité plus nette de deux Français sur trois se déclare en revanche favorable à l’élection d’un président de l’Union européenne par l’ensemble des Européens (souhait aussi fort auprès des sympathisants de gauche que de ceux de droite).

La majorité des Français ne craint pas l'arrivée des 10 nouveaux pays prévus pour l'année prochaine. Si un référendum était organisé aujourd'hui, 53% voteraient pour l'Europe à 25 (61% chez les sympathisants de gauche), contre 43% d'avis contraire (plutôt à droite, à l'extrême droite, et chez les hauts revenus).
Pour plus d'un Français sur deux, accueillir 10 nouveaux Etats membres signifie d’abord conforter l’une des missions historiques de l’Europe en renforçant "la stabilité et la paix sur le continent". On attend aussi de l'élargissement "de nouveaux débouchés pour les entreprises françaises" (52 % de citations également). Dans la liste des arguments qui militent en faveur de l'élargissement, le contrepoids que pourrait représenter "une Europe à 25 face aux Etats-Unis et au Japon" est encore choisi par 44 % des personnes interrogées.
Ces espoirs ne doivent cependant pas masquer les craintes suscitées : un Français sur deux redoute "le coût financier qu'un tel élargissement supposera pour les économies des pays actuels" ; 43 % craignent "un afflux d’immigrés provenant des nouveaux Etats membres" et 41 % "une perte d’identité d’une Europe devenue trop vaste".

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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